Jonas Kaufmann, "Met Stars Live in Concert"

Jonas Kaufmann, en Live, en émotion, intensité et générosité

19 juillet 2020 : Après des mois de diffusions quotidiennes des captations de la décennie, le Metropolitan Opera lance "Met Stars Live in Concert" inauguré par l’artiste qui occupe une place centrale dans l’art lyrique: Jonas Kaufmann. 

Une série de 12 récitals des plus grandes voix qui seront diffusés en direct au monde entier par satellite depuis des lieux remarquables à proximité des interprètes: un château norvégien, une terrasse sur une falaise surplombant la Méditerranée ou une église au Pays de Galles.
Ce soir, le ténor bavarois chante à quelques kilomètres de Munich. L’intérieur baroque de l’Abbaye de Polling orné de sublimes fresques sert de cadre idéal à ce récital d’exception. 
Les premières images font sensation : Jonas Kaufmann et son fidèle pianiste et ami Helmut Deutsch apparaissent dans un silence recueilli. Des conditions inédites, l’émotion pointe dans cet écrin vidé de tout public. Le temps de l’ivresse musicale a été brutalement suspendu en mars et ce retour à un récital inattendu est quasi solennel. Le cadre se prête merveilleusement à la pure contemplation de la beauté d’un chant.


Le programme est divinement royal, le ténor ayant choisi un florilège d’arias parmi les plus techniquement audacieux et les plus emblématiques de son talent à emporter son auditoire dans de vertigineux moments. Et comme il nous manque furieusement cette ovation debout des fins de concerts !

Portée par la musicalité de cette voix somptueuse, sensations et souvenirs remontent à la surface. Car ce sont dix années d’une trajectoire fulgurante dans des interprétations inoubliables : 
- Les premières années avec Don José et Mario, où on le découvre totalement investi, maniant l’art des nuances, la "messa di voce" comme la virilité des attaques. 
- Les concerts où planent la fascination hypnotique de “Ombra di Nube”, "È la solita storia” et "Cielo e mar".
- Puis "L'anima ho stanca", le raffinement et le timbre héroïque dans Adriana Lecouvreur où pointe l’image de Covent Garden. L’intensité de ‘Un dì, all’azzurro spazio" associé au souvenir d’un Andrea Chénier d’anthologie face à Anja Harteros à Munich.
- Le grain sombre et velouté dans un français admirable pour trois arias du répertoire : Roméo et Juliette, Le Cid et L’Africaine.
- Et le final en sommet, plus puissant encore dans "Nessun Dorma", "plus personne ne peut dormir après cela" conclura Christine Goerke qui présente cette soirée au côté du Directeur Peter Gelb. 

La réalisation technique du Met frôle la perfection, dans la lignée des retransmissions HD au cinéma où cadrages impeccables et lents mouvements habillent la musique.
Un montage des grands moments du chanteur sur les scènes du Met et de Salzbourg et des images des rôles endossés défilent pendant les pauses : Siegmund, Parsifal, Faust, Werther, Dick Johnson, Des Grieux, Canio, Alfredo, et même son Tamino lointain. L’exaltation de la pure émotion, ponctuée également par les intermezzo de Manon Lescaut et Pagliacci interprétés idéalement par Helmut Deutsch seul au piano. 

On ne peut que saluer chaleureusement cette initiative du Met qui réalise ce très beau concert. On imagine les centaines (milliers ?) de regards derrière les petits écrans. Pourtant un parfum de mélancolie flotte dans l’air : tant de spectacles annulés, d’artistes en grande difficulté, de théâtres fermés de longs mois…

En quelques mots, Jonas Kaufmann exprime son soutien à ceux qui n’ont pas la chance de pouvoir se produire et leur adresse un don personnel de 5000$.

Les prochains concerts sont annoncés et celui de Jonas Kaufmann est disponible sur le site du Metropolitan Opera pendant 12 jours (20$). Jamais un concert du ténor n’aura été aussi facilement accessible en réservation !




Photos de la retransmission © Metropolitan Opera

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