Parsifal à l'Opéra de Paris

Parsifal © Emilie Brouchon / OnP
Wagner, Mattei et Jordan

22 mai 2018 : Après de lourds ennuis techniques l'ayant obligé d'annuler quatre représentations, l'Opéra de Paris présente enfin Parsifal de Richard Wagner
Une œuvre forte qui transporte dès les premières mesures, très peu d’œuvres ont ce privilège. C’est l’opéra de la compassion et de la rédemption universelle. Dès le prélude, Wagner créé un espace musical où le temps s’arrête, le son émerge de la fosse, immatériel, irréel, et l’émotion nous gagne. "Ici, le temps devient espace" chante Gurnemanz au I.


Cet univers envoûtant est déployé dans chaque pupitre, qualités admirables de l’Orchestre et du Chœur de l’Opéra de Paris sous les tempi lents et méditatifs de la direction de Philippe Jordan. "La musique est une nourriture émotionnelle qui synchronise les gens entre eux." dit-il. Comme souvent, ce chef cherche ce qui est grand, beau, sublime. Attentif et concentré, sa force tranquille s’efface derrière la musique, hors du temps, au plus près de l’âme et de l’intense spiritualité de l’ouvrage. Chef et musiciens nous laissent admiratifs du travail accompli gratifié d’une ovation des plus chaleureuses. 


Olga Peretyatko et Benjamin Bernheim à la Philharmonie

Concert enchantant

20 mai 2018 : Soirée charme et décibels qui a réuni la soprano russe Olga Peretyatko et le ténor français Benjamin Berheim à la Philharmonie de Paris.
Bonne humeur et plaisir de chanter partagés pour nous gratifier de quelques bijoux populaires de Bellini, Donizetti, Verdi et Gounod.

Olga Peretyatko est l’une des plus belles voix de soprano apparue ces dix dernières années. Ses moyens vocaux, sa virtuosité de belcantiste et sa beauté radieuse de diva la rendent irrésistible. 
D’entrée, elle aborde sportivement "Casta Diva", armée d’une puissance dramatique qu’elle étoffe d’année en année. Une sensibilité qui s’affine avec les rôles forts, révélant une Violetta infiniment touchante. Tour à tour Juliette, Linda, Lucia ou Gilda, pétulante ou grave, elle incarne tout avec une énergie formidable. Un entrain qui l’habite depuis la chorale d’enfants du Théâtre Mariinski de Saint-Petersbourg, sa ville natale, où elle croise son aînée Anna Netrebko. 

Lucrezia Borgia de Donizetti au Bayerische Staatsoper

Bel Canto Roi et Reine

Edita Gruberova, Juan Diego Flórez 
© Wilfried Hösl / BSO
5 mai 2018 : Lucrezia Borgia, une course folle aux billets pour cette reprise de la production de 2009 au Bayerische Staatsoper, motivée par la rencontre de la mère empoisonneuse et de son fils illégitime sous les traits d’Edita Gruberova et Juan Diego Flórez. Tous deux follement acclamés, Grubie pour sa longévité et son sang-froid dans les fureurs royales, le ténor pour son art du bel canto qu’il porte en lui poétiquement et intensément.

Après le concert de Salzbourg en août dernier, c’est sa première scénique dans le rôle de Gennaro : beauté radieuse d’un timbre enjôleur, agilité vivifiante et légato de miel. L’énergie à l’œuvre dans les aigus est toujours un régal, comme la perfection technique polie par les années et l’élégance du phrasé. La beauté de son "Partir deggio...T'amo qual" ouvrant l’acte II soulève la salle. Une merveille de chant et de sons purs ayant pour vertu d’adoucir dans l’instant tous les conflits de l’âme !
D’entrée, Edita Gruberova fascine par son timbre unique et l’impact d’une voix consistante capable d’autant de véhémences contrôlées et de suraigus emblématiques que de plaintes parmi les plus douces. Mais aussi, attachante prestation d’une artiste qui n’a pas cessé de démontrer l’impossible. A 71 ans, ce n’est pas la moindre des prouesses que de toujours s’investir et oser les rôles plus lourds plus d’un demi siècle après la Rosine de ses débuts. Certes, la voix s’émousse de quelques imperfections et mais l’altitude reste impressionnante.