Zapping de Fêtes

Les médias TV-web saisissent l'occasion des Fêtes pour poser quelques cadeaux lyriques au pied du sapin.
A découvrir sur Arte, France 2, Mezzo et Staatsoper TV.

21 décembre à 00h20 (22/12): Rigoletto de Verdi dans la production de Claus Guth de 2016 à l’Opéra de Paris sur France 2. 
Avec de nouveaux talents qui mis le public à leurs pieds pour leur première apparition à Bastille : le baryton hawaïen Quin Kelsey et son timbre qui donne des frissons, Olga Peretyatko et ses aigus cristallins en divine Gilda et Michael Fabiano dans le rôle du Duc de Mantou, libertin et cocaïnomane.

23 décembre à 18h10 : Pavarotti, hommage aux arènes de Vérone sur Arte. 10e anniversaire de sa mort avec Plácido Domingo et José Carreras en "duos virtuels".

23 décembre à 20h00 : Belcanto Christmas sur medici.tv avec Juan Diego Flórez en concert à l'Académie Santa Cecilia de Rome et Sir Antonio Pappano qui dirige Mozart, Rossini, Donizetti, Offenbach, Puccini et Verdi.

Andrea Chénier à l'Opéra de Bavière

L'Opéra-passion


Anja Harteros et Jonas Kaufmann
BSO - © W Hoesl
Demandez à tous ceux qui sortaient de cette représentation pourquoi leur passion pour l’opéra n’est pas prête de s’éteindre : Jonas Kaufmann et Anja Harteros en habitent les sommets, là est sans doute la beauté de cet Andrea Chénier.

Tel un peintre du XVIIIe témoin de la Révolution Française, Philipp Stölzl nous charme de ses images poudrées et de son théâtre qui réveille notre âme d’enfant. Magie du vérisme, la musique d’Umberto Giordano est l’incarnation la plus enthousiaste et extatique de cette époque.
La joie peut être une ivresse lorsque la musique, les voix, le théâtre et l’amour par procuration trouvent dans ses interprètes de quoi ériger l’un de nos plus beaux souvenirs.

Avouons-le, nous allons aussi à l’opéra pour vivre nos passions secrètes par héros interposés. Et chaque fois que ce couple lyrique chante ensemble l'amour et la mort, le spectateur est "soumis" à un débordement émotionnel. Sonorité royale et moyens victorieux, deux voix unies dans l’intensité passant les flammes de l’orchestre, mais toujours individuellement audibles et magnifiques. 


De la Maison des Morts de Janácek à l'Opéra Bastille

D’une force inouïe

© Elisa Haberer, Opéra de Paris
27 septembre 2017 : L’ouvrage du compositeur tchèque revit à l’Opéra de Paris dans la production de Patrice Chéreau, dix ans après sa création à Vienne, déjà sous l’impulsion de Stéphane Lissner

Expérience immersive intense d’où jaillit une émotion qui ne nous quitte pas. Un spectacle fascinant dont la puissance repose sur la convergence de la musique âpre mais d’un lyrisme déchirant, du pathétique de ces vies brisées et de l’humanité dans le regard du metteur en scène. 

Lorsqu’il meurt en août 1928, Janácek vient d’achever cet opéra, son neuvième, d’après les souvenirs des quatre années de bagne de Dostoïevski. Il met en scène des exclus, des prisonniers politiques et des meurtriers dans un bagne de Sibérie où ils sont condamnés à terminer leur vie. Des hommes enfermés accablés dont nous allons entendre les plaintes et les aveux. Car dans cet opéra carcéral et masculin où même la lumière est glacée, tout n’est pas désespéré. "En chaque homme, une étincelle divine", les mots de Dostoïevski sont en exergue de la partition. 

Juan Diego Flórez au Théâtre des Champs Elysées

Jour de fête !

12 novembre 2017 : "Ah ! Mes amis, quel jour de fête ! ", le premier bis de Juan Diego Flórez pourrait résumer cette magnifique et jubilatoire soirée. 
Dans tous les répertoires abordés, le ténor anoblit l’art du chant. 
Musicien hors pair né avec un charme vocal et une virtuosité athlétique, il n’a cessé de perfectionner ses qualités dans toutes les langues désormais. 

Prince des charmeurs pour une première partie consacrée à Mozart, un baume sur le phrasé. Il façonne les lignes d’une sensibilité innée pour Don Ottavio et Tamino et il pare Idomedeo de colorature, il n’a rien perdu de son passé belcantiste.

