Teatro La Fenice de Venise

Beauté divine
Photo ©Michele Crosera
Si vous allez à Venise, allez découvrir le Teatro La Fenice, salle d’opéra mythique et l’une des plus étonnantes au monde. 
L’entrée dans la somptueuse salle ovale est une émotion artistique inoubliable. Il faut rester assis quelques instants pour contempler la stupéfiante beauté de sa reconstruction achevée en 2003. 


Le phénix, les ors et les pastels,
symboles de la Fenice
 
Comme partout à Venise, on est dans le merveilleux. Et pour apprécier la puissance du lieu, il faut connaître l’histoire spectaculaire de sa beauté tragique. Comme le phénix dont il porte le nom, le Teatro La Fenice renaîtra deux fois de ses cendres. Il est détruit une première fois par un incendie en 1836. Comme bien des théâtres de l’époque, l’éclairage au gaz enflammant les décors est à l’origine du drame. Après l’incendie du 29 janvier 1996 - criminel celui-là - l’opéra se résume à une façade et trois murs. Des mélomanes en deuil viennent déposer des gerbes de fleurs sur les gravats calcinés. Une odeur âcre de brûlé envahit la ville entière. Personne n’ose y croire mais dès le lendemain, on promet sa construction "Dov'era, com'era", "comme il était, où il était". 

Concert Wagner avec Jonas Kaufmann

Attrait de génies !

Jonas Kaufmann et Christian Thielemann
Concert de Dresde le 21 mai 2013
Photo © Matthias Creutziger 
21 mai 2013: le concert de Dresde est riche de sens dans la célébration du bicentenaire de la naissance de Richard WagnerAvec ce compositeur allemand, l’opéra atteint des sommets d’intensité musicale, et aujourd’hui, qui d’autre que Jonas Kaufmann peut chanter avec autant d’évidence et d’intensité les plus belles pages de Wagner. C’est à Dresde que le compositeur obtiendra la reconnaissance de son talent et c’est le 21 mai qu’il est né il y a deux cents ans.  

Attrait de génies, car on sent la fascination et la passion de l’interprète pour le compositeur. Jonas Kaufmann enchantera le public avec trois grands airs d'œuvres de Wagner composées à Dresde: Rienzi, Tannhäuser et Lohengrin. Avec l’éclat de sa voix, la magie du souffle, l’incarnation sensible et intelligente du texte et sa grande force d'interprétation, le plus merveilleux interprète de Wagner actuel réussit à émouvoir à chaque fois.

La Donna del Lago au Royal Opera House

Acrobaties vocales pour un duo de choc

Joyce di Donato et Juan Diego Florez
Photo ROH © Bill Cooper  
20 mai 2013: une très grande soirée de chant pour cette représentation de la Donna del Lago de Rossini au Royal Opera House de Londres. 

Juan Diego Flórez est inouï du début à la fin et libère sa voix avec une aisance déconcertante. La perfection des aigus, le velouté et le volume de la voix, tout est renversant, et il reste définitivement inégalable. L’aria où le ténor met en valeur tout son éclat vocal pour déclarer son amour à Elena est absolument déchirant. 
Joyce di Donato est une Dame du Lac radieuse au chant magnifique et maîtrisé, avec une grâce et une beauté incomparables dans le déploiement de ses trilles et vocalises. Elle aussi est exceptionnelle dans le paysage des artistes actuelles.

Le Metropolitan Opera revient au cinéma

Eugène Onéguine avec Mariusz Kwiecien & Anna Netrebko
Photo Lee Bromfield/Metropolitan Opera

New York en direct : Pour la 6ème année consécutive, le MET renouvelle les diffusions en HD dans les salles de cinéma Gaumont Pathé. Le programme de la saison 2013-2014 propose dix opéras dont quatre nouvelles productions. 

La signature du MET, ce sont des distributions qui affichent les plus grandes voix de la planète lyrique, et dans une même soirée ! Cette année, cinq productions devraient tenir leur promesse: Eugène Onéguine, Werther, Rusalka, Le Prince Igor et La Cenerentola

La Gioconda, pour la première fois à Paris


Photo La Gioconda © Antoni Bofill
Mai 2013: La Gionconda entre au répertoire de l’Opéra de Paris près de 140 ans après sa création à la Scala de Milan. Cet opéra d’Almicare Ponchielli sera son chef d’œuvre et son unique ouvrage  à connaître l’immortalité sur les scènes d’opéra jusqu'à nos jours.

Le rôle titre exige une voix capable d’aller dans les extrêmes et seules les plus grandes comme Callas, Caballé ou Tebaldi s’y sont illustrées. Ce soir, l’investissement et l’endurance de Violeta Urmana sont assez remarquables. Elle allie sa puissance à sa grande ampleur vocale, allant du grave assuré d’une mezzo aux aigus puissants d’une soprano. Son interprétation du redoutable aria «Suicidio!» est particulièrement impressionnante. Quand on pense que c’était l’air qu’avait choisi la débutante Maria Callas pour sa première audition aux arènes de Vérone ! 

Londres de choc !

Photo Royal Opera House
Mai 2013 : Manifestement Londres sait reconnaître les grands ténors et les attirer au Royal Opera House et dans ses salles de concert. 

