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Tristan et Isolde à l'Opéra de Bavière

Tristanesque !

31 juillet 2021: Ce premier Tristan de Jonas Kaufmann est magistral: la vibration, les couleurs, le souffle, l’engagement dramatique. Le chant vérité et son pouvoir d’ouvrir les cœurs. 
Pour cette dernière représentation au Bayerische Staatsoper (vue en streaming), on attendait de lui le plus rare à entendre et nous avons été comblés !
Ce rôle que le ténor porte en lui poétiquement depuis si longtemps, nous le découvrons enfin. Modèle d’incarnation, l’âme est incarnée dans la voix, Kaufmann revit Tristan devant nous, son intelligence du texte et musicale font des merveilles.

Anja Harteros, sa partenaire de cœur depuis 20 ans, incarne son Isolde, une première pour elle aussi, toute aussi remarquable dans son frémissement dramatique. La soprano se fond dans tous les tourments du personnage, en contrôle souverain de sa voix. Stupéfiante symbiose.

La Force du destin à Bastille


©Julien Benhamou /Opéra national de Paris
24 juin 2019 : L’Opéra Bastille s’anime de la fatalité et de la malédiction de La Force du destin de Verdi, une version mise en images par Jean-Claude Auvray en 2011. 
Absolument divine, Anja Harteros insuffle toute la beauté poétique des sons célestes d’un chant pénétrant. Pour ses premiers pas in loco, le ténor Brian Jadge séduit d’emblée par une facilité de projection et une attachante empreinte juvénile. Après son Scarpia peu machiavélique, Željko Lučić incarne le frère vengeur assez paisiblement. 
L’opéra se caractérise par de forts contrastes, avec des moments de musique sublime et des tableaux plus surprenants musicalement, comme le "Rataplan" particulièrement réussi ce soir. Sans atteindre l’intensité de La Forza londonienne et son trio magique, la soirée s’avère réjouissante à bien des égards.

Tosca à l'Opéra de Paris

3 juin 2019 : L’Opéra de Paris annonçait une Tosca royale réunissant Jonas Kaufmann et Anja Harteros dans une reprise de la production de Pierre Audi. Des étincelles en perspective pour le premier Cavadarossi parisien du ténor en complicité parfaite avec la somptueuse soprano allemande. Mais déception, une fausse route et sa toux violente ont contraint le ténor bavarois à y renoncer. Marcelo Puente, ténor argentin que beaucoup découvre, assure les représentations de mai, Vittorio Grigolo ayant chanté la première. 
Ouvrage emblématique d’une dramaturgie enflammée avec ses émotions vocales et ses arias célèbres, Tosca est un opéra plein de fureur où le génie de Puccini scande la passion, mais aussi le pathétique et la violence des sentiments humains. Ce sont aussi des duos intenses où deux êtres accèdent par leur union ou leur affrontement à une dimension supérieure dans une inventivité mélodique et une fulgurance orchestrale d’où surgit l’émotion. 

Otello de Verdi à Munich

L'émotion à l'oeuvre

10 décembre 2018 : Otello de Verdi au Bayerische Staatsoper, drame de la jalousie dans un univers hors d’âge imaginé par Amélie Niermeyer et magistralement interprété. Trois voix d’exception, et plus encore, trois incarnations qui subjuguent par l’intensité du jeu. L’émotion à l’œuvre est contagieuse.
Dans cette œuvre brillante et expressionniste, Verdi débusque les pires travers de l’humanité avec une grâce poétique infinie. Amélie Niermeyer propose un voyage dans la psyché des protagonistes, une mise à nu dépouillée du contexte historique. Otello n’est plus ce chef de guerre auréolé de victoires retrouvant son épouse alanguie par son absence, c’est un officier ordinaire, intérieurement brisé de batailles qui va céder au doute et aux apparences jusqu’à l’acte irréparable.  

Un drame de l’intime dans lequel Jonas Kaufmann et Anja Harteros subliment les moments intenses, du simple regard au tendre baiser. Une telle profondeur du jeu et des sentiments que l’on se sent parfois de trop dans l’intimité du couple. 
Avec de tels artistes, la musique se fait chair, laissant transparaître les souffrances, les cicatrices mais aussi l’humanité des sentiments. Ne jamais sacrifier l’intuition musicale et leur tendre complicité pour ne jamais fabriquer l’émotion mais l’infuser dans le cœur, telle est leur règle d’or. 