Maria by Callas, l'exposition

En tête à tête avec la Divina


12 novembre 2017 : Il ne vous reste qu’un mois pour vous immerger dans l’intimité de Maria by Callas, la première exposition de la Seine Musicale qui rend hommage à la cantatrice. Ce parcours d’une prodigieuse richesse la remet au centre du récit de sa vie, balayant beaucoup de contre-vérités qui ont édifié sa légende.

Il y a 40 ans que Maria Callas s’est tue, jamais éclipsée encore moins oubliée. Apparue comme un météore dans le monde des "chanteurs vieux style avec des conventions ridicules dignes du cinéma muet", elle fut l’astre qui révolutionna le lyrique, apportant du neuf au théâtre en y semant la vérité et la tragédie. 

Casque audio vissé sur les oreilles, cette expérience intime nous laisse en tête à tête avec la Divina. Maria raconte Callas dans la profondeur de confessions intimes, touchante et pudique. On réalise à quel point elle a intimement payer le prix de la dévotion à son art. La presse aimait propager l’image d’une diva capricieuse, c’était oublier son exigence, la recherche de la perfection dans un travail rigoureux comme ses fastidieux apprentissages des partitions, tellement myope qu’elle devait tout apprendre par cœur. 
Au fil de l’écoute, sa voix nous guide, son chant éveille à l’émotion pure. "Chanter, pour moi, n’est pas un acte d’orgueil, mais seulement une tentative d’élévation vers ces cieux où tout est Harmonie" disait-elle.


Don Carlos à l'Opéra de Paris

La tête dans les étoiles

©Agathe Poupeney/OnP
23 octobre 2017 : S’il est fréquent de programmer Don Carlo en italien, il est très rare de monter Don Carlos, l’œuvre en 5 actes sur un livret en français telle que Verdi la livra à l’Opéra de Paris il y a 150 ans. Il est tout aussi rare d’y convier cinq interprètes dans l’âge d’or de leurs performances vocales: Jonas Kaufmann,Sonya Yoncheva, Elina Garanca, Ludovic Tézier et Ildar Abdrazakov. Des voix rompues à l’intensité capables de débordements héroïques et d’intériorité profonde. 

Les grandes espérances de ce Don Carlos auront tenu toutes leurs promesses, ce sont cinq heures d’un festin vocal qui filent comme un rêve éveillé. D’autant que cette partition de Verdi est purement envoûtante, une œuvre forte au style musical si abouti que l’on a du mal à imaginer que sa création connut un accueil mitigé. 

En contraste avec l’or pur, la mise en scène de Krzysztof Warlikowski n’éblouit pas. En confiant cette nouvelle production au metteur en scène polonais, Stéphane Lissner savait que sa conception serait assez éloignée de l’Espagne de Velázquez. Elle se révèle un peu fade et froide, loin des brûlures de la partition. Personnellement, je lui reprocherais son absence d’obligeance envers cette pléiade d’étoiles réunies pour transcender ce chef-d’œuvre de Verdi. 
Ce sont les voix qui prennent toute la place et on en oublie la mise en scène.

"Mon âme a reconnu votre âme" de Cathie Hubert

Poèmes et peintures inspirés par Jonas Kaufmann

"Mon âme a reconnu votre âme" chante Werther à Charlotte dans l’opéra de Jules Massenet, c’est aussi le titre du recueil de poèmes, dessins et peintures de Cathie Hubert, inspirés par la voix prodigieuse de Jonas Kaufmann

Un soir de 2010, lorsque le rideau se lève, le public parisien ne sait pas encore que l’ombre bleutée de ce Werther va les plonger dans une délicieuse catharsis pendant trois heures. Synchronicité aurait dit C.G. Jung, la coïncidence significative qui saisit, les mots du poète résonnaient dans le cœur et l’âme de chacun.

Pour Cathie Hubert, c’est après avoir vu Jonas dans Manon Lescaut à Londres en 2014 que ce livre s’est imposé. C’était la découverte qu’une grande émotion peut modifier le cours d’une vie et ouvrir un nouveau chemin de création. Dans un second livre intitulé "Capteur de Merveilles", elle lui rend une nouvelle fois hommage : "Je dessine les sentiments que sa voix m’inspire, ce qu’il exprime, ce qui fait battre le cœur et l’âme lorsque je l’entends et le regarde".

