Boris Godounov de Moussorgsky à l'Opéra Bastille

Ildar-tzar

10 juillet 2018 : Emblème de l’âme russe, l’opéra de Moussorgsky concentre deux drames humains qui s’entremêlent: le destin shakespearien du héros et l’épopée du peuple russe maltraité, épuisé, manipulé. D’un côté, Boris, le tsar dans sa toute puissance mais rongé de remords, de l’autre, la fresque collective théâtre de scènes chorales d’une grande puissance.

L’Opéra Bastille présente une nouvelle production en demi-teintes d’Ivo Van Hove. Ildar Abdrazakov y fait d’impressionnants débuts dans le rôle-titre sous la direction de Vladimir Jurowski, toute en nuances et tension dramatique, comme l’interprétation magistrale des chœurs de l’Opéra de Paris.
La basse russe compose un personnage infiniment humain. Physique imposant pour l’endurance, voix de basse tellurique moirée de velours pour l’émotion, son Boris est magnifique. Un rôle où il chante la moitié du temps, concentré, éprouvant. "Le chant est pensé de façon dramatique et pour l’interprète, il est impossible de se reposer." dit-il. La dernière scène de la mort de tsar délivre les derniers accents bouleversants. C’est figé sur l’escalier, épuisé, le regard encore habité de la tragédie qu’Ildar Abdrazakov recueille alors une ovation digne des plus grands.

Ludovic Tézier au Festival de Paris

Un récital à 50 m au-dessus du sol

Ludovic Tézier et Thuy Anh Vuong, 28 juin 2018
4 juillet 2018 : Le baryton français invitait à un récital quasi confidentiel (près de 150 spectateurs) dans le salon Gustave Eiffel de la Tour pour la 2ème édition du Festival de Paris. 
Avec la complicité de la pianiste Thuy Anh Vuong et de façon magistrale, il rend hommage aux mélodies tristes, nostalgiques ou poétiques de Schubert, Schumann, Ibert et Fauré.

Ludovic Tézier ressuscite la noblesse du Lied, un enchantement dans ce décor insolite et propice à l’intimité avec l’une des plus belles voix actuelles. Côté jardin, une vue sur le Paris-Butte Montmartre de La Bohème, côté cour, le ballet des touristes et ascenseur dans la transparence des façades, le tout baigné de la lumière irisée d’une fin de journée d’été.

Chant raffiné, magnétique, ennobli du phrasé spécifique d’un grand conteur. Timbre ensorcelant pour profiler ces poèmes tragiques en jouant sur la délicatesse des nuances, martelant la souffrance d’un aigu saisissant.