Hamlet à l’Opéra Comique

En grand et en majesté
23 décembre 2018 : Difficile d’imaginer plus merveilleux Hamlet. Le talent de Stéphane Degout éclate dans son incarnation vibrante du personnage shakespearien. Glorieux de timbre et d’amplitude, le baryton français délivre une performance d’acteur habité corps et âme, dans une détermination qui serre le cœur. Rôle écrasant dans lequel il semble aller jusqu’au bout des sentiments dévastateurs dans les affrontements théâtraux. Sous l’influence du spectre du père qui le pousse à agir, il est fascinant d’intensité, tout autant bouleversant et halluciné dans l'opposition à la mère ou face à Ophélie. Silhouette gracile, pureté des aigus, Sabine Devieilhe incarne Ophélie pour la première fois. Toujours virtuose, la soprano invite à un chant aérien d’une aisance dans les vocalises à se pâmer.
L'ouvrage d'Ambroise Thomas, l’une des plus belles partitions du répertoire français est mise en images à l'Opéra Comique avec une distribution éblouissante.

Simon Boccanegra à l’Opéra Bastille

Pater dolorosus

Ludovic Tézier (Simon Boccanegra) ©Agathe Poupeney /OnP
13 décembre 2018 : A lui seul, Ludovic Tézier justifie de découvrir cette obscure nouvelle production de l'Opéra de Paris. Son interprétation du doge génois est magistrale, habitée, toute en émotion retenue.
Tout au long de la dernière décennie, cet olympien verdien a développé de la façon la plus accomplie son identité vocale. Une carrière où il est allé lentement alors que la voix gagnait en étoffe et en résonnance. 
A 50 ans, le baryton français aligne désormais les grands rôles. L’important c’était d’arriver à l’heure pour le bonheur des scènes internationales, au sommet de sa technique dans Don Carlos, Rigoletto, Macbeth, Il Trovatore, La Traviata, Tosca ou Ernani
Aujourd’hui, il incarne pour la première fois sur scène le rôle-titre de Simon Boccanegra, gravant dans le mémorable la vérité du sentiment verdien. Majesté innée, alliage du timbre et de la musicalité, ampleur dans l’immensité de Bastille. Magnifique !

Otello de Verdi à Munich

L'émotion à l'oeuvre

10 décembre 2018 : Otello de Verdi au Bayerische Staatsoper, drame de la jalousie dans un univers hors d’âge imaginé par Amélie Niermeyer et magistralement interprété. Trois voix d’exception, et plus encore, trois incarnations qui subjuguent par l’intensité du jeu. L’émotion à l’œuvre est contagieuse.
Dans cette œuvre brillante et expressionniste, Verdi débusque les pires travers de l’humanité avec une grâce poétique infinie. Amélie Niermeyer propose un voyage dans la psyché des protagonistes, une mise à nu dépouillée du contexte historique. Otello n’est plus ce chef de guerre auréolé de victoires retrouvant son épouse alanguie par son absence, c’est un officier ordinaire, intérieurement brisé de batailles qui va céder au doute et aux apparences jusqu’à l’acte irréparable.  

Un drame de l’intime dans lequel Jonas Kaufmann et Anja Harteros subliment les moments intenses, du simple regard au tendre baiser. Une telle profondeur du jeu et des sentiments que l’on se sent parfois de trop dans l’intimité du couple. 
Avec de tels artistes, la musique se fait chair, laissant transparaître les souffrances, les cicatrices mais aussi l’humanité des sentiments. Ne jamais sacrifier l’intuition musicale et leur tendre complicité pour ne jamais fabriquer l’émotion mais l’infuser dans le cœur, telle est leur règle d’or. 

Rossini, 150 ans plus tard

13 novembre 2018 : Il y a 150 ans aujourd’hui disparaissait Rossini, un vendredi 13 de novembre 1868. 
Ses biographes ont souligné son extraordinaire précocité et son étonnante fécondité qui lui valurent très tôt une popularité inégalée à l’époque. 

