Sonya Yoncheva à l’assaut de Bastille et de ses décors
Sonya Yoncheva ©Javier del Real |
La
jeune soprano bulgare au timbre aussi pulpeux que sa silhouette nous a réjouis
tout au long de cette partition si difficile. Ses moyens vocaux paraissent
inépuisables et cette voix généreuse enveloppe chaque spectateur dans l’espace
infini de Bastille. Armée de son timbre fruité, de sa virtuosité et de son
aisance, Sonya Yoncheva a confirmé quelle grande artiste elle est déjà. Sa
performance a été saluée par de longues ovations après "Regnava nel silenzio" du premier acte et après le fameux "Air de la folie".
©ONP
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C’est aussi un parcours de combattante auquel Sonya Yoncheva
a dû se plier physiquement. Car la mise en scène d’Andrei Serban - créée en
1995 - s’illustre par de contraignantes acrobaties qui demandent
équilibre et sang-froid. De quoi
déconcentrer n’importe quel artiste en pleine déclamation de ses aigus. Pendant
plus de deux heures, la soprano doit grimper sur des poutres, ramper sous un
filet, escalader le portique d’altères jusqu'à se pencher dans le vide à quelques
mètres au-dessus du sol. Conditions extrêmes qui n’altèrent en rien la beauté de son chant et on en est
doublement émerveillé !
Lucia di Lamermoor à l'ONP Mihaela Marin/ONP |
Lucia di Lamermoor
raconte les querelles de deux familles
écossaises rivales avec la jeune héroïne au centre de manigances cruelles qui
lui feront perdre la raison puis la vie. Pourquoi une
tel éloignement des landes brumeuses de l’Ecosse du XVIe siècle de Walter Scott ?
En effet, le metteur en scène a choisi l’intérieur d’un Fort Boyard vert de
gris comme cadre de ce mélodrame romantique. Le rideau s’ouvre sur un plateau
de portiques et de cordes sur lesquels évoluent militaires ou prisonniers, on
ne sait pas bien. Quelques bodybuilders
vêtus de caleçons molletonnés gris époque Grande Guerre s’évertuent à des
numéros de gonflettes. Parabole sportive probablement destinée à
illustrer les affrontements virils entre les Ashton et les Ravenswood. Même si cette
mise en scène n’est pas dérangeante et plutôt esthétiquement réussie, on se trouve
plongé dans un univers pour le moins décalé et surprenant.
Sonya Yoncheva et Michael Fabiano radieux à la représentation du 29 septembre 2013 |
L'aria "Regnava nel silenzio" de Lucia di Lamermoor
interprété par Sonya Yoncheva
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