Saison 2018-19 au Bayerische Staatsoper

200 ans sans éclipse

18 mars 2018 : A l’heure du brunch dominical, le Bayerische Staatsoper vient d’annoncer la saison 2018-19. Ce sont 8 nouvelles productions qui ont été présentées aux invités bavarois et sur Staastoper.TV par Nikolaus Bachler, Directeur Général, et Kirill Petrenko, Directeur musical.

Munich, place lyrique des plus vivantes où il fait bon aller entendre le lustre musical des grandes voix et découvrir son esprit aventureux en matière théâtrale. En 2018, le Bayerische Staatsoper célèbre un double anniversaire : le Nationaltheater a été construit il y a 200 ans et il y a 100 ans qu’il fut transféré par le Monarque à la jeune République de Bavière.
Objet de discussions régulières, aimé ou détesté, le BSO diffusera divers événements spéciaux et projets en cette année anniversaire, sous le titre Loved and hate

Anja Harteros à la Philharmonie

22 janvier 2018
Anja Harteros chante les Wesendonck-Lieder, hors du temps, hors du monde, à la Philharmonie de Paris.

Il faut à peine quelques secondes pour succomber aux sortilèges de l’une des sopranos les plus fascinantes de sa génération. Port de reine, noblesse, grâce, la voir apparaître sur scène, c’est déjà l’entendre chanter. 

La beauté envoûtante de son chant capture immédiatement l’attention, installant le silence d’où émerge l’émotion intime. De celle qui ne nous quitte plus, comme un sésame pour accéder à la richesse d’une voix céleste. De celle qui rejoint notre sensibilité souterraine qui resurgit à fleur de peau. 

Andrea Chénier à l'Opéra de Bavière

L'Opéra-passion


Anja Harteros et Jonas Kaufmann
BSO - © W Hoesl
Demandez à tous ceux qui sortaient de cette représentation pourquoi leur passion pour l’opéra n’est pas prête de s’éteindre : Jonas Kaufmann et Anja Harteros en habitent les sommets, là est sans doute la beauté de cet Andrea Chénier.

Tel un peintre du XVIIIe témoin de la Révolution Française, Philipp Stölzl nous charme de ses images poudrées et de son théâtre qui réveille notre âme d’enfant. Magie du vérisme, la musique d’Umberto Giordano est l’incarnation la plus enthousiaste et extatique de cette époque.
La joie peut être une ivresse lorsque la musique, les voix, le théâtre et l’amour par procuration trouvent dans ses interprètes de quoi ériger l’un de nos plus beaux souvenirs.

Avouons-le, nous allons aussi à l’opéra pour vivre nos passions secrètes par héros interposés. Et chaque fois que ce couple lyrique chante ensemble l'amour et la mort, le spectateur est "soumis" à un débordement émotionnel. Sonorité royale et moyens victorieux, deux voix unies dans l’intensité passant les flammes de l’orchestre, mais toujours individuellement audibles et magnifiques. 


Andrea Chénier au Bayerische Staatsoper

Anna Harteros (Madeleine de Coigny), Jonas Kaufmann (Andrea Chénier)
Photos © Wilfried Hösl / BSO
Bouquet final !

7 avril 2017 : Magnifique spectacle consacré par le talent d’artistes d’une classe folle. Un débordement d’enthousiasme a couronné cette dernière représentation d’Andrea Chénier au Bayerische Staatsoper. Interminables rappels, joie exaltée des chanteurs, ferveur des spectateurs reconnaissant le prix de tels trésors.

Jonas Kaufmann, Anja Harteros et Luca Salsi, trois voix exemplaires modelées par la sensibilité qui se coulent dans désir, peur et courage irrigant cet opéra. Magie de cet ouvrage vériste qui leur permet d’offrir une générosité sans limites.

Femmes du mois

Norma, Tosca et Dalila, trois tempéraments !

