De la Maison des Morts de Janácek à l'Opéra Bastille

D’une force inouïe

© Elisa Haberer, Opéra de Paris
27 septembre 2017 : L’ouvrage du compositeur tchèque revit à l’Opéra de Paris dans la production de Patrice Chéreau, dix ans après sa création à Vienne, déjà sous l’impulsion de Stéphane Lissner

Expérience immersive intense d’où jaillit une émotion qui ne nous quitte pas. Un spectacle fascinant dont la puissance repose sur la convergence de la musique âpre mais d’un lyrisme déchirant, du pathétique de ces vies brisées et de l’humanité dans le regard du metteur en scène. 

Lorsqu’il meurt en août 1928, Janácek vient d’achever cet opéra, son neuvième, d’après les souvenirs des quatre années de bagne de Dostoïevski. Il met en scène des exclus, des prisonniers politiques et des meurtriers dans un bagne de Sibérie où ils sont condamnés à terminer leur vie. Des hommes enfermés accablés dont nous allons entendre les plaintes et les aveux. Car dans cet opéra carcéral et masculin où même la lumière est glacée, tout n’est pas désespéré. "En chaque homme, une étincelle divine", les mots de Dostoïevski sont en exergue de la partition. 

Juan Diego Flórez au Théâtre des Champs Elysées

Jour de fête !

12 novembre 2017 : "Ah ! Mes amis, quel jour de fête ! ", le premier bis de Juan Diego Flórez pourrait résumer cette magnifique et jubilatoire soirée. 
Dans tous les répertoires abordés, le ténor anoblit l’art du chant. 
Musicien hors pair né avec un charme vocal et une virtuosité athlétique, il n’a cessé de perfectionner ses qualités dans toutes les langues désormais. 

Prince des charmeurs pour une première partie consacrée à Mozart, un baume sur le phrasé. Il façonne les lignes d’une sensibilité innée pour Don Ottavio et Tamino et il pare Idomedeo de colorature, il n’a rien perdu de son passé belcantiste.

Maria by Callas, l'exposition

En tête à tête avec la Divina


12 novembre 2017 : Il ne vous reste qu’un mois pour vous immerger dans l’intimité de Maria by Callas, la première exposition de la Seine Musicale qui rend hommage à la cantatrice. Ce parcours d’une prodigieuse richesse la remet au centre du récit de sa vie, balayant beaucoup de contre-vérités qui ont édifié sa légende.

Il y a 40 ans que Maria Callas s’est tue, jamais éclipsée encore moins oubliée. Apparue comme un météore dans le monde des "chanteurs vieux style avec des conventions ridicules dignes du cinéma muet", elle fut l’astre qui révolutionna le lyrique, apportant du neuf au théâtre en y semant la vérité et la tragédie. 

Casque audio vissé sur les oreilles, cette expérience intime nous laisse en tête à tête avec la Divina. Maria raconte Callas dans la profondeur de confessions intimes, touchante et pudique. On réalise à quel point elle a intimement payer le prix de la dévotion à son art. La presse aimait propager l’image d’une diva capricieuse, c’était oublier son exigence, la recherche de la perfection dans un travail rigoureux comme ses fastidieux apprentissages des partitions, tellement myope qu’elle devait tout apprendre par cœur. 
Au fil de l’écoute, sa voix nous guide, son chant éveille à l’émotion pure. "Chanter, pour moi, n’est pas un acte d’orgueil, mais seulement une tentative d’élévation vers ces cieux où tout est Harmonie" disait-elle.