2016, derniers feux et premier bilan

31 décembre 2016: Avant les douze coups de minuit annonçant une nouvelle année pleine de promesses, un petit retour sur les émotions partagées sur Espace Lyrique tout au long de l'année 2016.

Janvier
Werther Eternel
Le chef d’œuvre de Massenet signé par le cinéaste Benoît Jacquot connaît un nouveau triomphe. On est totalement sous le charme du couple romantique formé par Piotr Beczala et Elina Garanca.

Pêche miraculeuse au Met
Les Pêcheurs de perles de Bizet, ce joyaux enchanteur revient sur la scène du Met après cent ans d’absence dans une mise en scène qui ravit le public et un "gorgeous trio of voices", Diana Damrau, Mariusz Kwiecien et Matthew Polenzani.


Cavalleria Rusticana à l'Opéra Bastille

Elina Garanca (Santuzza) © Julien Benhamou / OnP
Dix raisons d’aller voir le spectacle


1. Pour la musique de Pietro Mascagni, ses éruptions explosives et sensuelles qui transpercent le cœur, laissant dans un état de vibration émotionnelle rémanent. 

2. Pour son prélude orchestral joué à rideau baissé contenant le chant de Turiddu lointain et qui nous plonge dans cette ambiance sonore qui ne nous quittera plus ; parce que son intermezzo musical est d'une foudroyante beauté.

3. Pour Elina Garanca dans le rôle de Santuzza, une classe de chant qui fait d’elle l’une des plus fascinantes mezzo-sopranos actuelles. Parce que sa performance est éblouissante, étoffe vocale et somptuosité du timbre, osant tout et réussissant tout.

Les Huguenots au Deutsche Oper de Berlin

Juan Diego Flórez, "Tout à coup, la voix change" (*)

Olesya Golovneva (Valentine) et Juan Diego Flórez (Raoul de Nangis)
 
© Bettina Stöss
25 novembre 2016 : Le Deutsche Oper de Berlin fait revivre Les Huguenots de Meyerbeer, une histoire d’amour au cœur du massacre à l’heure de la Saint-Barthélemy. L’intrigue mêle grande Histoire, romance, religion et politique, le tout pendant quatre heures qui filent comme un songe sur la scène berlinoise.

Nommé "Nuit des sept étoiles" en raison de la distribution éclatante des chanteurs à sa création, cet opéra est d’une grande difficulté technique pour les solistes.
Comble du bonheur, cette nouvelle production de David Alden dirigée par Michele Mariotti est soutenue par d’excellents artistes. Beaucoup sont venus pour lui, Juan Diego Flórez a décidément beaucoup à offrir, il répond à toutes les attentes que cette prise de rôle avait suscitées. C’est un immense enthousiasme qui accueille ce nouveau Raoul de Nangis.
Le ténor devenu très tôt admirable conduit une carrière aussi rigoureuse que réfléchie, sans faux pas et sans compromis. L’évolution de sa voix, l’instinct éclairé de parfait musicien et la docilité de son style guident ses choix. 
Depuis 2013 et ses 40 ans, sa voix gagne en force, ses incarnations en profondeur. Il travaille ses mots en français avec constance pour mieux faire percevoir les sentiments, de nouveaux rôles s’offrent à lui avec une prédilection pour notre langue. La voix devient plus sombre pour l’insolence vocale d’Arnold dans Guillaume Tell, elle se fait chair et douleur dans l’émotion du désespoir d’Orphée, son Romeo fougueux s’impose dans la gravité et Werther lui permet de s’abandonner. 
Aussi prêt qu’on peut l’être pour incarner Raoul de Nangis, techniques vocales à l’épreuve et sentiments à exprimer répondent désormais à une nécessité intérieure. Mais aussi Flórez éternel par le soin porté au légato et la pure lumière dans la voix, y ajoutant l’endurance, présent très souvent sur scène pendant quatre heures. Concentré, inspiré, définitivement à l’aise dans ce costume de héros romantique, il assure sans faillir jusqu’au rideau final.