Anja Harteros, Sonya Yoncheva et Anita Rachvelishvili
10 octobre : Cette rentrée aura comblé notre appétence pour l’art lyrique et ses lumineux interprètes. Ces artistes qui travaillent des heures dans l’ombre à leur prochaine incarnation, poussant toujours plus loin cette quête de dextérité vocale et d’harmonie. Sacrifier beaucoup, cajoler sa voix, cadeau du ciel, et vibrer de toute son âme le temps d’une soirée de luxe.

Qu’y a-t-il de commun entre Norma, Tosca et Dalila ? Rien, si ce n’est l’émotion et la fascination que trois immenses chanteuses sont parvenues à susciter. Trois voix, trois styles et trois tempéraments.
Anja Harteros dans le rôle de Floria Tosca. La soprano allemande est rare à Paris, s’éloignant peu de son pays natale et remaniant son agenda pour "raisons personnelles". Sa dernière apparition à l’Opéra de Paris, c’était en Eva dans Les Maîtres Chanteurs en 2003. Sa présence dans Tosca était donc très attendue et elle a été sublime.
Sonya Yoncheva pour sa première Norma sur la scène de Covent Garden. La jeune soprano bulgare a fait du chemin depuis ses débuts dans le baroque. Son répertoire s’est étendu bien au-delà pour s’épanouir aujourd’hui dans ce redoutable rôle-titre.
Anita Rachvelishvili en Dalila pour ses débuts à Bastille. La mezzo soprano géorgienne nous avait éblouis en Amnéris en juin dernier, elle revient en prêtresse venimeuse pour une prestation de haut vol.

La Forza del destino et Cav & Pag

Sorties DVD du mois

25 mars 2016: En découvrant ces deux spectacles en DVD, on imagine Verdi, Mascagni et Leoncavallo encore de ce monde et dans la salle…ils ne pourraient que jubiler ! Car Jonas Kaufmann, Anja Harteros et Ludovic Tézier permettent à n’en pas douter de retrouver la force première et la vérité intérieure de leurs créations. 
La Forza del destino de Verdi, la captation du Bayerische Staatsoper de décembre 2013 est parue le 11 mars dernier. En cette fin d’année consacrant le bicentenaire de Verdi, les mélomanes du monde entier avaient pu se réjouir de l’harmonie musicale de cette trinité soprano-ténor-baryton. Tous les interprètes sont pénétrés de ce feu verdien, signature de la vocalité généreuse de l’ouvrage.

Mon "Grand Prix de la Création" du mois va à Cavalleria Rusticana de Mascagni et Pagliacci de Leoncavallo, la captation du Festival de Pâques de Salzbourg 2015. 
Parée de louanges extatiques sur la double prise de rôle de Jonas Kaufmann et sur la mise en scène de Philipp Stölzl, cette magnifique production est disponible depuis le 18 mars. 

Saison 2016-17 au Bayerische Staatsoper


© Thibault Jouannic
14 mars 2016 : Place lyrique des plus vivantes, le Bayerische Staatsoper vient d’annoncer sa saison 2016-17, portée comme toujours, par son esprit aventureux en matière théâtrale et le lustre musical des grandes voix. C’est sur la scène du théâtre que Nikolaus Bachler, son surintendant, et Kirill Petrenko, son directeur musical l’ont présentée. A l’heure du brunch dominical sur Staatsoper.tv pour tous les mélomanes, pas seulement à la presse et aux abonnés.

De nombreux talents convoités sont à l’affiche des sept nouvelles productions. Jonas Kaufman et Anja Harteros réunis dans Andrea Chénier, l’opéra d’Umberto Giordano pour la première fois à Munich. L'ouvrage sera également donné en version concert au Théâtre des Champs-Elysées entre deux représentations. Joyce DiDonato incarnera sa première Semiramide et Elina Garanca sera Léonore, maitresse du Roi dans La Favorite
De multiples reprises, des rôles fétiches, les meilleurs chanteurs : Anna Netrebko, Diana Damrau, Nina Stemme, Kristine Opolais, Edita Gruberova, Sonya Yoncheva, Mariusz Kwiecien, Klaus Florian Vogt, Erwin Schrott, René Pape, Ildebrando D’Arcangelo, Gerad Finley, Ambrogio Maestri, Pavol Breslik, etc.
Et une bonne nouvelle audio : toutes les Premières seront retransmises en Live sur BR-Klassik. 

