Bayerische Staatsoper saison 2015-16

"Vermessen", l’esprit aventureux de Munich

25 mars 2015 : Le temps d’une conférence de presse présentant sept nouvelles productions, le Bayerische Staatsoper confirme que la qualité musicale et l’esprit aventureux ne connaissent pas d’éclipse à Munich.
Nikolaus Bachler, son surintendant, et Kirill Petrenko, son directeur musical exposent la ligne de force de la saison 2015-16 centrée sur "Vermessen", "tout ce qui nous obsède pour les nouvelles productions" explique le surintendant. On peut traduire ce mot allemand en termes techniques comme "étudier, inspecter, explorer" mais aussi avec le qualificatif "présomptueux", une démarche artistique où se mêlent ambition et confiance affirmées avec obstination. Tout ce qui fait de l’Opéra de Bavière l’un des meilleurs opéras du monde, créatif et stimulant. 

La Donna del Lago de Rossini au Met

Flórez et DiDonato mettent le feu au lac

Juan Diego Florez et Joyce DiDonato
La Donna del Lago
© Ken Howard / Met 
21 mars 2015 : Lorsque Rossini compose La Donna del Lago en 1819, il laisse derrière lui les opéras bouffes qui l’ont hissé au pinacle des jeunes compositeurs italiens. Il découvre The Lady of the Lake, le poème de Walter Scott qui lui inspire une nouvelle veine créatrice teintée de romantisme. Il n’a que 27 ans et c’est une étape importante dans son style. Une beauté singulière traverse cet opéra avec une nouvelle manière de fondre des harmonies romantiques dans son éloquence belcantiste.

Lors de la création à Naples, les interprètes durent pardonner à Rossini les vocalises et ornements en batteries qu’il avait écrit pour eux car c’étaient les meilleurs chanteurs de leur génération. L’opéra vient de faire son entrée sur la scène du Metropolitan Opera avec une distribution stellaire reconstituée : Joyce DiDonato, Juan Diego Flórez et Daniela Barcellona, trio de solistes éblouissants en symbiose, déjà ovationné à Londres, Milan et Paris. L’opéra au romantisme naissant de Rossini était retransmis dans les cinémas du monde entier le 14 mars.

Faust de Gounod à l'Opéra de Paris

Faust et usage de Faust


Faust ©Vincent Pontet /Opéra de Paris 2015
8 mars 2015 : Faust, l’homme revenu de tout et à la recherche de sensations nouvelles, revient à l’Opéra de Paris. 
Le rideau s’ouvre sur la 2663e représentation parisienne de l’ouvrage emblématique de Charles Gounod, l’opéra français par excellence, le plus joué et le plus transformé. Et parfois le plus éparpillé, comme la vision de Jean-Louis Martinoty en 2011, monumentale et fourmillante de détails distrayants qui recueillit quelques ironies médiatiques.
Jean-Romain Vesperini en conserve les odeurs de bibliothèque, de bar-cabaret, d’arbre et la proximité de l’au-delà avec un cercueil qui s’enflamme. Il propose une relecture du mythe entre réalisme et fantastique, comme si l’opéra était la dernière hallucination de Faust sous l’effet d’une substance. Les lumières de François Thouret créent une atmosphère à la fois sombre et onirique non dénuée de charme envoûtant. 
Mais ce qui rend ce spectacle somptueux, ce sont les voix. Piotr Beczala, Krassimira Stoyanova et Ildar Abdrazakov parent de brillance et d’irisation les mélodies du compositeur et les chœurs de l’Opéra de Paris donnent des frissons. Dans la fosse, Michel Plasson et son infatigable énergie à sublimer le répertoire français force l’admiration. Cette façon de façonner la force expressive de l’orchestre avec sensibilité et intelligence est un bonheur renouvelé.