Artiste peintre depuis près de 30 ans, elle est aussi poète et amoureuse de l’art lyrique. "J’aime l’opéra, l’art, les livres et tout ce qui parle à l’âme" dit-elle. Car c’est bien l’authenticité du contact d’âme à âme entre ce ténor et son public que l’on capte immédiatement qui fait la puissance de ce lien subtil qu’elle met en poèmes et en images.

Exposition Mozart au Palais Garnier

"Je mets ensemble les notes qui s’aiment"

© Christophe Pelé / Opéra national de Paris
31 juillet 2017 : Pour ceux qui restent en ville cet été, allez voir (et entendre) cette remarquable exposition qui relate les relations particulières et passionnées qui liaient Mozart et la France: "Mozart, une passion française".

Car le compositeur le plus joué à l’Opéra Garnier a dû faire face au mépris et aux controverses de l’intelligentsia parisienne avant que son génie musical soit reconnu post mortem.

Pour exemple, dans ce temple du goût qu’est l’Opéra de Paris en 1805, un débat fait rage autour de Don Giovanni controversé car remanié pour sa création. Les adversaires du compositeur dénoncent le "tintamarre confus" de la musique allemande, et ses partisans qui, ne reconnaissant plus ses œuvres, crient au "vandalisme".

La Bibliothèque nationale de France et l’Opéra de Paris ont réuni plus de 140 pièces - certaines inédites - pour retracer les grande étapes de la reconnaissance du compositeur par le public français : manuscrits et dessins originaux, portraits d’artistes ayant croisé Mozart ou l’ayant interprété, maquettes de costumes et projets de décors pour ses opéras.
Présentation chronologique en trois actes de ces relations tumultueuses puis apaisées : les trois séjours de Mozart à Paris, l’adaptation de ses œuvres au goût français et sa consécration sur les scènes lyriques.

Les attraits de la rentrée

Coming soon…

24 juillet 2017 : Pour ceux qui n’ont plus besoin de rien pendant les vacances, quelques albums et autres attraits qui les attendent à la rentrée. 
Dans le sillage de Jonas Kaufmann, Juan Diego Flórez et Elina Garanca.

L’effet magique de "L’Opéra"
C'est le nouvel album de Jonas Kaufmann consacré à l’opéra français dont tout le monde parle déjà : Gounod, Berlioz, Massenet, Bizet mais aussi Offenbach (Contes d'Hoffmann), Meyerbeer (L‘Africaine), Halévy (La Juive), Thomas (Mignon) ou Lalo (Le Roi d’Ys). Parution à partir du 15 septembre.

Et Don Carlos, la version française et son casting 5 étoiles en octobre à Bastille.
Son récent Otello devrait paraître un jour de 2018 en DVD. Tout comme d’autres productions du Royal Opera House : Boris Godounov/Bryn Terfel, Norma/Sonya Yoncheva, Joseph Calleja), Lucia di Lammermoor/Diana Damrau, Ludovic Tézier, Les Contes d’Hoffmann/Vittorio Grigolo (Catalogue Unitel 2017)

Otello de Verdi au Royal Opera House

Le chant comme une œuvre d’art


Jonas Kaufmann - Otello
©Catherine Ashmore /ROH
27 juin 2017 : Le rôle des rôles, si exigeant qu’il convient de le mûrir et de le façonner musicalement. Jonas Kaufmann s’y prépare depuis longtemps et ce moment tant attendu fait le bonheur du public du Royal Opera House, et le mien en particulier.

Toute prise de rôle du ténor est une nouvelle expérience esthétique personnelle. Une fois de plus, l’esthète musicien m’a émue et fascinée. 
Sérénité, maîtrise et musicalité inégalée s’unissent pour offrir un Otello incomparable, au sens "déjà connu comparable".

Le chant comme une œuvre d’art. Son Otello tient sa beauté dans son interprétation en résonance avec les sentiments, les motivations et les cicatrices du personnage. Le chant viril, le timbre velours, la sensibilité, le pianissimo, les nuances en manifestent les détours.

Otello à Londres, prise de rôle de Jonas Kaufmann


14 juin 2017 : Le Royal Opera House présente une nouvelle production d’Otello de Verdi à partir du 21 juin. Les fans d'opéra du monde entier attendent avec impatience les débuts de Jonas Kaufmann dans le rôle-titre. Une chance que cette nouvelle production de Keith Werner soit relayée en direct en salles de cinéma le 28 juin prochain !