En 2 mois, Jonas Kaufmann et Juan Diego Flórez offrent aux Londoniens  19 occasions de les entendre :  13 soirées d’opéra, 3 concerts, 1 Masterclass et 2 remises  de récompenses par la profession dont  le « New King of tenors Award».

L’Opéra de Paris doit être leur triangle des Bermudes !  J’ai estimé qu’il leur faudrait 10 ans pour rattraper le retard, et encore. Depuis Werther en saison 2009-2010, Kaufmann n’a pas rechanté une seule fois à Bastille et Flórez seulement deux fois sur la même période. Le ciel lyrique de Paris est presque vidé des grandes voix, celles qui font le bonheur et le sel de mes voyages.  

Don Carlo au Théâtre des Champs Elysées

Royal et captivant

Don Carlo est un opéra «tellurique» d’une puissance dramatique et musicale qui engendre une grande fascination pour le génie de Verdi. C’est un déchaînement de passions humaines avec  des moments de grâce pure. Aucune faiblesse passagère mais une intensité crescendo et des personnages dotés d’un caractère exalté en font mon préféré dans l’œuvre de ce compositeur.

Les affrontements des personnages inspirent des duos intenses et des monologues émouvants. Vocalement, ces confrontations exigent pas moins de six grandes voix aux possibilités et subtilités infinies. La production scénique proposée par le Théâtre des Champs Elysées s’annonçait à la hauteur de ce monument de l’art lyrique. La magie opère rapidement car les interprètes sont d’authentiques talents,  même si le grand vainqueur d’une soirée Don Carlo sera toujours la musique de Verdi.  

Hansel et Gretel à l'Opéra Garnier

Univers enchanté et plaisir gourmand

© Opéra national de Paris/ Monika Rittershaus
Féérie colorée et jubilatoire, telle est la très belle surprise de cette entrée de Hänsel & Gretel d’Engelbert Humperdinck à l’Opéra de Paris. 

Œuvre féérique jouée à chaque Noël des enfants allemands et riche de comptines aussi connues que notre Frères Jacques, cet opéra est quasi inconnu du public français. On découvre un univers enchanté transposé à la période de la création de l’opéra, preuve que l’on peut faire une mise en scène moderne avec des costumes d’époques. 

Juan Diego Flórez en récital au Théâtre des Champs Elysées

Virtuose et irrésistible

On reconnaît une soirée lyrique d’exception à la délectation de chaque seconde et à la jubilation provoquée par tant de beauté du chant. Une fois par an, Juan Diego Flórez nous offre un magnifique récital au Théâtre des Champs Elysées. Celui du 6 avril dernier était sans doute l’un de ses plus beaux. 

Pour être honnête, j’attendais ce nouveau récital avec une petite interrogation car le programme auquel ses prouesses vocales ne s’étaient pas encore risquées me laissait très légèrement désorientée. L’annonce de l’air de Guillaume Tell qu’il chantera à Pesaro cet été m’aurait comblé, mais son choix était tout autre. C’était sans compter sur le professionnel lucide et exigeant envers lui-même qu’il sait être. Car ce récital fût une nouvelle démonstration de son assurance technique et de ses moyens vocaux à mettre en pâmoison les plus impassibles.

Parsifal au Metropolitan Opera de New York

Hors du temps et de l'espace

Prise de rôle de Jonas Kaufmann dans Parsifal au MET
Photo Ken Howard / Metropolitan Opera
Parsifal est un œuvre forte qui transporte dès les premières mesures. C'est sans doute l'une des plus belles musiques, un opéra riche de sens qui fait écho à la spiritualité de chacun.

Décrypter Parsifal est très hasardeux et je laisse cette prérogative aux experts. Comme spectatrice de la mise en scène de François Girard et admiratrice de l’œuvre, il est ici question de mon propre ressenti à cette représentation de mars 2013 à New York.

La distribution du Metropolitan Opera était purement inconcevable dans nos rêves les plus fous. Jonas Kaufmann est un très grand Parsifal et son incarnation est stupéfiante. René Pape est un Gurnemanz plein d’humanité. Peter Mattei  est un poignant Amfortas dont la souffrance magnifiquement exprimée résonnera longtemps dans le cœur des spectateurs.  Katarina Dalayman est une Kundry convaincante dans ce personnage aux multiples facettes. 

Espace Lyrique - Création du blog

Après une vie professionnelle bien remplie – et quelques timides hésitations – j’ai décidé de me lancer dans l’aventure du blog, imaginant que la transmission de belles émotions artistiques pouvait susciter le désir de leur découverte chez d’autres personnes.

L'opéra est à la fois une alchimie et une évidence: alchimie des voix avec les sonorités de l'orchestre et le souffle des chœurs racontant l’histoire tragique de l’humanité dans une mise en situation poétique et esthétique. Evidence de l’émotion suscitée par cette alchimie et amplifiée par la beauté de l’ensemble. La beauté de l’art lyrique nous touche d'une façon qui peut nous paraître d'autant plus inexplicable qu'elle est puissante. 

Tout à commencer le soir d’une représentation de Tosca à Rome célébrant Pâques, il y a plus de quarante ans. Cette découverte me fît prendre conscience qu’une émotion peut ouvrir un nouveau chemin qu’on portait en soi et qu’on peut vivre plus intensément au travers de la musique.