De 18 à 37 ans, il compose la totalité de ses opéras, 39 œuvres et une révolution dans l’écriture. Tancrède et l’Italienne à Alger à Venise en 2013 lui apportent la gloire à 21 ans. 
Trois ans plus tard, Le Barbier de Séville, écrit en 16 jours, est un succès retentissant. Il sillonne l’Europe pendant 4 ans, devient Directeur du Théâtre Italien de Paris, ville où il compose Le Comte Ory (1828) et Guillaume Tell (1829). 
En 1830, la Révolution de juillet lui fait perdre sa place et, à l’âge de 37 ans Rossini abandonne définitivement le théâtre lyrique.

Pourtant, dans l’ouvrage "Aspects de la critique musicale au XIXe siècle" (*), on découvre que la Révolution Rossini nourrit une importante critique musicale en France. Dans les années 1820, le Maestro avait quitté l’Italie pour Paris et les meilleurs esprits de l’époque entrèrent dans l’arène pour le défendre ou le critiquer. 

Serse de Haendel au TCE

Franco Fagioli, Roi de Perse et du baroque

27 octobre 2018 : Dès son entrée sur scène, énergique et théâtrale, Franco Fagioli impose son style. Il se glisse dans toutes les difficultés techniques de la partition et semble même se griser de ses facilités. Pour ce concert de Serse de Haendel au Théâtre des Champs-Elysées, nombre de spectateurs sont venus pour lui, tellement l’artiste est dans son élément, celui du baroque. 
L’opéra s’ouvre sur le sublime "Ombra mai fù", tout en émotion et douceur, un chant d’amour du Roi de Perse adressé à l’ombre d’un platane. 
Chaque note émise témoigne d’un travail soigné, et dans « Crude Furie », l’étendue de la voix semble infinie. Le contre-ténor argentin collectionne les prouesses vocales embrassant trois octaves, depuis ses aigus qui tutoient la limite supérieure jusqu’aux graves des profondeurs. L’entendre est une expérience de l’extrême. 

Orphée et Eurydice de Gluck à l’Opéra Comique

L’éternité n’est pas de trop 



Marianne Crebassa, Orphée / © Stefan Brion
13 octobre 2018 : La voix de Marianne Crebassa a trouvé son écrin dans l’œuvre sublime de Gluck. "Eurydice !", aux premiers lamentos déchirants d’Orphée, la mezzo française est vocalement éblouissante. 
Orphée vient de perdre Eurydice et sa douleur s'exhale en longs cris que soutiennent les chœurs de déploration. 
Jusqu’au bouleversant "J’ai perdu mon Eurydice", la puissance dramatique enveloppée d’émotion contenue de son chant ne faiblira pas. Que de sanglots retenus, que de larmes dans cet engagement royal emplissant tout l’espace de la Salle Favart. Marianne Crebassa est portée par le luxe musical de l’œuvre, tous les airs de Gluck ayant la grâce et la beauté de l’éternité qui sublime la mort.

Les Huguenots de Meyerbeer à Bastille

Enfin à Paris !

© Agathe Poupeney / OnP
7 octobre 2018 : A Bastille, il y a des jours où il flotte comme un petit air de communion avec le spectacle et la musique, où l’enthousiasme du public fait plaisir à entendre. Saluons donc cette renaissance-événement d’un opéra rangé dans les tiroirs de l’Opéra de Paris depuis 1936.
Pourtant l’ouvrage de Meyerbeer regorge de grands moments, c’est furieux, virtuose et les fins d’actes sont absolument vertigineux. Personnellement, j’avoue mon coupable penchant pour cette musique inventive et foisonnante dont le souffle épique emporte les plus dépressifs des spectateurs. 

Avec Les Huguenots, quand les lumières s’éteignent, c’est parti pour 5 heures d’opéra-fleuve qui file comme un songe. Coup de foudre, méprise, quiproquos, traîtrise, horreur, tout ce qu’affectionne le drame romantique à l’issue tragique et dont la musique épouse tous les contours possibles. 

Retransmissions de New-York et Paris

A vos agendas !

D.R.
30 septembre 2018 : depuis le Metropolitan Opera de New-York et l'Opéra de Paris, qu’il soit historique, intemporel, biblique ou politique, le souffle lyrique va combler nos soirées d’automne au cinéma. Une manière de découvrir l’opéra qui a pris sa place dans les agendas des mélomanes ou qui a aiguisé les appétits des curieux. 

Palpitations du cœur et excitants duos d’artistes à vivre en direct d’ici fin 2018 (sans payer trop cher). 