Dans cette tragédie passionnelle et sanglante, on retrouve les thèmes favoris de Verdi : la jalousie et la vengeance, la manipulation, la violence des contrastes avec la pureté de l’héroïne et la grandeur du héros. Un sens aigu du drame polarisé autour de moments d’action intenses, une musique d’une grande puissance expressive traduisant les pires travers de l’humanité, des arias superbes, Verdi laissant la primauté à la voix. 

Et quel rôle ! L’un des plus exigeants, d’une vocalité hors norme, dans lequel Jonas Kaufmann saura saisir le spectateur de l’emprise de sa voix, matière première de la souffrance et du désespoir dans ce contexte shakespearien. Au-delà de la musicalité du chanteur, c'est le supplément de vérité qui lui permet de nous toucher au cœur, avec cet investissement si profond dont il est capable.

Renée Fleming fait ses adieux à la scène


Le 13 mai dernier, Renée Fleming chantait ses adieux à la Maréchale sur la scène du Metropolitan Opera
Son dernier Chevalier à la Rose, une nouvelle production de Robert Carsen, et un public ému. 

Chère Renée Fleming
Même si vous faites savoir à tous les dévots à votre voix partout dans le monde que vous n’êtes pas prête pour la retraite, permettez-moi de me joindre au concert de soupirs pour votre dernière apparition dans un opéra. 
Dans cet opéra de Richard Strauss, la Maréchale est une femme belle que la maturité et la sagesse empêchent de s’illusionner sur l’amour pour un homme beaucoup plus jeune. Cette méditation suprême sur le vieillissement et le passage du temps restera l’éloquent choix d’un adieu à trois décennies de votre vie de soprano.


Eugène Onéguine de Tchaïkovski à Bastille

La quintessence de l’âme russe

Peter Mattei (Onéguine) et Anna Netrebko (Tatiana)
© Guergana Damianova /OnP
20 mai 2017 : Deux artistes magnétiques viennent d’incendier les cœurs sensibles à l’Opéra Bastille. Anna Netrebko et Peter Mattei, Tatiana et Eugène, incarnent la double perfection dramatique et vocale. 
Exploration mélancolique d’un amour malheureux, Eugène Onéguine est une œuvre qui touche profondément, sur le temps qui passe inexorablement et les rendez-vous manqués avec nous-mêmes.

Dans un décor unique et intemporel, la magie de l’émotion opère grâce à ces deux interprètes et à la puissance de cette musique. La conception minimaliste de Willy Decker focalise notre regard sur eux. Nous sommes au plus près de l’intensité de leurs émotions, de leur intériorité - évolution de l’une et involution de l’autre -, de la dramaturgie de cette histoire d’amour vécue à l’envers. Les autres personnages s’évanouissent dans la mort ou dans l’oubli, tels Lenski ou Olga.

Et la musique de Tchaïkovski qui étreint. Mélange de doux lyrisme, de pathétique, de mélancolie et de poésie, le génie du compositeur est d’avoir réussi à exprimer par sa musique le secret des cœurs et la profondeur des sentiments.

La Fille de neige de Rimski-Korsakov à Bastille

A fondre de plaisir

27 avril 2017 : La Fille de neige, une petite merveille lyrique qui fait son entrée à l’Opéra de Paris. C’est donc totalement pur comme neige que l’on découvre cet opéra riche de mélodies de la culture populaire russe. On assiste à une fête joyeuse peuplée de personnages de conte qui accompagnent chaque enfant en Russie. 
La musique  de Rimski-Korsakov est pleine d’imagination, d’émotion et de mélancolie. On ressort pieds ailés de ce spectacle où l’âme russe d’essence tendre et généreuse s’unit au culte de la nature.
Une nouvelle production de Dmitri Tcherniakov qui a enchanté les spectateurs de Bastille. Le chant du beau berger Lel fait fondre le cœur des filles, la fille de neige succombe au premier rayon de soleil et le public fond de plaisir sous l’effet de la grâce de la musique et de ses interprètes.
On est sous le charme d’Aida Garifullina qui faits ses débuts à l'Opéra de Paris. Silhouette gracile, teint de porcelaine, sensibilité du jeu, la jeune soprano russe est lumineuse de timbre et de fraîcheur. Une belle découverte à suivre. Comme le contre-ténor Yurly Mynenko et ses aigus veloutés ensorcelants, dans le rôle de Lel, androgyne et pure émanation de la nature. Dans le rôle de la fiancée éconduite Koupava, Martina Serafin est remarquable de présence scénique. Impact d’une voix voluptueuse aux aigus tranchant, elle s’épanouit dan ce rôle qui lui convient à merveille. 

"L'Opéra", côté coulisses

Captivant documentaire sur l'Opéra de Paris

Les passionnés d'art lyrique, comme moi-même, seront enthousiasmés, séduits et émus. Tous ceux qui voient cet art de plus loin devraient sentir poindre une passion naissante. 

Le film s’ouvre dans la plénitude absolue de l’ouverture des Maîtres Chanteurs de Nuremberg dirigé par Philippe Jordan, Directeur musical de l’institution. Il se terminera par le plus beau des chants du jeune artiste Walther, symbole de l’apport des Maîtres qui initient aux règles de l’art. Comme une ellipse pour résumer cette chronique des jours heureux et malheureux des acteurs d’une production lyrique. 

Pendant deux - trop courtes - heures qui filent avec bonheur, le cinéaste sonde les visages et explore les échanges "ordinaires", témoignant de l’intensité du quotidien de tous les protagonistes. Aucun commentaire, le lyrisme de la musique omniprésente et l’authenticité des échanges volés alimentent notre fascination.

Andrea Chénier au Bayerische Staatsoper

Anna Harteros (Madeleine de Coigny), Jonas Kaufmann (Andrea Chénier)
Photos © Wilfried Hösl / BSO
Bouquet final !

7 avril 2017 : Magnifique spectacle consacré par le talent d’artistes d’une classe folle. Un débordement d’enthousiasme a couronné cette dernière représentation d’Andrea Chénier au Bayerische Staatsoper. Interminables rappels, joie exaltée des chanteurs, ferveur des spectateurs reconnaissant le prix de tels trésors.

Jonas Kaufmann, Anja Harteros et Luca Salsi, trois voix exemplaires modelées par la sensibilité qui se coulent dans désir, peur et courage irrigant cet opéra. Magie de cet ouvrage vériste qui leur permet d’offrir une générosité sans limites.

Béatrice et Benedict à l'Opéra Garnier

Parenthèse enchantée

De g à dte: Didier Sandre, François Lis, Laurent Naouri, Sabine Devieilhe,
Philippe Jordan, Stéphanie d’Oustrac, Paul Appleby et Aude Extrémo.
24 mars 2017
Béatrice et Benedict, dernier ouvrage rarement représenté de Berlioz réserve des purs moments élégiaques. 
Et lorsqu’il est chanté par une dream team" lyrique comme hier soir à l’Opéra Garnier, on ressort le cœur léger, heureux que l’Ecole française possède autant d’interprètes talentueux.
Inspirée de "Beaucoup de bruit pour rien", cette joyeuse alliance de la musique, du théâtre et de l’esprit est un clin d’œil du compositeur à l’Opéra Comique qui doit son existence à son amour pour Shakespeare (et à sa tristesse de fin de vie de ne pas parvenir à faire représenter Les Troyens, sa grande œuvre). 
Deux histoires d’amour se croisent et s’éclairent réciproquement, avec un charme et une élégance toutes juvéniles. Marivaudage des protagonistes balançant entre l’image de l’enfer conjugal et l’extase du sentiment amoureux.
 

Juan Diego Flórez - Récital à Paris

Soirée charme au Palais Garnier

12 mars 2017 : Les récitals de Juan Diego Flórez passent comme un rêve. Le charme enjôleur de la ligne musicale, la délicatesse du souffle infini jusqu’au contre-ut qui tutoie les cimes. 
Elégance, générosité et humour d’un soir, les ingrédients réunis d’un ténor heureux. Avec en plus, ce style si particulier qui donne l’impression de la facilité. 

Fusion des œuvres et des styles, six mélodies et sept airs d’opéra avant de se glisser dans la romance sud-américaine, guitare en plus, comme au temps de sa jeunesse pop. Réunies dans un même programme, les œuvres se font écho. "Un pan de l'histoire de l'opéra se déroule, fédéré par la seul voix de l'interprète qui s'en trouve plus que jamais distinguée". 

