Jonas Kaufmann au Théâtre des Champs-Elysées

"Ma Vienne"

24 janvier 2020: Les cœurs viennois se brisent aussi mais dans les bulles de champagne. Après l’intensité sombre de Paul dans La Ville morte de Korngold à Munich en décembre et avant un retour en Florestan à Londres en mars prochain, Jonas Kaufmann insère un voyage musical à Vienne. La Vienne festive des opérettes de Johann Strauss et Franz Lehar, en passant par le romantisme de Robert Stolz ou Emmerich Kalman.

Une parenthèse de musique légère pendant un mois et dans douze villes, rompant son quotidien chargé de drames lyriques pour les bonheurs simples de l’opérette. Ce soir, c’est l’escale à Paris et l’intermède viennois a bien lieu. Car annoncé souffrant il y a deux jours, le ténor avait été contraint d’annuler le précédent concert à Nuremberg.
"Cette musique me transporte" dit-il. Son amour pour Vienne remonte à son enfance, à ses vacances au Tyrol où il se familiarise avec l’intonation du dialecte viennois et où sa grand-mère lui chante ces opérettes. Il en a gardé la nostalgie comme le bonheur de les chanter.



"Quelle que soit la difficulté du morceau dit-il, le chant d’opérette doit toujours donner une impression de facilité, de décontraction et de naturel.". De fait, la traitement du texte et la diction sont toujours irréprochables. Le charme et l’ironie subtile colorent la comédie mais aussi les rêves. Vient l’heure exquise et le chant se fait languissant, chuchoté, grisé au champagne. Tout cela est maîtrisé, même si un mauvais virus semble affecter le chanteur.

Vienne éternelle, les duos avec la séduisante soprano Rachel Willis-Sörensen dans le "Wiener Blut"(Sang viennois) ou le duo des montres de "Die Fledermaus" (La Chauve-Souris) sont irrésistibles. Une complicité musicale et scénique s’est créée naturellement entre les deux chanteurs. Ils sont accompagné par le PKF Prague Philharmonia sous la baguette de Jochen Rieder, en alternance avec des pièces symphoniques.

Une soirée très agréable ennoblie par un grand artiste, serviteur éclairé d’un répertoire en marge de ses "fréquentations" lyriques habituelles mais si magnifiquement interprété. Vienne était bien réelle…


TCE, 20 janvier 2020

3 commentaires:

  1. Merci pour commenter si joliment et chaleureusement le chant de JONAS. Aussi Rachel et Jochem. Quelle fortune pour le public présent ! Et pour moi aussi, de loin, en lisant votre article.

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  2. Merci beaucoup pour ce beau commentaire intelligent expliquant notamment les raisons de cette tournée consacrée à l'opérette et aux chansons viennoises dans le parcours artistique de Jonas Kaufmann...

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