Lucia di Lammermoor à Bastille

Pretty Yende, Lucia vit un rêve
Pretty Yende, Lucia di Lammermoor de Donizetti
à l'Opéra de Paris - Novembre 2016

14 novembre 2016: Il est rare qu’une salle se soulève pour applaudir une jeune artiste dès le milieu de l’opéra. La jeune soprano sud-africaine ne l’avait encore jamais vécu et elle en était émue aux larmes !
En cinq ans, Pretty Yende est devenue l’une des sopranos les plus courtisées des grandes maisons. L’année 2016 est celle de la consécration : une première fois au Festival Rossini de Pesaro en août, un premier album "A journey" en septembre, et sa Lucia di Lammermoor met Paris à ses pieds, un rôle exigeant qu’elle n’imaginait pas pouvoir chanter il y a quelques années. La partition ne semble même pas lui poser problème, son chant irradie comme une évidence, jusqu’au dernier rang de Bastille.
Au fil de ses apparitions, un rapport fort s’est installé entre cette artiste attachante et le public. Comment ne pas être sous le charme de ce soprano soyeux aux couleurs chatoyantes, de l’éclat de ses attaques et de son talent dramatique. C'est magnifique.

Cecilia Bartoli incarne Norma au TCE

Norma fait de la résistance


Cecilia Bartoli dans Norma au TCE ©Vincent Pontet
18 octobre 2016 : L’opéra de Bellini mis en scène par Patrice Caurier et Moshe Leiser est à l’affiche du Théâtre des Champs-Elysées pour quatre représentations. En haut de l'affiche, Cecilia Bartoli, initiatrice de cette production au Festival de Salzbourg en 2013.
"Atypique", "sur mesure" ou "différente" sont les qualificatifs évoqués pour cette Norma incarnée par la mezzo. Son interprétation intériorisée est d’un grand raffinement, sa virtuosité et son talent dramatique achevant de nous convaincre.
La diva italienne propose un retour à l’édition originale de Norma. D’où une certaine surprise d’entendre une voix plus grave dans le rôle de Norma et une soprano dans celui d’Adalgisa, un orchestre d’instruments anciens, volume doux et tempo tonique. Dans ce contexte décalée, Rebecca Olivera est une touchante Adalgisa à la voix pleine de fraîcheur et Norman Reinhardt campe un séduisant Pollione, charmant de timbre et de musicalité. De très beaux duos et trios, très agréables à l’oreille.

Femmes du mois

Norma, Tosca et Dalila, trois tempéraments !

Anja Harteros, Sonya Yoncheva et Anita Rachvelishvili
10 octobre : Cette rentrée aura comblé notre appétence pour l’art lyrique et ses lumineux interprètes. Ces artistes qui travaillent des heures dans l’ombre à leur prochaine incarnation, poussant toujours plus loin cette quête de dextérité vocale et d’harmonie. Sacrifier beaucoup, cajoler sa voix, cadeau du ciel, et vibrer de toute son âme le temps d’une soirée de luxe.

Qu’y a-t-il de commun entre Norma, Tosca et Dalila ? Rien, si ce n’est l’émotion et la fascination que trois immenses chanteuses sont parvenues à susciter. Trois voix, trois styles et trois tempéraments.
Anja Harteros dans le rôle de Floria Tosca. La soprano allemande est rare à Paris, s’éloignant peu de son pays natale et remaniant son agenda pour "raisons personnelles". Sa dernière apparition à l’Opéra de Paris, c’était en Eva dans Les Maîtres Chanteurs en 2003. Sa présence dans Tosca était donc très attendue et elle a été sublime.
Sonya Yoncheva pour sa première Norma sur la scène de Covent Garden. La jeune soprano bulgare a fait du chemin depuis ses débuts dans le baroque. Son répertoire s’est étendu bien au-delà pour s’épanouir aujourd’hui dans ce redoutable rôle-titre.
Anita Rachvelishvili en Dalila pour ses débuts à Bastille. La mezzo soprano géorgienne nous avait éblouis en Amnéris en juin dernier, elle revient en prêtresse venimeuse pour une prestation de haut vol.

