Serse de Haendel au TCE

Franco Fagioli, Roi de Perse et du baroque

27 octobre 2018 : Dès son entrée sur scène, énergique et théâtrale, Franco Fagioli impose son style. Il se glisse dans toutes les difficultés techniques de la partition et semble même se griser de ses facilités. Pour ce concert de Serse de Haendel au Théâtre des Champs-Elysées, nombre de spectateurs sont venus pour lui, tellement l’artiste est dans son élément, celui du baroque. 
L’opéra s’ouvre sur le sublime "Ombra mai fù", tout en émotion et douceur, un chant d’amour du Roi de Perse adressé à l’ombre d’un platane. 
Chaque note émise témoigne d’un travail soigné, et dans « Crude Furie », l’étendue de la voix semble infinie. Le contre-ténor argentin collectionne les prouesses vocales embrassant trois octaves, depuis ses aigus qui tutoient la limite supérieure jusqu’aux graves des profondeurs. L’entendre est une expérience de l’extrême. 

Orphée et Eurydice de Gluck à l’Opéra Comique

L’éternité n’est pas de trop 



Marianne Crebassa, Orphée / © Stefan Brion
13 octobre 2018 : La voix de Marianne Crebassa a trouvé son écrin dans l’œuvre sublime de Gluck. "Eurydice !", aux premiers lamentos déchirants d’Orphée, la mezzo française est vocalement éblouissante. 
Orphée vient de perdre Eurydice et sa douleur s'exhale en longs cris que soutiennent les chœurs de déploration. 
Jusqu’au bouleversant "J’ai perdu mon Eurydice", la puissance dramatique enveloppée d’émotion contenue de son chant ne faiblira pas. Que de sanglots retenus, que de larmes dans cet engagement royal emplissant tout l’espace de la Salle Favart. Marianne Crebassa est portée par le luxe musical de l’œuvre, tous les airs de Gluck ayant la grâce et la beauté de l’éternité qui sublime la mort.

Les Huguenots de Meyerbeer à Bastille

Enfin à Paris !

© Agathe Poupeney / OnP
7 octobre 2018 : A Bastille, il y a des jours où il flotte comme un petit air de communion avec le spectacle et la musique, où l’enthousiasme du public fait plaisir à entendre. Saluons donc cette renaissance-événement d’un opéra rangé dans les tiroirs de l’Opéra de Paris depuis 1936.
Pourtant l’ouvrage de Meyerbeer regorge de grands moments, c’est furieux, virtuose et les fins d’actes sont absolument vertigineux. Personnellement, j’avoue mon coupable penchant pour cette musique inventive et foisonnante dont le souffle épique emporte les plus dépressifs des spectateurs. 

Avec Les Huguenots, quand les lumières s’éteignent, c’est parti pour 5 heures d’opéra-fleuve qui file comme un songe. Coup de foudre, méprise, quiproquos, traîtrise, horreur, tout ce qu’affectionne le drame romantique à l’issue tragique et dont la musique épouse tous les contours possibles.