La Flûte enchantée à Bastille

La poésie du théâtre de Robert Carsen

Au 1er rang: Pavol Breslik, Kate Royal, Sabine Devieilhe
et René Pape.
24 février 2017: Dans un monde enchanté s’affrontent les puissances obscures de la Reine de la Nuit et celles du Sage Sarastro, entouré de ses adeptes. À l’issue d’un parcours semé d’épreuves, le jeune prince Tamino accède à la vraie sagesse dévoilée aux initiés.
La Flûte enchantée de Mozart est un Singspiel, une espièglerie destinée à divertir un public populaire élevée au rang de conte initiatique par le génie de Mozart. 
Avec cette production créée à Baden-Baden en 2013, Robert Carsen nous invite à une relecture aussi attachante qu’esthétisante, oscillant entre ombre et lumière et dans l’omniprésence de la mort. 
Depuis un soir de 1791, Pamina et Tamino doivent affronter les épreuves pour accéder à la connaissance et l’amour. Aborder ces défis implique qu’ils risquent leur vie, n’ayant pour seules armes que leur amour et une flûte, la musique. "Grâce au pouvoir de la musique, nous marchons avec joie à travers la nuit sombre de la mort". 
L’amour et la musique pour accéder au plus noble sens de l’existence et être confrontés à la vie comme à la mort. Tout cela est très bien dit au fil de la production de Robert Carsen et c’est autour de la fosse d’orchestre que tous les protagonistes habillés de blanc viendront chanter la victoire des lumières sur les ténèbres. 

Saison 2017-18 au Metropolitan Opera

Temps forts, stars et co-productions

16 février 2017: Cinq nouvelles productions verront le jour à New-York lors de la prochaine saison 2017-18 du Metropolitan Opera qui comptera 26 opéras pour 220 représentations.

La saison s'ouvre sur Norma de Bellini confiée à Sir David McVicar avec Sondra Radvanovsky dans un des ses rôles fétiches, face à Joyce DiDonato en Adalgisa et Joseph Calleja en Pollione.

Puis la première nord-américaine de L’Ange Exterminateur de Thomas Adès, basée sur le scénario surréaliste de Luis Buñuel dans la production Tom Cairns pour Salzbourg en 2016.

Sir David McVicar sera très occupé à New-York puisqu’il mettra de nouveau tout son talent au service de Tosca de Puccini. Un Nouvel An très chaud réunissant trois tempéraments artistiques : Jonas Kaufmann, Kristine Opolais et Bryn Terfel. Puis plus tard, d’autres tonalités avec Anna Netrebko pour sa première Floria Tosca au Met, Marcelo Álvarez et Michael Volle.

Jonas Kaufmann incarne Lohengrin à Bastille

Lohengrin descendu du ciel

Jonas Kaufmann, Lohengrin D.R.
16 février 2017 : Jonas Kaufmann est décidément le meilleur Lohengrin actuel. Le ténor aimé des dieux et des mélomanes revenait sur scène en janvier après cinq mois d’absence et d’émois intimes cachés derrière le sourire. Une croisade dans le silence d’une des plus belles voix du monde. Puis la cicatrisation tant attendue d’un micro-vaisseau le ramène à Paris.

Un retour dans un rôle qu’il affectionne particulièrement "J'aime Lohengrin, surtout dans cette configuration avec Claus Guth et Philippe Jordan" confessait-il récemment. 
Répertoire exigeant où le ténor distille ce timbre unique, ces envolées ardentes et ce pianissimo élégiaque culminant dans son récit du Graal d'anthologie. Jonas Kaufmann possède ce pouvoir magique de nous enfermer dans une bulle temporelle alors que la musique semble l’engloutir corps et âme.

Meilleurs Voeux 2017


Entre ceux qui font de la musique le pur langage des émotions et les philosophes, poètes, écrivains, interprètes, personnalités ou scientifiques, le champ des langages se décuple à l’infini.

Pour le philosophe: "La musique donne une âme à nos cœurs et des ailes à la pensée" (Platon)

Pour le poète: "La musique est la vapeur de l'art. Elle est à la poésie ce que la rêverie est à la pensée, ce que le fluide est au liquide, ce que l'océan des nuées est à l'océan des ondes." (Victor Hugo)

Pour l’écrivain:"La musique panse notre inquiétude fondamentale: que faisons-nous sur terre, avec ce corps friable et cette pensée bornée? Apaisante, tout entière dévouée à la célébration de l'être, elle nous arrache à la tentation du vide et nous remet sur le chemin de la vie." (Eric Emmanuel Schmitt)