Les Puritains de Bellini à l’Opéra Bastille

L'amour en cage

©Andrea Messana /OnP
16 septembre 2019 : Après une longue pause estivale, c’est un bonheur de retrouver le génie mélodique de Bellini: Les Puritains reviennent à l’Opéra de Paris dans la production de Laurent Pelly. Composé peu de temps avant la mort du compositeur à l’âge de 34 ans, cet ouvrage est un florilège de mélodies somptueuses. Ces magnifiques pages - parmi les plus belles de l’opéra italien du XIXème siècle - furent écrites sur mesure pour un quator de très grandes voix de l’époque. Les jeunes talents qui l’abordent ne doivent pas être trop frileux.
 
Laurent Pelly choisit les yeux d’Elvira pour nous raconter l’histoire dans "l’univers mental et rêveur du sujet principal qui reste Elvira et sa couleur émotionnelle fantomatique et translucide". Précédée d’une réputation flatteuse, Elsa Dreisig s’empare du rôle de l’héroïne romanesque pour la première fois avec un engagement total. La beauté du timbre, l’aisance et la rondeur des aigus et son innocence poétique sont un enchantement. 
Francesco Demuro campe un Arturo solide et d’une grande générosité. Dans le dernier acte, il affronte avec vaillance et élégance les redoutables aigus. Igor Golovatenko est tout en noirceur et arrogance dans le rôle de Lord Riccardo Forth. 
A Nicolas Testé échoit le beau et noble rôle de Sir Giorgio. Mélodieux et touchant, il remporte un beau succès personnel légitime aux saluts. 

©Andrea Messana /OnP
L’action s’inspire d’une page de l’histoire de l’Angleterre du XVIIème siècle lors des affrontements entre les Puritains menés par Cromwell, et les Royalistes catholiques, partisans des Stuart. L’héroïne Puritaine va sombrer dans la folie. En cause, la trahison supposée du fiancé Royaliste Lord Arturo Talbot qui s’enfuit avec une mystérieuse prisonnière royale quelques heures avant les noces. Projetée dans un conflit politico-religieux, Elvira s’enferme dans son château de dentelles métalliques, comme un oiseau blessé en cage. La jeune fille fragile tombe en dépression et délire jusqu’à l’évanouissement dans ce castel érigé sur le plateau qui tourne à l’envi. Epure et transparence des décors cernés de magnifiques effets de lumière, l’héroïne semble enfermée dans un monde irréel.

Dans la fosse, Riccardo Frizza a le talent de mettre en valeur les interprètes dans la beauté de ce bellinissime ouvrage. Magnifique prestation du Chœur de l’Opéra de Paris emmené par José Luis Basso, un modèle d’expressivité musicale et de présence scénique. Les Puritaines se déplacent en glissant sur scène comme des pions sur un échiquier, un ballet de costumes (superbes) sans jambes qui apportent une note humoristique inattendue.

Une très belle soirée de rentrée lyrique !

Les Puritains de Bellini, Opéra Bastille, 10 septembre 2019
De g. à dte : Nicolas Testé (Sir Giorgio),
Francesco Demuro (Lord Arturo Talbot), Elsa Dreisig
(Elvira), Igor Golovatenko (Sir Riccardo Forth), Gemma Ni Bhriain (Enrichetta di Francia) 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire