Cycle de musique du Louvre

Une saison avec le Metropolitan Opera

29 juillet 2013: Depuis 2008, le Louvre organise des retransmissions d’opéra en direct ou d’archives dans son auditorium. Ce cycle a été inauguré avec la soirée d’ouverture de la Scala de Milan le 7 décembre et c’était la première retransmission live du temple de l’art lyrique. Don Carlo de Verdi dirigé par Daniel Barenboïm était retransmis dans l’Auditorium du Louvre, et sur Arte. 
Cette soirée fût le prélude à d’autres partenariats annuels: l’Opéra de Paris, l’Opéra de Vienne, le Royal Opera House de Londres et cette année le Metropolitan Opera de New York.

Depuis la Première numérique du Met en 2006, un vent nouveau souffle sur les institutions de l’art lyrique pressées par la nécessité économique de toucher d’autres publics. Les progrès technologiques les y ont incitées et l’opéra en direct au cinéma ou sur le net est devenu presque banal. Tous ces vecteurs de diffusion grand public jouent un rôle décisif dans l’approche de l’art lyrique et en démultiplie l’audience. En quittant notre loge de velours rouge la tête dans les étoiles, nous pouvons désormais espérer la sortie d’un DVD pour revivre ces instants magiques.

Diana Damrau

Lady D, reine de la nuit

Diana Damrau ©Tanja Niemann
23 juillet 2013: La soprano allemande Diana Damrau vient de chanter Lucia di Lammermoor à Munich en version concert, avec le ténor maltais Joseph Calleja à ses côtés. Depuis 2008 à New York -sa première fois au Metropolitan Opera-, l’un des plus grands sopranos actuels interprète ce rôle avec maîtrise et conviction. 
Le 10 juillet dernier, deux minutes d’applaudissements enthousiastes ont salué sa somptuosité vocale dans le fameux air de la folie.

Un timbre irradiant de séduction
J’adore cette cantatrice aussi lumineuse que son chant. La diva au regard pastille de menthe est une personnalité dont la bonne humeur et le plaisir de chanter inspirent un ravissement instantané. Son pianissimo aérien suivi d’une attaque dramatique des notes suraiguës provoque un coup au cœur imprégné d’une belle émotion. Diana Damrau est une colorature qui s’épanouit en Reine de la nuit - le supplice vocale des sopranos - grâce à ses prouesses pyrotechniques. Epanouie est d’ailleurs le mot qui lui convient bien sur tous les plans.

Robert Carsen, Metteur en scène

Chercheur d’art

Robert Carsen lors d'une répétition de Don Giovanni
 à La Scala de Milan en 2011 - AFP/Teatro alla Scala
16 juillet 2013: Il est des metteurs en scène dont le nom suffit à aiguiser notre curiosité et notre envie d’aller à l’opéra. C’est l'atout du Canadien Robert Carsen qui réussit à faire l’unanimité sur ses créations auprès des mélomanes. Il s’est imposé par l’inventivité et l’intelligence de ses productions dont la scénographie et l’atmosphère sont immédiatement reconnaissables.

Rigoletto de Verdi, sa dernière production 
présentée à Aix-en-Provence en 2013 ©Patrick Berger
Son actualité au Festival d’art lyrique d’Aix-en-Provence où il revient pour présenter son premier Rigoletto me permet d’évoquer son art de la mise en scène. 
Les réminiscences de l’efficacité et de la beauté plastique de ses productions sont inscrites dans ma mémoire émotionnelle. 
Les créations de Robert Carsen sont à la fois magiques et délicieusement reposantes. C’est une libération hormonale de dopamine qui envahit le spectateur car le grand art rend intelligent et heureux.



Jonas Kaufmann

Le ténor de l’île déserte

10 juillet 2013: le ténor Jonas Kaufmann a 44 ans, la plus belle voix au monde, des qualités rares, une approche à la fois intelligente et instinctive de son art et un charisme inné. 

Après vingt d’ans de tissage prudent de sa carrière, il est le ténor le plus aimé et le plus demandé actuellement. Timbre envoûtant, aigus à se damner, pianissimo évanescent, le souffle, la ligne de chant, les nuances, en l’écoutant on ne cesse de s’émerveiller.

Mais sa grande force réside dans son engagement sur scène qui donne le frisson grâce à l’implication de tout son corps et de tout son être. Sa nature passionnée mais rigoureusement disciplinée produit l’effet d’une spontanéité bien assise sur une technique sûre et le hisse au sommet de la profession.

Pour moi, le grand choc initiatique se produit au 20e rang de Bastille en janvier 2010. Werther revivait la tragédie du passé et un grand chanteur d'opéra naissait devant nos yeux provoquant le choc dont on ne veut pas se remettre.

Opéra pour tous

L’opéra dans un fauteuil, sans les jumelles


 Photo © Opéra de Paris
6 juillet 2013
Les retransmissions en direct d’opéra en salle de cinéma affichent des records de fréquentation d’année en année. Sans remplacer la véritable émotion des voix sublimées par l’acoustique exceptionnelle des théâtres lyriques, cette alternative séduit un large public curieux de découvrir le répertoire, à moindre coût.
"Désormais si on ne va pas à l'Opéra de Paris, l'Opéra de Paris viendra à vous", tel est le parti pris de son Directeur Nicolas Joel qui a renouvelé l'accord avec UGC pour projeter en direct cinq opéras de la saison 2013-2014 dans le cadre de Viva l'Opéra ! 
Après New York et Londres, l'Opéra de Paris adhère à ces nouvelles possibilités de faire connaître l’art lyrique au plus large public possible.

La programmation de la nouvelle saison est très excitante. Le public découvrira trois des huit nouvelles productions : Aïda de Verdi confiée à Olivier Py et son univers sombre, les Puritains de Bellini signée Laurent Pelly avec un séduisant casting, Traviata et le retour à la mise en scène de Benoît Jacquot. Ajouté à cela, deux productions ayant déjà connu de beaux succès : La Fanciulla del West de Puccini sortie de l’imaginaire hollywoodien de Nikolaus Lehnhoff et Tristan et Isolde revisitée par Peter Sellars et Bill Viola.

Ardent Trouvère

Le feu sans artifices

Le Trouvère - Jonas Kaufmann et Anja Harteros
1 juillet 2013: Avec ses moments de pure gloire vocale, l'événement du festival d’opéra de Munich est bien Le Trouvère, de Giuseppe Verdi.
La diffusion de la Première du 27 juin sur la Radio Bavaroise a permis de découvrir l’incandescence lyrique de la nouvelle production.
C’est là qu’on attendait le premier Manrico de Jonas Kaufmann et le souffle verdien du couple qu’il forme avec Anja HarterosComme toujours, l’immédiateté de la séduction du timbre auquel le ténor allemand ajoute l’aigu brillant et le céleste pianissimo résonne comme une évidence. Et Anja Harteros incarne une divine Leonora de grande intensité. Tous deux insufflent ardeur et désespoir à leurs personnages, sans pathos démesuré. Une longue ovation et des grondements de pieds ont salué la performance inoubliable de ce duo mythique en devenir. 

Avec de tels interprètes, le pouvoir de la musique relègue au second plan cette histoire indigeste, succession de bourdes et loi du talion causant bien du tracas à tous les personnages. Le drame se joue dans l’Espagne du XVe siècle. Le Comte de la Luna et Manrico vont s’affronter jusqu'au funeste dénouement de dernière minute où ils apprendront qu’ils sont frères.