Les Huguenots de Meyerbeer 
Renaissance-événement : éclipsé plus d’un siècle après son heure de gloire au XIXe siècle puis rangé dans les tiroirs de l’Opéra de Paris depuis 1936, l’ouvrage revient à Bastille. Sommet du grand opéra français, l’œuvre est imposante, longue, intensément dramatique, la musique de Meyerbeer surprend par son mélange d’influences et de styles. Nous attendions Bryan Hymel et Diana Damrau, ce sera Yosep Kang et Lisette Oropesa. Et toujours Ermonela Jaho, Karine Deshayes et Nicolas Testé (4 octobre *)

Jonas Kaufmann, récital de Lieder au Théâtre des Champs-Elysées

Dès l’attaque virile suivie des premières notes ciselées, le talent d’envergure de Jonas Kaufmann éclate. D’emblée, la beauté fulgurante de l’instrument séduit, la profondeur dans le regard y ajoute le sens et la lumière. 

Deux ans que nous ne l’avions pas entendu à Paris dans l’art intimiste du Lied accompagné de son pianiste et complice Helmut Deutsch

L’impatience qui précède son entrée sur scène est comparable à celle qui prélude aux plus remarquables exploits sportifs. Il semble chanter du corps entier mais surtout il trouve immédiatement l’intonation juste, le phrasé, l’expression du visage, créant la tendre complicité immédiate avec son public. Le silence s’installe (enfin presque, toujours quelques tousseurs débridés !). 

Boris Godounov de Moussorgsky à l'Opéra Bastille

Ildar-tzar

10 juillet 2018 : Emblème de l’âme russe, l’opéra de Moussorgsky concentre deux drames humains qui s’entremêlent: le destin shakespearien du héros et l’épopée du peuple russe maltraité, épuisé, manipulé. D’un côté, Boris, le tsar dans sa toute puissance mais rongé de remords, de l’autre, la fresque collective théâtre de scènes chorales d’une grande puissance.

L’Opéra Bastille présente une nouvelle production en demi-teintes d’Ivo Van Hove. Ildar Abdrazakov y fait d’impressionnants débuts dans le rôle-titre sous la direction de Vladimir Jurowski, toute en nuances et tension dramatique, comme l’interprétation magistrale des chœurs de l’Opéra de Paris.
La basse russe compose un personnage infiniment humain. Physique imposant pour l’endurance, voix de basse tellurique moirée de velours pour l’émotion, son Boris est magnifique. Un rôle où il chante la moitié du temps, concentré, éprouvant. "Le chant est pensé de façon dramatique et pour l’interprète, il est impossible de se reposer." dit-il. La dernière scène de la mort de tsar délivre les derniers accents bouleversants. C’est figé sur l’escalier, épuisé, le regard encore habité de la tragédie qu’Ildar Abdrazakov recueille alors une ovation digne des plus grands.

Ludovic Tézier au Festival de Paris

Un récital à 50 m au-dessus du sol

Ludovic Tézier et Thuy Anh Vuong, 28 juin 2018
4 juillet 2018 : Le baryton français invitait à un récital quasi confidentiel (près de 150 spectateurs) dans le salon Gustave Eiffel de la Tour pour la 2ème édition du Festival de Paris. 
Avec la complicité de la pianiste Thuy Anh Vuong et de façon magistrale, il rend hommage aux mélodies tristes, nostalgiques ou poétiques de Schubert, Schumann, Ibert et Fauré.

Ludovic Tézier ressuscite la noblesse du Lied, un enchantement dans ce décor insolite et propice à l’intimité avec l’une des plus belles voix actuelles. Côté jardin, une vue sur le Paris-Butte Montmartre de La Bohème, côté cour, le ballet des touristes et ascenseur dans la transparence des façades, le tout baigné de la lumière irisée d’une fin de journée d’été.

Chant raffiné, magnétique, ennobli du phrasé spécifique d’un grand conteur. Timbre ensorcelant pour profiler ces poèmes tragiques en jouant sur la délicatesse des nuances, martelant la souffrance d’un aigu saisissant.

L'Heure espagnole et Gianni Schicchi à Bastille

Commedia dell’arte horlogère et complot burlesque à l’héritage

L’Heure espagnole. Nicolas Courjal, Philippe Talbot,
Clémentine Margaine, Stanislas de Barbeyrac et Thomas Dolié
19 juin 2018 : Pour Laurent Pelly, l’Opéra Bastille est un espace de création qui permet de révéler la modernité fantaisiste de ce alliance d’ouvrages. Un metteur en scène qui remet les horloges à l’heure en faisant acte de création apprécié chaleureusement de tous, cela devient rare !

L'Heure espagnole et Gianni Schicchi, deux opéras en un acte créés à 7 ans d’intervalle, l’un dans la jeunesse de Maurice Ravel et l’autre dans la maturité de Giacomo Puccini, deux univers musicaux réunis par la comédie. Deux distributions en or, deux mises en scène inspirées doublées d’une direction d’acteurs exemplaires et deux fois plus de bonheur léger. Direction au diapason du jeune chef Maxime Pascal.

Parsifal à l'Opéra de Paris

Parsifal © Emilie Brouchon / OnP
Wagner, Mattei et Jordan

22 mai 2018 : Après de lourds ennuis techniques l'ayant obligé d'annuler quatre représentations, l'Opéra de Paris présente enfin Parsifal de Richard Wagner
Une œuvre forte qui transporte dès les premières mesures, très peu d’œuvres ont ce privilège. C’est l’opéra de la compassion et de la rédemption universelle. Dès le prélude, Wagner créé un espace musical où le temps s’arrête, le son émerge de la fosse, immatériel, irréel, et l’émotion nous gagne. "Ici, le temps devient espace" chante Gurnemanz au I.


Cet univers envoûtant est déployé dans chaque pupitre, qualités admirables de l’Orchestre et du Chœur de l’Opéra de Paris sous les tempi lents et méditatifs de la direction de Philippe Jordan. "La musique est une nourriture émotionnelle qui synchronise les gens entre eux." dit-il. Comme souvent, ce chef cherche ce qui est grand, beau, sublime. Attentif et concentré, sa force tranquille s’efface derrière la musique, hors du temps, au plus près de l’âme et de l’intense spiritualité de l’ouvrage. Chef et musiciens nous laissent admiratifs du travail accompli gratifié d’une ovation des plus chaleureuses. 


Olga Peretyatko et Benjamin Bernheim à la Philharmonie

Concert enchantant

20 mai 2018 : Soirée charme et décibels qui a réuni la soprano russe Olga Peretyatko et le ténor français Benjamin Berheim à la Philharmonie de Paris.
Bonne humeur et plaisir de chanter partagés pour nous gratifier de quelques bijoux populaires de Bellini, Donizetti, Verdi et Gounod.

Olga Peretyatko est l’une des plus belles voix de soprano apparue ces dix dernières années. Ses moyens vocaux, sa virtuosité de belcantiste et sa beauté radieuse de diva la rendent irrésistible. 
D’entrée, elle aborde sportivement "Casta Diva", armée d’une puissance dramatique qu’elle étoffe d’année en année. Une sensibilité qui s’affine avec les rôles forts, révélant une Violetta infiniment touchante. Tour à tour Juliette, Linda, Lucia ou Gilda, pétulante ou grave, elle incarne tout avec une énergie formidable. Un entrain qui l’habite depuis la chorale d’enfants du Théâtre Mariinski de Saint-Petersbourg, sa ville natale, où elle croise son aînée Anna Netrebko. 

Lucrezia Borgia de Donizetti au Bayerische Staatsoper

Bel Canto Roi et Reine

Edita Gruberova, Juan Diego Flórez 
© Wilfried Hösl / BSO
5 mai 2018 : Lucrezia Borgia, une course folle aux billets pour cette reprise de la production de 2009 au Bayerische Staatsoper, motivée par la rencontre de la mère empoisonneuse et de son fils illégitime sous les traits d’Edita Gruberova et Juan Diego Flórez. Tous deux follement acclamés, Grubie pour sa longévité et son sang-froid dans les fureurs royales, le ténor pour son art du bel canto qu’il porte en lui poétiquement et intensément.

Après le concert de Salzbourg en août dernier, c’est sa première scénique dans le rôle de Gennaro : beauté radieuse d’un timbre enjôleur, agilité vivifiante et légato de miel. L’énergie à l’œuvre dans les aigus est toujours un régal, comme la perfection technique polie par les années et l’élégance du phrasé. La beauté de son "Partir deggio...T'amo qual" ouvrant l’acte II soulève la salle. Une merveille de chant et de sons purs ayant pour vertu d’adoucir dans l’instant tous les conflits de l’âme !
D’entrée, Edita Gruberova fascine par son timbre unique et l’impact d’une voix consistante capable d’autant de véhémences contrôlées et de suraigus emblématiques que de plaintes parmi les plus douces. Mais aussi, attachante prestation d’une artiste qui n’a pas cessé de démontrer l’impossible. A 71 ans, ce n’est pas la moindre des prouesses que de toujours s’investir et oser les rôles plus lourds plus d’un demi siècle après la Rosine de ses débuts. Certes, la voix s’émousse de quelques imperfections et mais l’altitude reste impressionnante.

Saison 2018-19 au Wiener Staatsoper

Chaque soir un opéra depuis 150 ans

Wiener Staatsoper de nuit © Axel Zeininger
22 avril 2018 : L'Opéra de Vienne fête ses 150 ans et met clairement l'accent sur les 19e, 20e et 21e siècles pour les 6 nouvelles productions de 2018-19
A l'affiche : Les Troyens de Berlioz, Die Weiden de Johannes Maria Staud sur un livret de Durs Grünbein, Orest de Manfred Trojahn, Lucia di Lammermoor de Donizetti et Otello de Verdi. 

Le point culminant de la saison sera La Femme sans ombre de Richard Strauss pour le 150ème anniversaire du Staatsoper le 25 mai 2019. L’opéra voyagera dans les théâtres lyriques de Vienne et d’Autriche.
Vincent Huguet, dernier assistant de Patrice Chereau, se voit confier la mise en scène. Une distribution de haut niveau regroupant Nina Stemme, Camilla Nylund, Evelyn Herlitzius, Stephen Gould et Wolfgang Koch. 

Luisa Miller de Verdi au Metropolitan Opera

Coup de coeur !

Plácido Domingo et Sonya Yoncheva ©Chris Lee / Met 

15 avril 2018 : Une belle soirée de retransmission d’opéra comme on les aime : le génie de Verdi, des voix de caractère, une tragédie déchirante sur l’amour paternel, un père et sa fille désarmés et désarmant dans un monde hostile, un opéra aux vertus authentiques, vocalement et musicalement.

Luisa Miller, opéra rarement joué, recèle de mélodies passionnées et d’admirables moments de lyrisme. Un 1er acte belcantiste avec ses airs bondissantes, un 2ème qui s’assombrit avec le plaidoyer de Luisa et le duo pour deux basses (Alexander Vonogradov et Dmitry Belosselskiy). Dans l’acte final digne d’un Otello avant l’heure, Verdi soigne les derniers duos père-fille et amants dans une explosion émotionnelle qui nous laisse totalement désarmés…et enchantés. 

Plácido Domingo, Sonya Yoncheva, Piotr Beczala, les voix ont régné en maître répondant aux exigences des rôles avec grâce et émotion, une première fois pour chacun.

Benvenuto Cellini de Berlioz à Bastille

Hauts les chœurs !

©Agathe Poupeney / OnP
5 avril 2018: Ce Benvenuto Cellini dans la version Terry Gilliam qui sillonne l’Europe depuis quelques années arrive enfin à l'Opéra de Paris. La mise en scène extravagante du très inventif cinéaste, ex-Monty Python iconoclaste, séduit et amuse. 

Une production pleine de fantaisie, de couleurs et de mouvements de scène sans que jamais on ne perde le fil de l’intrigue campée autour d’un Mardi Gras. Entre pluie de confettis déversés dès l’ouverture dans l’immensité de Bastille et paillettes multicolores qui se déposent sur nos vêtements en final, solistes, choristes, jongleurs et acrobates s’invitent dans cette folie théâtrale jubilatoire. 

Hector Berlioz s’inspire de la vie de cet orfèvre-sculpteur de la Renaissance pour composer son 1er opéra : le Florentin accéda à la renommée en dévoilant sa structure monumentale - Persée tenant la tête de Méduse – réalisée pour son Mécène de Médicis. Benvenuto Cellini fut un échec retentissant dès sa première représentation à l’Opéra de Paris en 1838, suivi d’une éclipse de cette scène jusqu’au début du XXème siècle.