Aïda de Verdi - CD référence

En plein dans le Nil !


5 novembre 2015 : Encensé avant d’être découvert, ce sublime enregistrement d’Aïda de Verdi a multiplié en un mois critiques élogieuses et récompenses étoilées avant de caracoler en tête des ventes dans tous les pays.

Cela arrive rarement à l’écoute d’un CD, mais avoir le cœur qui bat comme si l’on était en salle, c’est une performance qui mérite d’être soulignée !


Wiener Staatsoper saison 2015-16

Viennoiseries pour tous


Wiener Opera on the Square
20 opéras et ballets par mois sur la place Herbert von Karajan
    
14 avril 2015 : Vienne n’a pas attendu les valses de Strauss pour être bercée par les sanglots longs des violons. Au cœur d’une ville entre toutes musicienne, l’Opéra de Vienne a valeur de symbole. Le 9 avril dernier, son Directeur Dominique Meyer a annoncé la saison 2015-16 avec ses six nouvelles productions, dont un opéra pour enfants en première mondiale.
Mais là où Vienne est unique, c’est dans la qualité régulière musicale de son répertoire, le plus étendu qui soit. Quatre siècles d’art lyrique contenus dans les 54 opéras de la saison déclinés dans près de 300 représentations. Unique au monde également, les 45 représentations en live streaming et les 20 opéras par mois sur écran géant de la place Herbert von Karajan.
Ludovic Tézier incarnera son premier Macbeth avant de rejoindre la distribution 5 étoiles de Don Carlo, Anja Harteros, René Pape, Ramon Vargas, Béatrice Uria-Monzon.
Juan Diego Flórez revient en force de janvier à mai : duc de Mantoue dans Rigoletto avec Olga Peretyatko en Gilda, Ernesto dans Don Pasquale avec Michele Pertusi dans le rôle-titre. Et on l’attend avec impatience dans Gounod et son Roméo et Juliette au côté de Marina Rebeka. Une courte apparition de Jonas Kaufmann, le temps de reformer le trio londonien de Tosca avec Angela Gheorghiu et Bryn Terfel. Et les fidèles : Anja Harteros (Arabella, Don Carlo, Le Chevalier à la Rose), Anna Netrebko (Manon Lescaut, Eugène Onéguine), Krasimira Stoyanova (Un bal masqué, Ariane et Rusalka), Elina Garanca (Werther) et Nina Stemme (Elektra). 

Bayerische Staatsoper saison 2015-16

"Vermessen", l’esprit aventureux de Munich

25 mars 2015 : Le temps d’une conférence de presse présentant sept nouvelles productions, le Bayerische Staatsoper confirme que la qualité musicale et l’esprit aventureux ne connaissent pas d’éclipse à Munich.
Nikolaus Bachler, son surintendant, et Kirill Petrenko, son directeur musical exposent la ligne de force de la saison 2015-16 centrée sur "Vermessen", "tout ce qui nous obsède pour les nouvelles productions" explique le surintendant. On peut traduire ce mot allemand en termes techniques comme "étudier, inspecter, explorer" mais aussi avec le qualificatif "présomptueux", une démarche artistique où se mêlent ambition et confiance affirmées avec obstination. Tout ce qui fait de l’Opéra de Bavière l’un des meilleurs opéras du monde, créatif et stimulant. 

Saison 2014-15 au Bayerische Staatsoper

"Regards, baisers et morsures", une saison en enfer amoureux

©Bayerische Staatsoper
6 avril 2014: L’Opéra de Munich a présenté sa nouvelle saison en mars sous le thème "Regards, baisers et morsures".
"Inspirés par Heinrich von Kleist, ces trois mots cernent assez précisément le monde émotionnel de l'opéra. Le contraste entre l'amour et la haine comme moteur de l'action  est au cœur des nouvelles productions de la saison à venir" précise le Superintendant Nikolaus Bachler, accompagné de Kirill Petrenko, le nouveau Directeur de la Musique.

