Juan Diego Flórez à la Philharmonie

Viva Verdi & Co ! 

Pour ce concert donné à la Philharmonie de Paris, Juan Diego Flórez explore les chefs-d’œuvre de Verdi avant d’interpréter des airs d’opéras de Lehár, Massenet, Bizet et Puccini. Un magnifique concert, modèle de chant lumineux et de convivialité musicale !

Il y a trois aspects de son talent que le ténor péruvien est parvenu à affirmer en plus de 20 ans de carrière: la beauté envoûtante de son chant, l’effervescente agilité technique et la générosité. Professionnel et heureux d’être là, le sourire aux lèvres, dans une complicité qu’il sait créer naturellement avec le public, lui manifestant son affection autant qu’il en reçoit. Son bonheur est comme son chant : généreux. 

Concert Elina Garanĉa au Théâtre des Champs-Elysées

Mezzo-reine

17 octobre 2019: L’une des plus impressionnantes mezzo-soprano de notre époque revient à Paris pour un concert en duo musical avec le chef Karel Mark Chichon, son époux, à la direction de la Deutsche Staatsphilharmonie Rheinland-Pfalz. Après une première partie consacrée au lyrisme italien et ses héroïnes au fort tempérament, la température grimpe avec les canciones hispaniques.

Reine par sa beauté, Elina Garanĉa subjugue tout autant par son talent. Depuis son époustouflante incarnation de la Princesse Eboli dans le Don Carlos parisien de 2017, on sait à quel point ce plein épanouissement de ses moyens vocaux est un enchantement. Ce soir, elle n’a pas besoin de mise en scène pour faire vivre la princesse passionnée. La mezzo lettone ose tout et fascine. Actrice intense, les premiers mots de "O don fatal" l’engagent toute entière. Le timbre riche et velouté illumine "Io son l’umile ancella", une incursion dans le répertoire soprano d'Adriana Lecouvreur.

Werther au Royal Opera House

Juan Diego Flórez délicieusement romantique

Juan Diego Flórez et Isabel Leonard 
© 2019 ROH / Catherine Ashmore
27 septembre 2019: Quoi de plus envoûtant que cet ouvrage de Massenet où la beauté désarmante des mélodies, la mélancolie douloureuse d’un solo d’instrument, la grâce et la délicatesse dressent les contours de son Werther sombre et poétique. Rarement élan, étreinte et souffrance n’avaient trouvé parfaite expression musicale de la tectonique des sentiments. 

Créée à Londres en 2004 puis à Paris en 2009, la production de Benoît Jacquot répond merveilleusement bien au pouvoir magnétique et lyrique de cette musique. Modèle d’élégance et de raffinement, elle appartient au panthéon des spectacles où tout est réussi, où la symbiose des décors, lumières, costumes et de la musique alimentent notre insatiable curiosité de la revoir. 

Plaisir intense de retrouver Juan Diego Flórez dans le rôle-titre pour la première fois à Covent Garden face à la mezzo américaine Isabel Leonard dans le rôle de Charlotte. 

La Traviata de Verdi à Paris

© Charles Duprat / OnP
Violetta connectée

18 septembre 2019: A Garnier, l’éternelle Traviata a les yeux de Pretty Yende. En gros plan, tel un tableau animé, son immense regard intense et fardé nous capte alors que le rideau n’est pas encore levé. La soprano sud-africaine incarne Violetta, casse les codes pour se métamorphoser en jeune femme indépendante à l’ère du numérique, et on la retrouve dans un nouveau rôle toute en fraîcheur et vibrante d’émotions.
 
La nouvelle production de Simon Stone fait bouger les lignes du temps. Le jeune metteur en scène australien parvient à déconstruire l’intrigue du XIXème siècle en l’inscrivant avec talent dans l’essence même du monde contemporain. Violetta gagne sa vie avec son image sur les réseaux sociaux. Influenceuse de mode, égérie de la marque de parfum "Villain", sa vie branchée défile sur les écrans, quantifiée en "followers", "like", émoticônes et cœurs. Sur un plateau tournant agrémenté d’immenses projections d’écrans familiers de WhatsApp, Facebook ou Instagram, la scénographie rend compte de sa boulimie de vie juvénile, de ses excès superficiels comme du tragique, de la mélancolie et de la douloureuse issue. 

Les Puritains de Bellini à l’Opéra Bastille

L'amour en cage

©Andrea Messana /OnP
16 septembre 2019 : Après une longue pause estivale, c’est un bonheur de retrouver le génie mélodique de Bellini: Les Puritains reviennent à l’Opéra de Paris dans la production de Laurent Pelly. Composé peu de temps avant la mort du compositeur à l’âge de 34 ans, cet ouvrage est un florilège de mélodies somptueuses. Ces magnifiques pages - parmi les plus belles de l’opéra italien du XIXème siècle - furent écrites sur mesure pour un quator de très grandes voix de l’époque. Les jeunes talents qui l’abordent ne doivent pas être trop frileux.
 