Dix bons plans pour une rentrée lyrique

Franco Fagioli, Anja Harteros, Bryn Terfel, Cecilia Bartoli,
Sonya Yoncheva, Anita Rachvelishvili, Jonas Kaufmann (D.R.).
1 septembre 2016: fin des vacances, c'est le moment de retrouver le chemin du bureau mais aussi des théâtres lyriques et salles obscures. 
Jubiler avec les grandes voix, découvrir les prises de rôles et les nouvelles productions, histoire d’éprouver les premières émotions de la nouvelle saison.
Terminées les longues siestes à l'ombre dans le jardin et les lectures des pavés de l’été, on reprend les automatismes du quotidien mais il est important de planifier de nouveaux projets, recette anti-blues !

Pour se donner la sensation d’une rentrée pleine de nouveautés, on peut changer les meubles de place ou faire le tri dans les placards. On peut aussi se lancer sur internet pour ponctuer son agenda de bouffées d’oxygène lyriques que les théâtres et les artistes nous ont concoctées.

Voici dix bons plans pour garder sa bonne humeur estivale le plus longtemps possible. Et dix artistes pour les rendre inoubliables : Diana Damrau, Franco Fagioli, Anja Harteros, Bryn Terfel, Cecilia Bartoli, Sonya Yoncheva, Anita Rachvelishvili, Jonas Kaufmann, Nina Stemme et Pretty Yende.


Le Chant de la Terre - Jonas Kaufmann au TCE

"J’ai tant envie, ami, à tes côtés, de partager la beauté de ce soir." Gustav Mahler


24 juin 2016: C'était le concert le plus attendu de cette fin de saison. Un mois après Les Wesendonck Lieder de Richard Wagner, Jonas Kaufmann interprète Le Chant de la Terre de Gustav Mahler au Théâtre des Champs-Elysées, accompagné par l'Orchestre Philharmonique de Vienne.
Cette "symphonie avec voix" marque un retour à la vie du compositeur après une série de drames personnels. L’année 1907 fut marquée par trois événements des plus douloureux pour Gustav Mahler, la mort de sa fille aînée Maria âgée de quatre ans, l’obligation de quitter son poste de Directeur de l’Opéra de Vienne et le diagnostic de l’affection cardiaque qui devait l’emporter quatre ans plus tard.
Cette longue méditation sur la dureté de la condition humaine et la douleur de l’âme est poignante d’humanité. 
Jonas Kaufmann emmène le spectateur dans cette méditation : six poèmes pour se détacher de la superficialité de la vie et rejoindre l’éternité de la terre. La voix domine l’orchestre puis se fait velours jusqu’au murmure, dans une vérité proprement saisissante, cette vibration de l’âme où il est passé maître dans l’incarnation par la voix.

Concert Chœur Colonne

La Petite Messe Solennelle de Rossini

15 juin 2016 : Créé en 1982 et après une éclipse de deux années, le Chœur Colonne présente le premier concert de sa renaissance avec La Petite Messe Solennelle de Rossini, le 17 juin 2016.
Ce groupe vocal adossé à l’Orchestre du même nom fondé en 1873 par Edouard Colonne, avait été contraint de cesser ses activités en 2014.
Grâce à l’Association Les Amis du Chœur Colonne, le chœur a été recomposé en 2015, en toute indépendance. Des choristes de la première heure ont été rejoints par d’autres, tout aussi motivés de retrouver la qualité des concerts passés.
Ces passionnés de musique et de chant choral se sont retrouvés régulièrement toute une année pour préparer ce magnifique concert. Partager la musique avec exigence et passion, telle est la devise de ces chanteurs amateurs de haut niveau.
Le Chœur Colonne est dirigé par Lucien Rouiller qui en a repris la direction en 2015, à l’âge de 25 ans. Emmené par le dynamisme et la culture musicale de ce jeune chef, le Chœur Colonne donnera le meilleur de son engagement dans le cadre somptueux de l'église Saint-Etienne-du-Mont.
Les choristes seront entourés de solistes talentueux : Barbara Delagnes, soprano – Nathalie Labry, alto - André Abdelmassih, ténor - Marc Souchet, baryton-basse.