Le Bayerische Staatsoper est un lieu emblématique de l’art lyrique qui vise le plus haut niveau : des saisons riches et variées, un opéra différent chaque soir avec les meilleurs interprètes, un orchestre de grande qualité dirigé par un nouveau chef créatif et talentueux. La somptuosité de la salle et son excellente acoustique bouclent le cercle du plaisir. Ultime jubilation, la prochaine saison sera rythmée par un défilé impressionnant de grandes voix: Jonas Kaufmann, Anna Netrebko, Anja Harteros, Diana Damrau, Waltraud Meier, Olga Peretyatko, Véronique Gens, Sondra Radvanovski, Sonya Yoncheva, René Pape, Ludovic Tézier, Luca Pisaroni, Simon Keenlyside, Mariusz Kwiecien,  Joseph Calleja. Une saison florissante qui émousse déjà notre curiosité: plus de 40 ouvrages, deux fois plus qu’à l’Opéra de Paris, pour un budget deux fois moindre.

La Forza del destino de Verdi à Munich (2)

Force 10

Vitalij Kowaljow (Padre Guardiano), Anja Harteros (Leonora)
 Jonas Kaufmann (Alvaro) et Ludovic Tézier (Don Carlo di Vargas)
11 janvier 2014 : Retour de Munich après une représentation de La Forza del destino avec des voix emmenant aux portes d’un rêve éveillée. 
Dans cette nouvelle production du Bayerische Staatsoper, la musique est littéralement portée par un trio vocal qui hisse l’art du chant à un niveau rarement exploré. Anja Harteros, Jonas Kaufmann et Ludovic Tézier sont les trois piliers de cette expérience lyrique qu’on ne vit que quelques soirs dans sa vie de mélomane.

Après la découverte de la première en streaming (article du 29 décembre), j’ai eu la chance de revivre ce spectacle à quelques mètres de ce casting magnifique. L’atmosphère des grands jours était palpable car une foule impressionnante de passionnés en quête d’un miraculeux billet inondait les marches de l’opéra. Les portes s’ouvrirent alors sur une soirée de grande intensité, au point de concevoir ces trois artistes comme les dignes représentants du patrimoine vocal du XXIe siècle.

La Forza del destino de Verdi à Munich

L’accord parfait

Jonas Kaufmann (Alvaro) et Anja Harteros (Leonora)
29 décembre 2013
En cette fin d’année célébrant le bicentenaire de Verdi, le plus brûlant couple lyrique actuel se reforme dans La Force du destin, une nouvelle production du Bayerische Staatsoper de Munich. Comme d’habitude, le tirage au sort du billet-sésame laissa de très nombreux postulants aux portes de l’opéra bavarois. Le rendez-vous fût toutefois rendu possible par la diffusion en direct de la représentation du 28 décembre. 
Les mélomanes du monde entier ont pu ainsi se réjouir de retrouver Anja Harteros et Jonas Kaufmann, le couple brisé par le destin : Donna Leonora et Don Alvaro. Don Carlo di Vargas, l’autre force obscure du destin, est incarné par Ludovic Tézier. L’harmonie des voix de cette trinité soprano-ténor-baryton est absolument fascinante. Le feu verdien est porté par ces interprètes d'exception qui savent redonner un nouvel éclat à la vocalité généreuse de l’ouvrage.

Jonas Kaufmann (Alvaro), Vitalij Kowaljow (Padre Guardiano),
Ludovic Tézier (Don Carlo di Vargas), Anja Harteros (Leonora)
La Force du destin n’est pas seulement l’opéra avec l’Ouverture la plus célèbre de Verdi. C’est aussi une œuvre admirable qui s’inscrit dans un climat humain bouillonnant qui oscille entre amour ardent, désespoir sans fond et pulsions de vengeance. A ce jeu des exaspérations passionnelles, les artistes rivalisent d’intensité, de splendeur vocale et d’investissement dramatique. A eux seuls, ils font émerger les frémissements de l’âme dans ce drame de l’amour et de la mort. Totalement absorbés par la beauté des voix et le jeu enflammé des artistes, on en oublierait presque la mise en scène de Martin Kujek qui lui a oublié de mettre en relief la dimension si particulière de l’opéra, notamment la Force