Saison 2018-19 au Royal Opera House

Exciting season & All-star cast

3 avril 2018: Après Munich, Londres annonce la saison 2018-19. 
Le programme du Royal Opera House affiche cinq nouvelles productions et débutera en septembre par le Ring de Wagner dans la mise en scène de Keith Warner sous la direction d’Antonio Pappano.

"Un mélange irrésistible de très grands chanteurs internationaux et britanniques, de nouvelles productions passionnantes et de reprises du répertoire" selon Oliver Mears, son nouveau Directeur de 38 ans, le plus jeune de toute l’histoire de Covent Garden.

De belles distributions conviant biggest opera stars in the world : Plácido Domingo, Anna Netrebko, Jonas Kaufmann, Ludovic Tézier, Erwin Schrott, Diana Damrau, Ermonela Jaho, Michael Fabiano et Eva-Maria Westbroek.
Dernière reprise du Ring en quatre cycles complets avec son casting de Wagnériens: John Lundgren, Nina Stemme, Stuart Skelton, Emily Magee et Sarah Connolly.

Saison 2018-19 au Bayerische Staatsoper

200 ans sans éclipse

18 mars 2018 : A l’heure du brunch dominical, le Bayerische Staatsoper vient d’annoncer la saison 2018-19. Ce sont 8 nouvelles productions qui ont été présentées aux invités bavarois et sur Staastoper.TV par Nikolaus Bachler, Directeur Général, et Kirill Petrenko, Directeur musical.

Munich, place lyrique des plus vivantes où il fait bon aller entendre le lustre musical des grandes voix et découvrir son esprit aventureux en matière théâtrale. En 2018, le Bayerische Staatsoper célèbre un double anniversaire : le Nationaltheater a été construit il y a 200 ans et il y a 100 ans qu’il fut transféré par le Monarque à la jeune République de Bavière.
Objet de discussions régulières, aimé ou détesté, le BSO diffusera divers événements spéciaux et projets en cette année anniversaire, sous le titre Loved and hate

Saison 2018-19 au Metropolitan Opera

L’abonnement premières loges est ouvert

25 février 2018 : Chaque année, les fidèles de ces retransmissions découvrent le programme de la nouvelle saison Live HD avec beaucoup d’enthousiasme, le Metropolitan Opera élisant nouvelles productions et plus grandes stars.
Sur les 29 opéras de la saison, les 4 nouvelles productions et 4 opéras en français sont au programme.   

Après plusieurs saisons d’absence, Jonas Kaufmann revient en bandit du Golden West et Juan Diego Flórez chante Alfredo Germont pour la première fois. 
Anna Netrebko chante Aïda (après sa prise de rôle à Salzbourg en 2017) puis Adriana Lecouvreur dans l’élégante production londonienne de David McVicar. 
La Tétralogie de Wagner dirigée par Philippe Jordan, la production de Robert Lepage. Yannick Nézet-Séguin succède à James Levine à la Direction musicale du Met.

Mais aussi Roberto Alagna, Elina Garanca, Diana Damrau, Piotr Beczala, Anita Rachvelishvili, Clémentine Margaine, Pretty Yende,...


Le rajeunissement est en marche à l'opéra

Opéra Garnier © Chan Richie

22 février 2018: Cette semaine, The New-York Times pointait "l’improbable révolution jeune à l’Opéra de Paris". 


Rendre possible l’ouverture et l’accessibilité à l’opéra, Stéphane Lissner s’y emploie pour la 4ème année consécutive. Avec des avant-premières à 10€ pour les moins de 28 ans et une réduction de 40% pour les trentenaires, c’est 95 000 nouveaux venus, soit 10% des billets vendus. 

Les actions entreprises pour rajeunir le public se poursuivent. En 1980, l’âge moyen du public était de 65 ans, il est de 45 ans en 2017. Mais Paris n'est pas seul : 39% des réservations au Royal Opera House de Londres ont désormais 40 ans ou moins. En comparaison, il est de 58 ans au Met de New-York et 54 ans au Staatsoper de Berlin. 


Italienisches Liederbuch à la Philharmonie de Paris

Petits instantanés de la vie amoureuse

17 février 2018 : Les nombreux bouquets et cadeaux offerts à Diana Damrau et Jonas Kaufmann à la fin du concert expriment le respect, la reconnaissance et l’admiration voués par le public à ce duo vocal de grande qualité. 
Italienisches Liederbuch, deux voix, un piano et 46 courtes pièces dédiées à l’expression amoureuse. En nous promenant dans les labyrinthes de la vie à deux, Hugo Wolf souligne les mille manières dont les atomes amoureux entrent, sans cesse, en collision.

