Lucia di Lammermoor à l'ONP

Sonya Yoncheva à l’assaut de Bastille et de ses décors

Sonya Yoncheva  ©Javier del Real
30 septembre 2013 : Pour sa première apparition à l’Opéra de Paris, Sonya Yoncheva a littéralement enflammé le public dans le rôle-titre de Lucia di Lammermoor, l’une des œuvres les plus inspirées de Donizetti. 
La jeune soprano bulgare au timbre aussi pulpeux que sa silhouette nous a réjouis tout au long de cette partition si difficile. Ses moyens vocaux paraissent inépuisables et cette voix généreuse enveloppe chaque spectateur dans l’espace infini de Bastille. Armée de son timbre fruité, de sa virtuosité et de son aisance, Sonya Yoncheva a confirmé quelle grande artiste elle est déjà. Sa performance a été saluée par de longues ovations après "Regnava nel silenzio" du premier acte et après le fameux "Air de la folie".

©ONP
Et comble de bonheur, l’Edgardo bien-aimé de Lucia était musicalement à sa hauteur. Le jeune ténor américain Michael Fabiano a été révélé au public parisien qui a découvert cette voix puissante projetée magnifiquement. Grâce à son intensité dramatique et sa vigueur vocale, il nous a offert une émouvante scène finale particulièrement réussie (une graine de star-ténor en germination qui m’a fait penser aux timides débuts d’un Jonas Kaufmann). Le couple apparaît scéniquement comme une évidence et on n’avait pas vu un public aussi enchanté et enthousiaste à Bastille depuis bien longtemps.


"The Verdi Album" de Jonas Kaufmann

Les déchirements de la passion d’un Opéra Roc

Photo © Gregor Huhenberg / Sony
23 septembre : Deux albums en moins d’un mois et deux coups de cœur pour Jonas Kaufmann, immense artiste qui continue de focaliser tous les regards ou plutôt tous les cœurs vers lui. Je l’ai souvent écrit sur ce blog, Jonas Kaufmann est un ténor de génie. Technique vocale impressionnante, incarnation dramatique stupéfiante de sensibilité et de justesse, puissance émotionnelle de son timbre de bronze et art des nuances, il a toutes les qualités pour toucher le spectateur au cœur.

Personnalité forte et intuitive, ce ténor a inventé une modernité sensible et raffinée du jeu de scène. Imprégné de l’intériorité du rôle et du plaisir de créer, il dessine son personnage comme une évidence. Quand il apparaît sur scène, la tension dramatique monte d’un cran et dans "The Verdi Album", les déchirements de la passion sont à leur paroxysme. C’est un coup au cœur et à l’estomac !

The Giacomo Variations

Mozart, Casanova, Malkovich et Kaufmann

John Malkovich et Jonas Kaufmann sur le tournage
de "The Giacomo Variations" à Lisbonne
14 septembre 2013: Le spectacle "The Giacomo Variations" fait l’objet d’une version cinématographique en tournage au Portugal. Mise en scène par Michael Sturminger, la pièce de théâtre musicale fût créée à Vienne en 2011. 
John Malkovich endosse le costume de Giacomo Casanova dans ce spectacle inspiré de sa biographie et des trois opéras que Mozart a consacrés à l’illustre séducteur.

Pourquoi un tel intérêt sur ce blog ? Tout d’abord, le film ne se résume pas à évoquer la vie de Casanova mais il est enrichi de scènes d’opéra conçus par Mozart et Da Ponte : Les Noces de Figaro, Cosi fan tutte et bien évidemment Don Giovanni. Mais aussi, parce que quelques chanteurs d’opéra ont rejoint le casting, parmi lesquels Jonas Kaufmann, ce qui donne un relief tout particulier à l’ensemble, d’autant plus que le film sera présenté au Festival de Cannes en 2014 !

Lucia sans Lammermoor

Grève à l’Opéra national de Paris

Une récente version concert à l’Opéra de Paris en juin 2011
Otello de Verdi avec Renée Fleming et Aleksandrs Antonenko

11 septembre 2013 : Comme beaucoup, je me réjouissais d’avance de découvrir la délicieuse et talentueuse Sonya Yoncheva dans sa prise de rôle de Lucia et sa première apparition à l’Opéra de Paris. Mais hier soir, aucune chance de découvrir la deuxième distribution de Lucia di Lammermoor de Donizetti dans le mise en scène d’Andrei Serban. Pour son premier contrat avec l’ONP, la jeune soprano aura vécu son baptême de feu dans les turbulences de cette spécialité française.

Les spectateurs ont été confrontés à la rituelle alternative de la version concert "à la suite de préavis de grève déposés par les syndicats SUD et FSU, l’Opéra national de Paris, et de la CGT au niveau national". Cette information ayant été communiquée par email deux heures avant le lever le rideau et par SMS à 19H23 - soit 7 mn avant - les artistes et le public sont les perdants de cette soirée.