Laurent Pelly choisit les yeux d’Elvira pour nous raconter l’histoire dans "l’univers mental et rêveur du sujet principal qui reste Elvira et sa couleur émotionnelle fantomatique et translucide". Précédée d’une réputation flatteuse, Elsa Dreisig s’empare du rôle de l’héroïne romanesque pour la première fois avec un engagement total. La beauté du timbre, l’aisance et la rondeur des aigus et son innocence poétique sont un enchantement. 
Francesco Demuro campe un Arturo solide et d’une grande générosité. Dans le dernier acte, il affronte avec vaillance et élégance les redoutables aigus. Igor Golovatenko est tout en noirceur et arrogance dans le rôle de Lord Riccardo Forth. 
A Nicolas Testé échoit le beau et noble rôle de Sir Giorgio. Mélodieux et touchant, il remporte un beau succès personnel légitime aux saluts. 

Happy Birthday, lieber Jonas!


10 juillet 2019
Jonas Kaufmann, le ténor qu’on aime car il nous fait tout aimer à l’opéra, fête ses 50 ans aujourd’hui. 
Et comme ce ténor inspire généreusement ce site, une image captée lors des saluts de Manon Lescaut à Munich en 2014, l’expression du merveilleux de l’opéra : chanter c’est donner du bonheur aux autres, et s’en donner d’abord à soi-même. 

A 50 ans, riche d’une expérience longuement mûrie et d’un travail accompli, il reste pour l’heure le ténor que l’on attendait : hier Don José, Florestan, Werther, Mario, Siegmund, Maurizio, Lohengrin, Parsifal, Don Carlo, Chénier, aujourd’hui Otello, Alvaro, demain Tristan, Peter Grimes ou Siegfried.
Depuis plus de 10 ans et le "big bang" de son Werther parisien, les éloges tombent car l’art lyrique a trouvé son serviteur. "La voix de son être" (2008), "La plus belle voix du monde" (2010), "Aimé des dieux" (2013), "Le ténor que le monde attendait" (2014), "La suprême intelligence d’une voix en or" (2015), "Maître chanteur" (2016), "Le Chevalier phénix" (2017) ou "L’Otello de tous les sommets" (2018).

Iphigénie en Tauride au TCE

Gaëlle Arquez et Stéphane Degout
(c) Vincent Pontet
Eblouissante Iphigénie

1 juillet 2019 : Gaëlle Arquez émue aux larmes pour la dernière de Iphigénie en Tauride de Gluck au Théâtre des Champs-Elysées. Et cadeau d’anniversaire pour la mezzo française qui fait ses débuts dans ce rôle et au Théâtre. 

A la découverte de cette production de Robert Carsen, on ne peut que partager les éloges du public et de la critique lors de la première de cet ouvrage de Gluck en mai 1779 : " L’émotion la plus vive exprimée sur tous les visages et un attendrissement souvent porté aux larmes".

Gluck offre une page lyrique sublime de la tragédie grecque et nous plonge d’entrée dans l’âme en détresse d’Iphigénie, Gaëlle Arquez, éblouissante interprète


La Force du destin à Bastille


©Julien Benhamou /Opéra national de Paris
24 juin 2019 : L’Opéra Bastille s’anime de la fatalité et de la malédiction de La Force du destin de Verdi, une version mise en images par Jean-Claude Auvray en 2011. 
Absolument divine, Anja Harteros insuffle toute la beauté poétique des sons célestes d’un chant pénétrant. Pour ses premiers pas in loco, le ténor Brian Jadge séduit d’emblée par une facilité de projection et une attachante empreinte juvénile. Après son Scarpia peu machiavélique, Željko Lučić incarne le frère vengeur assez paisiblement. 
L’opéra se caractérise par de forts contrastes, avec des moments de musique sublime et des tableaux plus surprenants musicalement, comme le "Rataplan" particulièrement réussi ce soir. Sans atteindre l’intensité de La Forza londonienne et son trio magique, la soirée s’avère réjouissante à bien des égards.

