12 novembre 2017 : Il ne vous reste qu’un mois pour vous immerger dans l’intimité de Maria by Callas, la première exposition de la Seine Musicale qui rend hommage à la cantatrice. Ce parcours d’une prodigieuse richesse la remet au centre du récit de sa vie, balayant beaucoup de contre-vérités qui ont édifié sa légende.
Il y a 40 ans que Maria Callas s’est tue, jamais éclipsée encore moins oubliée. Apparue comme un météore dans le monde des "chanteurs vieux style avec des conventions ridicules dignes du cinéma muet", elle fut l’astre qui révolutionna le lyrique, apportant du neuf au théâtre en y semant la vérité et la tragédie.
Casque audio vissé sur les oreilles, cette expérience intime nous laisse en tête à tête avec la Divina. Maria raconte Callas dans la profondeur de confessions intimes, touchante et pudique. On réalise à quel point elle a intimement payer le prix de la dévotion à son art. La presse aimait propager l’image d’une diva capricieuse, c’était oublier son exigence, la recherche de la perfection dans un travail rigoureux comme ses fastidieux apprentissages des partitions, tellement myope qu’elle devait tout apprendre par cœur.
Au fil de l’écoute, sa voix nous guide, son chant éveille à l’émotion pure. "Chanter, pour moi, n’est pas un acte d’orgueil, mais seulement une tentative d’élévation vers ces cieux où tout est Harmonie" disait-elle.
"Un don du ciel à l’état brut" pour le Maestro Serafin. Voix illimitée pour relever de périlleux défis. A 25 ans, elle enchaîne Isolde, Turandot, Leonora (La Forza), Aïda et Norma dans l’année. L’année suivante, elle apprend Les Puritains en une semaine.
Après l’onde de choc de ses débuts fulgurants, on s’émerveille des trop courtes années de l’âge d’or d’une voix inouïe et on s’attriste de son déclin qu’un destin tourmenté a précipité.
Tom Volf, commissaire de l’exposition, a réuni de précieux documents révélés pour la première fois pour certains : photos d’albums personnels, archives musicales inédites et enregistrements privés de concert, petits films en super 8, interviews, mais aussi costumes de scène et objets iconiques, jusqu’aux admirables lettres d’amour à son conjoint Meneghini et à Onassis. Des décors aussi, comme son appartement parisien du 36 avenue Georges Mandel où elle termina ses jours.
Mais c’est dans la "salle immersive" que les larmes affleurent dans cette vision en 360° qui cristallise le paroxysme de son art de l’interprétation. De mémoire de mélomane, personne n’avait encore entendu cela. Comment rester insensible à "Tu che le vanita" (Don Carlo) ou "D'amor sull'ali rosee" (Il Trovatore). On (re)découvre comment et pourquoi sa technique et son aura pouvaient produire autant d’émotion. De sa présence, de l’expression du visage, l’incarnation était souveraine et l’impact de la voix incendiaire.
L’exposition se termine le 14 décembre mais au même moment, le film "Maria by Callas" réalisé par Tom Volf permettra de découvrir en salles de cinéma toute cette matière impressionnante, images jamais dévoilées et correspondance portée par la voix de Fanny Ardant.
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