Hommes et femmes se confrontent un jour à la face sombre des beaux sentiments mais ne se comportent de la même façon. A lui, les sérénades charmeuses, la ruse et l’indifférence hargneuse. A elle, les bouderies, l’ironie et le dépit. Sentiments doux-amers, jalousie, fâcheries, pour mieux se retrouver et s’aimer.
Avec délicatesse, les deux artistes nous invitent à écouter la musique de ces expériences authentiquement humaines. Ils portent le texte, avec chair et sensibilité. Tous deux excellent dans l’art de la suggestion, de l’expression du sentiment évoqué par le poème, de la diction accomplie. Un récital de charme par un duo vocal réuni pour la première fois en concert, soutenu par l’excellent piano d’Helmut Deutsch.

Saison 2018-19 à l'Opéra de Paris

Audace et tradition

30 janvier 2018 : L’Opéra de Paris annonce 19 titres dont 7 nouvelles productions pour la saison 2018-19. De nouvelles sources d’exaltation pour tout amateur d’opéra et un enthousiasme renouvelé pour l’institution parisienne depuis la prise de fonction de Stéphane Lissner. Il avait promis "les plus grands chanteurs, les plus grands musiciens, les plus grands metteurs en scène", promesse tenue. Le seul bémol revient peut-être à "l’audace" théâtrale de certaines figures de la mise en scène, appréciée de façon mitigée par le public. De belles surprises et débats en perspectives !

Ouverture de la saison avec Tristan et Isolde selon Peter Sellars et Bill Viola. Les nouvelles productions sont confiées aux audacieux : Claus Guth pour la création mondiale de Bérénice de Jarrell, la monumentale fresque de Meyerbeer Les Huguenots à redécouvrir dans la vision d’Andreas Kriegenburg, le sulfureux Calixto Beito pour Simon Boccanegra, Dmitri Tcherniakov pour Les Troyens, Romeo Castelluci pour Il Primo Omicidio de Scarlatti, Krzysztof Warlikowski pour Lady Macbeth de Mzensk et Ivo Van Hove pour Don Giovanni

Anja Harteros à la Philharmonie

22 janvier 2018
Anja Harteros chante les Wesendonck-Lieder, hors du temps, hors du monde, à la Philharmonie de Paris.

Il faut à peine quelques secondes pour succomber aux sortilèges de l’une des sopranos les plus fascinantes de sa génération. Port de reine, noblesse, grâce, la voir apparaître sur scène, c’est déjà l’entendre chanter. 

La beauté envoûtante de son chant capture immédiatement l’attention, installant le silence d’où émerge l’émotion intime. De celle qui ne nous quitte plus, comme un sésame pour accéder à la richesse d’une voix céleste. De celle qui rejoint notre sensibilité souterraine qui resurgit à fleur de peau. 

Meilleurs Voeux 2018



Aux amoureux de l’art lyrique, je souhaite le plaisir de succomber de nouveau à ses sortilèges en 2018. A ses interprètes, de garder cette passion du chant qui les anime pour nous enchanter du merveilleux de leur voix.
Immatérielle et évanescente comme le souffle qui l’a créée, la voix unit les chanteurs aux spectateurs qui l’accueillent comme un miracle car tellement vulnérable. 

L’artiste lyrique conjugue deux dispositions qu’il relie harmonieusement : le développement de sa voix comme un sportif pour survoler l’orchestre et la dimension expressive pour faire entendre la voix humaine parée de toutes ses émotions. 
L’espace d’un chant, on entend l’écho de son propre cœur, parce qu’à l’opéra, tout est plus fort, y compris les émotions.

L’année 2017 s’est refermée sur ces moments insaisissables avec quelques images au-dessus des autres : Lohengrin, Otello, Don Carlos, Andrea Chénier, Eugène Onéguine et les adieux de La Maréchale. 

Bonne Année 2018 ! Happy New Year ! Frohes Neues Jahr ! Felice Anno Nuovo ! Feliz Año Nuevo ! С Новым Годом !