Tosca à l'Opéra de Paris

3 juin 2019 : L’Opéra de Paris annonçait une Tosca royale réunissant Jonas Kaufmann et Anja Harteros dans une reprise de la production de Pierre Audi. Des étincelles en perspective pour le premier Cavadarossi parisien du ténor en complicité parfaite avec la somptueuse soprano allemande. Mais déception, une fausse route et sa toux violente ont contraint le ténor bavarois à y renoncer. Marcelo Puente, ténor argentin que beaucoup découvre, assure les représentations de mai, Vittorio Grigolo ayant chanté la première. 
Ouvrage emblématique d’une dramaturgie enflammée avec ses émotions vocales et ses arias célèbres, Tosca est un opéra plein de fureur où le génie de Puccini scande la passion, mais aussi le pathétique et la violence des sentiments humains. Ce sont aussi des duos intenses où deux êtres accèdent par leur union ou leur affrontement à une dimension supérieure dans une inventivité mélodique et une fulgurance orchestrale d’où surgit l’émotion. 

Manon de Massenet au TCE

Les sortilèges d'une grande voix

6 avril 2019 : C’est sur la scène du Théâtre de Champs-Elysées que Juan Diego Flórez est venu chanter le Chevalier Des Grieux en concert, un nouveau rôle pour l’une des plus belles voix actuelles. Salle comble pour son unique présence parisienne de la saison dans un ouvrage lyrique. 

Prise de rôle réussie, le ténor possédant le génie de transcender ces moments de chant somptueux par l’impact de cette pure lumière dans la voix et une technique imparable. D’un rôle à l’autre, il impressionne par la richesse de ses interprétations dans le répertoire dramatique qui guide désormais ses choix : superbe Werther, impressionnant Raoul de Nangis ou magnifique Germont au Met en décembre dernier. 
La merveille avec Flórez est que jamais il n’a perdu ce charme vocal, ces aigus éclatants longuement tenus après plus de vingt ans de scène. 

Le Postillon de Lonjumeau à l’Opéra Comique

Photo © Stefan Brion / Opéra Comique
Coloré et survitaminé !
4 avril 2019 : L’ouvrage d’Adolphe Adam retrouve la scène qui l'a vu naître. Sa création en 1836 remporta un succès formidable, il enflamma durablement l'Europe mais n’avait plus été joué dans ces murs depuis 1894. 

L’Opéra Comique ressuscite Le Postillon de Lonjumeau, une œuvre méconnue dans une mise en scène délicieusement kitsch et pétillante de Michel Fau, des décors pâtissiers et rococo d’Emmanuel Charles et des costumes d’époque colorés de Christian Lacroix. Le plateau vocal, l’énergie de la troupe et l’inventivité de la scénographie font passer trois heures savoureuses et détonantes.
Adolphe Adam soigne l’écriture des airs, des duos et des parties chorales exigeant une grande virtuosité des interprètes, dans le sillage enjoué de Rossini. Le sens du théâtre, une musique gaie, l’humour, la dérision, l’opéra-comique satisfait notre appétit de plaisirs simples. Dans le rôle-titre, 

Michael Spyres fait preuve de beaucoup d’abattage scénique et de talent pour incarner le postillon, capable d'assurer les moments de bravoure de la partition. Notamment ce contre-ré qui ouvre une carrière de divo d’opéra à Chapelou ! Florie Valiquette incarne Madeleine/Mme de Latour avec tout autant de qualités, comme Franck Leguérinel dans le rôle du marquis de Corcy qu’il campe avec brio.

Don Pasquale à l'Opéra Garnier

Michel Pertusi (Don Pasquale), Pretty Yende (Norina)
Photo ©Vincent Pontet /OnP
Viva la Comedia !

Modèle du genre bouffa, l’opéra de Gaetano Donizetti est repris à l’Opéra Garnier dans la mise en scène de Damiano Michieletto qui fait vivre cet ouvrage pétillant et drôle, évitant les clichés du "dépoussiérage". 
L’intrigue faisait le miel de la Commedia dell’arte: un riche célibataire ronchon s’est mis en tête de se marier sur le tard mais il va se faire berner par son neveu et sa fiancée. Les interprètes en assurent la drôlerie émaillée de romanesque : Don Pasquale (Michele Pertusi), le vieux garçon pingre et naïf, son neveu Ernesto (Javier Camarena), l’amoureux candide, Norina (Pretty Yende), la jeune femme audacieuse et insolente, le rusé et facétieux Malestata (Christian Senn). Une production enjouée et enlevée, truffée d’incursions hilarantes comme le selfie, l’appel sur smartphone, les enregistrements vidéo sur fond vert ou la séance teinture coiffeur. 