Don Carlo au festival de Salzbourg

Les voix humaines


Jonas Kaufmann (Don Carlo) et Anja Harteros
(Elisabeth de Valois)
18 août 2013: Avec Don Carlo, Verdi s’appuie plus que jamais sur le pouvoir émotionnel de la voix humaine. En confiant à Jonas Kaufmann et Anja Harteros, les rôles de Don Carlo et Elisabeth, le festival de Salzbourg ne pouvait pas nous proposer mieux. Quel autre couple lyrique pourrait nous emporter avec autant de justesse et d’intensité dans les affres d’un amour condamné par la raison d’état ? Beauté du timbre, amplitude de la voix, intelligence musicale et engagement scénique illuminent leurs duos d’amour déchirants. Les deux excellents chanteurs-tragédiens nous font entrer dans leur univers et l’on frémit de leur tsunami émotionnel magnifiquement incarné. 

Œuvre profonde et tellurique, l’histoire raconte les retentissements d’un amour interdit partagé par l’infant Don Carlo et la reine Elisabeth de Valois sur fond de puissants intérêts politiques et religieux. La musique de Verdi exprime ce destin tragique en marche dans une œuvre forte dont l’univers mélodique est totalement en phase avec les tourments des protagonistes. Au fil des actes, l’histoire est de plus en plus sombre, les personnages de plus en plus torturés et le public de plus en plus fasciné par cette beauté tragique. 

Ardent Trouvère

Le feu sans artifices

Le Trouvère - Jonas Kaufmann et Anja Harteros
1 juillet 2013: Avec ses moments de pure gloire vocale, l'événement du festival d’opéra de Munich est bien Le Trouvère, de Giuseppe Verdi.
La diffusion de la Première du 27 juin sur la Radio Bavaroise a permis de découvrir l’incandescence lyrique de la nouvelle production.
C’est là qu’on attendait le premier Manrico de Jonas Kaufmann et le souffle verdien du couple qu’il forme avec Anja HarterosComme toujours, l’immédiateté de la séduction du timbre auquel le ténor allemand ajoute l’aigu brillant et le céleste pianissimo résonne comme une évidence. Et Anja Harteros incarne une divine Leonora de grande intensité. Tous deux insufflent ardeur et désespoir à leurs personnages, sans pathos démesuré. Une longue ovation et des grondements de pieds ont salué la performance inoubliable de ce duo mythique en devenir. 

Avec de tels interprètes, le pouvoir de la musique relègue au second plan cette histoire indigeste, succession de bourdes et loi du talion causant bien du tracas à tous les personnages. Le drame se joue dans l’Espagne du XVe siècle. Le Comte de la Luna et Manrico vont s’affronter jusqu'au funeste dénouement de dernière minute où ils apprendront qu’ils sont frères.

Sorties d'été

"The Voices"
24 juin 2013 : Pour les inconditionnels de Jonas Kaufmann et Juan Diego Flórez, quelques annonces de sorties CD, DVD & Blu Ray devraient leur redonner un petit coup de fouet. Avec ces parutions, plus besoin de vitamine C pour booster les neurones !
En premier, Matilde di Shabran de Gioachino Rossini enregistré à Pesaro en 2012 sera disponible le 5 août en DVD & Blu Ray. Comme j’ai eu le bonheur d’assister à cette production du Rossini Opera Festival, je peux affirmer que le duo Juan Diego Flórez et Olga Peretyatko est irrésistible et virtuose. 
Le ténor péruvien s’en donne à cœur joie dans cette partition hérissée de difficultés et la ravissante soprano russe excelle dans les vocalises. Cet ouvrage méconnu mais savoureux était longtemps resté dans les cartons car le rôle de Corradino exige un ténor acrobatique difficile à distribuer. En 1996, le festival de Rossini créait l’événement et la surprise en remontant l’ouvrage et en révélant Juan Diego Flórez au monde lyrique. Alors âgé de 23 ans, il remplace brillamment le ténor initialement prévu en apprenant la partition en 3 jours, et sa carrière était lancée !