Il Trovatore de Verdi à Munich

Reprise enflammée

29 novembre 2013 : Après l’excitation de la découverte de la nouvelle production de Il Trovatore de Verdi au Bayerische Staatsoper de Munich en juin dernier, c’est dans un quasi silence médiatique que quatre nouvelles représentations ont été données en novembre. Pourtant, cette saison d’automne fût prise d’assaut par le public éconduit lors du festival d’été. Aimantés en masse vers l’opéra bavarois, les lyricomanes se réjouissaient de découvrir à leur tour Jonas Kaufmann incarnant son premier Manrico.

La production confiée à Olivier Py exhale le souffle verdien dans une noirceur à la fois diabolique et tragique. Le drame, le théâtre et la musique fusionnent à chaque instant, sublimés par la scénographie et les lumières de Pierre-André Weitz, le complice artistique. Le lyrique metteur en scène adore le mélodrame et sa vision dantesque de l’œuvre est en totale cohérence avec la substance sordide du livret. Le spectacle est porté par la conjonction des talents de Jonas Kaufmann et Olivier Py dont la vitalité inspiratrice partagée nous offre une de ces productions fascinantes que l’on n’oublie pas.

Aïda de Verdi à l’Opéra de Paris

Céleste et universelle
Marcelo Alvarez (Radames) & Roberto Scandiuzzi (Ramfis)

17 novembre 2013 : Aïda de Verdi, l’opéra égyptien chéri des théâtres antiques revient à l’Opéra de Paris après quarante cinq ans d’absence. On était impatient de découvrir la vision du metteur en scène et poète Olivier Py car tous les espoirs de "peau neuve" étaient permis. Dès le début, on est séduit et captivé par son interprétation de l’œuvre car cette nouvelle production apporte un nouvel éclairage. Visuellement et musicalement magistrale, cette Aïda réapparaît dans toute sa splendeur, notamment dans les passages intimistes, comme revigorée par la lecture du créatif.

Olivier Py
© Corinne Bellaiche
Pour Olivier Py, chaque œuvre invente un théâtre. En analysant le livret, il conclut que l’Egyptologie peut être évincée sans dénaturer les intentions de Verdi. Tout en respectant l’esprit guerrier et politique de l’œuvre, le metteur en scène opère une percutante transposition du contexte historique. L’Egypte est devenue l’Autriche-Hongrie et l’Ethiopie l’Italie. Il y ajoute des ingrédients contemporains car le poids du pouvoir politique et l’extrémisme religieux sont universels et de toutes les époques. Et tout cela fonctionne merveilleusement bien. Les spectateurs sont totalement immergés dans la narration de l’histoire et dans la beauté des décors.
Musicalement, on est aux anges avec l’esprit de Verdi bien représenté. Sa force dramatique et sa puissance musicale sont magnifiquement restituées par le chef Philippe Jordan, les voix du chœur d’un grand raffinement et les solistes d’un très bon niveau.

Orfeo ed Euridice à l’Opéra Royal de Versailles

Franco Fagioli met les dieux à ses pieds

Franco Fagioli, Laurence Equilbey, Emmanuelle de Negri
et Malin Hartelius à l'Opéra Royal de Versailles
10 novembre 2013 : Lors de la version de concert d’Orfeo ed Euridice de Gluck, la beauté du chant de Franco Fagioli a ému les dieux, les enfers et le public de l’Opéra Royal de Versailles. 
Le contre-ténor argentin est impressionnant. Aussi à l’aise dans la douce plainte que dans l'élan du désespoir, Franco Fagioli parvient à incarner Orphée avec une grande sensibilité pour se fondre dans le chagrin inconsolable de son personnage. Le pouvoir extatique de sa voix somptueuse et incandescente nous fait vivre une soirée d’exception. Deux heures de technique époustouflante dans l’enchaînement des airs plus virtuoses les uns que les autres du chef-d’œuvre de Gluck.
Corps frémissant, expression enfiévrée et regard éploré, Franco Fagioli aborde le rôle d’Orphée avec une telle intensité, un tel engagement dramatique et une telle virtuosité que l’émotion est grandissante. La prestation est exceptionnelle et nous partageons les mille tourments du poète musicien mortifié. Du très grand art.

Livre "Les plus beaux Opéras du monde"

Invitation aux voyages

7 novembre 2013 : Lors d’une soirée lyrique, le premier coup de cœur est pour la salle d’opéra dans laquelle nous pénétrons dans un silence de fascination. Une fois passé l’escalier monumental les portes s’ouvrent sur le temple, lieu de passions exacerbées. Car aimer l’opéra réserve quelques moments inoubliables lors de la découverte de ces trésors architecturaux dont la richesse ornementale éblouit.  

Ces temples lyriques sont d’une exceptionnelle beauté et d’une architecture unique. Pour s’en convaincre, un livre richement illustré - "Les plus beaux Opéras du monde" - nous les fait découvrir. 
Le photographe Guillaume de Laubier a passé des mois à réaliser ce magnifique reportage dans ces lieux mythiques. On imagine ses angoisses passées et les contraintes d’une telle aventure. Le temps des négociations, les voyages interminables, les heures d’attente pour accéder à l’espace, la préparation des plans inédits, le stress des prises de vue minutées et accordées entre les répétitions et les représentations, mais "tout est oublié à l’instant où se dévoile la belle désirée" dit-il.