Saison 2019-20 à l'Opéra de Paris


14 mars 2019 : L’Opéra de Paris annonce la saison 2019-20 avec ses nouvelles productions : Le Ring, La Traviata, Manon, Les Indes Galantes et Le Prince Igor.
"Ce qui met en danger l’opéra, c’est le consensus et l’indifférence" écrit Stéphane Lissner pour son avant-dernière programmation. Sa priorité : célébrer les 350 ans de la maison en laissant s’exprimer une nouvelle génération d’artistes. 

- Le projet hors-norme de La Tétralogie de Wagner est confié à Calixto Bieito avec Philippe Jordan dans la fosse. Jonas Kaufmann chante Sigmund dans La Walkyrie et Andreas Schager sera Siegfried dans les deux derniers ouvrages.


Saison 2019-20 au Metropolitan Opera

Lever de rideaux 

26 février 2019
Le Metropolitan Opera de New-York ouvre les annonces de la prochaine saison 2019-20 avec cinq nouvelles productions. C'est la 14ème saison de Peter Gelb, son Directeur général et la seconde de Yannick Nézet-Séguin, son Directeur musical. 

Ouverture en septembre avec l’opéra américain Porgy and Bess de Gerswhin avec Eric Owens et Angel Blue, Wozzeck de Berg, mettant en vedette Peter Mattei et Elza van den Heever, Akhnaten de Philip Glass qui fait son entrée au répertoire du Met, comme Agrippina de Haendel avec Joyce DiDonato. Enfin, Le Vaisseau fantôme de Wagner avec Bryn Terfel et Anja Kampe, dans une mise en scène de François Girard, créateur du sublime Parsifal de 2013.

Jonas Kaufmann et Juan Diego Florez absents mais Anna Netrebko super-star : unie à Placido Domingo dans Macbeth de Verdi, reprise de Tosca de Puccini et Gala du Nouvel célébré avec Puccini.

Les Troyens de Berlioz à Bastille

© Vincent Pontet / OnP
Tragédie lyrique et grand opéra français

27 janvier 2019 : Pour les 150 ans de la mort de Berlioz, l’attente de cette nouvelle production des Troyens était grande. Epopée lyrique en 5 actes composée par un génie de l’orchestration, la composition et le souffle méritaient le frisson des grands jours. 
Si le plateau de très belles voix vaut le déplacement, la mise en scène fait retomber l’enthousiasme car la proposition dramaturgique de Dmitri Tcherniakov se montre bien inégale et insolite. La première partie de l’ouvrage, La prise de Troie, s’avère forte et plutôt réussie mais la seconde, Les Troyens à Carthage, nous laisse attristé car dépossédé de nos émotions. 
Repenser, régénérer, actualiser, tel est le credo des metteurs en scène qui n’ont que faire de nos émotions et dont on connaît à l’avance les diktats théâtraux. Ne dit-on pas désormais Les Troyens de Tcherniakov (le compositeur ayant disparu, il n’a plus la voix au chapitre). Mission accomplie par celui qui "ne veux pas créer quelque chose qui soit trop facile à comprendre". Chanteurs et choristes sont encensés de généreux applaudissements alors que les idées novatrices peinent à convaincre et sont accueillies par des huées. De quoi méditer la pensée de Berlioz : "Il faut collectionner les pierres qu'on vous jette. C'est le début d'un piédestal."

Meilleurs voeux 2019


L’année 2018 vient de se refermer sur de mémorables spectacles ciselés pour l’oreille. Au fil de l'année, vous avez plébiscité l’intensité magicienne de beaucoup d’entre eux, en tête : l’Otello d’anthologie et l’abîme mystique de Parsifal à Munich, l’enchantement d’une Traviata New Look et le western-opéra La Fanciulla del West au Met, la renaissance des Huguenots à Paris.

La caresse d’un timbre, le regard dans la voix, le sentiment dans le mot, le don de soi, autant de qualités qui replacent l’interprétation au cœur de nos émotions. Les artistes-chouchous d’Espace Lyrique ont de nouveau sublimé, dépoussiéré, les œuvres que l’on croyait connaître. 
Il y a eu bien sûr l’or pur des voix des "fidèles" du site : Jonas Kaufmann, Anja Harteros, Juan Diego Flórez, Sonya Yoncheva et Ludovic Tézier. 
Toute ma gratitude à eux et aux interprètes si parfaitement bien chantants de l’année: Ildar Abdrazakov en Boris Godounov, Peter Mattei en Amfortas, Lisette Oropesala en Marguerite de Valois, Gerald Finley en Iago, Marianne Crebassa en Orphée, Stéphane Degout en Hamlet et Diana Damrau en Violetta.

Que cette nouvelle année soit riche en musique !

Bonne Année 2019 ! Happy New Year ! Frohes Neues Jahr !  Felice Anno Nuovo ! Feliz Año Nuevo ! С Новым Годом !