Werther de Massenet à l'Opéra de Paris

Avec le cœur mais sans les larmes


Karine Deshayes et Roberto Alagna
Werther à l'Opéra Bastille © Julien Benhamou
29 janvier 2014 : Werther revient à l’Opéra de Paris dans la mise en scène légendaire de Benoît Jacquot et sous la baguette de Michel Plasson. Lorsque le rideau se lève sur ce grand retour du chef-d’œuvre de Massenet les ombres de Jonas Kaufmann et Sophie Koch planent encore dans ce lieu. Il y a quatre ans jour pour jour, le couple d’amants romantiques incroyablement beaux et hantés par la tragédie laissa Bastille littéralement sous le choc. Ils apportèrent à ce flux symphonique déchirant une intensité tragique inoubliable. Werther c’est à la fois la simplicité d’une histoire et l’intensité des émotions des protagonistes. Quatre actes pour parcourir les quatre saisons d’un amour impossible : l’éclosion, l’ardeur, la séparation et la mort. Cette musique exige de la part des chanteurs une connexion au centre de gravité des émotions car le chemin est baigné de larmes. 

Ce soir, Roberto Alagna et Karine Deshayes reprennent les rôles de Werther, le poète mélancolique et Charlotte, la jeune fille fidèle à son devoir. La qualité du chant est incontestable et l’implication des artistes est évidente, mais on reste un peu à l’extérieur, en attente de la vague d’émotion. Du cœur à l’ouvrage mais pas de larmes.

Les chiffres de l'Opéra de Paris

Coût de folie le samedi soir
23 janvier 2014: A quelques semaines de l'annonce de la nouvelle saison, on sait déjà que la meilleure performance de l’Opéra de Paris sera la hausse historique du prix des billets. En décembre dernier, son conseil d’administration a voté à l’unanimité une augmentation de 10% du prix des places de catégories 1, 2 et 3, les autres catégories étant préservées. Début janvier, Christophe Tardieu, Directeur général adjoint de l’ONP, précisait qu’une grille modulaire des tarifs en fonction de l’affluence serait mise en œuvre. Ainsi à Bastille, il y aura une hausse de 20% les vendredis et samedis soirs très prisés et une baisse de 20% certains lundis soirs clairsemés. Les raisons sont évidentes : baisse des subventions de l’Etat et nécessité de compenser la perte de plus de 90.000 spectateurs en 2013. 
Dans un communiqué publié lundi, l’Opéra de Paris annonce un taux de fréquentation de 95% de ses deux salles de Bastille et Garnier en 2013, un chiffre dans la ligne des années précédentes. Mais sur cette même période, 764.566 spectateurs sont venus assister aux spectacles alors qu’ils étaient 855.500 l’année précédente (*). Dans le même temps, les diffusions en direct de l'ONP dans les cinémas du réseau UGC ont réuni trois fois plus de spectateurs : 120.000 personnes alors qu’elles étaient 40.000 en 2012. Est-ce une migration du public traditionnel ou une curiosité grandissante pour l’opéra filmé à moindre coût ? 

La Forza del destino de Verdi à Munich (2)

Force 10

Vitalij Kowaljow (Padre Guardiano), Anja Harteros (Leonora)
 Jonas Kaufmann (Alvaro) et Ludovic Tézier (Don Carlo di Vargas)
11 janvier 2014 : Retour de Munich après une représentation de La Forza del destino avec des voix emmenant aux portes d’un rêve éveillée. 
Dans cette nouvelle production du Bayerische Staatsoper, la musique est littéralement portée par un trio vocal qui hisse l’art du chant à un niveau rarement exploré. Anja Harteros, Jonas Kaufmann et Ludovic Tézier sont les trois piliers de cette expérience lyrique qu’on ne vit que quelques soirs dans sa vie de mélomane.

Après la découverte de la première en streaming (article du 29 décembre), j’ai eu la chance de revivre ce spectacle à quelques mètres de ce casting magnifique. L’atmosphère des grands jours était palpable car une foule impressionnante de passionnés en quête d’un miraculeux billet inondait les marches de l’opéra. Les portes s’ouvrirent alors sur une soirée de grande intensité, au point de concevoir ces trois artistes comme les dignes représentants du patrimoine vocal du XXIe siècle.

Meilleurs vœux lyriques



Que cette nouvelle année vous apporte de belles émotions lyriques. L’opéra et ses grandes voix provoquent une fascination et une délicieuse addiction. Plus l’émotion est forte et plus nous cherchons à revivre sans cesse cet émerveillement qui nous a ouvert le cœur. Assis dans la pénombre, nous attendons que le rideau se lève sur le rêve de plusieurs mois ou plusieurs années. Nous ne savons pas encore à quel moment nous allons rendre les armes, sur une voix, une mélodie ou une seule note, mais si haute et si sublime ! Il n’y a pas que les aigus de vertigineux, il y a aussi la dimension à laquelle nous avons accès un court instant. "La musique commence là où s'arrête le pouvoir des mots" disait Richard Wagner.

En 2013, les étoiles de mon Espace Lyrique avaient pour noms Kaufmann, Florez, Harteros, Mattei, Pape, DiDonato, Netrebko, Stemme, Peretyatko, Petibon, Damrau, Yoncheva, Fagioli et Kwiecien. Il faut parfois voyager pour les entendre car on les croise trop rarement en France.
En 2014, profitez des doux moments enchanteurs que ces étoiles nous préparent.