Jonas Kaufmann, Rocker wagnérien

Jonas Kaufmann, Walther von Stolzing
©Wilfried Hösl, Bayerische Staatsoper
Revue de presse
27 mai 2016 : Temps fort au Bayerische Staatsoper avec la nouvelle production des Maîtres Chanteurs de Nuremberg de Richard Wagner. Une merveille entre sourire et émotion.
De quoi faire battre les cœurs des mélomanes puisque c’était la première scénique de Jonas Kaufmann dans le rôle de Walther von Stolzing. Le ténor chante Walther comme personne ne l’a fait depuis longtemps, "qui peut chanter après lui aujourd'hui ?". 
Wolfgang Koch chante Hans Sachs magnifiquement, intelligemment. 
L’orchestre de Bavière sous la direction de Kirill Petrenko et les interprètes des rôles principaux ont soulevé un enthousiasme unanime. La nouvelle production de David Bösch situe l’intrigue dans une petite ville qui fût prospère dans le passé. Il renonce aux charmes de la campagne bavaroise et apporte de nombreuses touches d’humour rock’n’roll sans dénaturer le fil de l’intrigue. Sans surprise, cette vision décalée mais irrésistible a partagé le public le soir de la première. 
Le tirage au sort ne m’ayant pas été favorable, j’ai dû me "contenter" de la diffusion sur la Radio Bavaroise : plateau vocal de très haut niveau et ovation finale pleinement méritée. Histoire de ne pas trop regretter le voyage, on pourra voir ces Maîtres Chanteurs en live streaming sur Staatsoper.TV, le 31 juillet prochain.
Le lyrisme de la presse et de mes amis sur place illustre ce pur moment de bonheur musical. Revue de presse.

Jonas Kaufmann tout en poèmes

Wesendonck Lieder au Théâtre des Champs-Elysées


Jonas Kaufmann - TCE, 19 mai 2016
23 mai 2016 : Entre deux représentations des Maîtres Chanteurs de Nuremberg à Munich, Jonas Kaufmann est venu chanter les Wesendonck Lieder de Richard Wagner au Théâtre des Champs-Elysées, sous la baguette de Daniele Gatti avec l’Orchestre National de France.
Une parenthèse dans l’agenda du plus merveilleux interprètes actuels de Wagner. Jonas Kaufmann a cette capacité de dessiner l’univers de l’ouvrage tout en profondeur et sensibilité, dans l’instant. 
Le chanteur de lieder était à l’œuvre le 19 mai dernier dans le théâtre parisien. Et la salle retint son souffle, absorbée par la ligne vocale touchante, la douceur des mots et ce souffle subtilement filé.
Beauté de la langue allemande, beauté des poèmes des Wesendonck Lieder, on y trouve les thèmes chers au romantisme : l’amour, la nature, la souffrance qui amène l’homme au silence et à la mort.
Avec ces lieder, Wagner crée des airs d’une grande sensibilité que l’on retrouvera ensuite dans ses opéras, notamment Tristan et Isolde et La Walkyrie. Il en avait une très haute opinion: "Je n’ai jamais rien fait de mieux que ces lieder. Très rares sont mes autres œuvres qui peuvent souffrir la comparaison" (Lettre à Mathilde, 1858).


Plácido Domingo

Monstre sacré infatigable

Nabucco au Royal Opera HOuse de Londres 
en 2013 D.R.
22 mai 2016 : A 75 ans et une nouvelle tessiture de baryton, Plácido Domingo continue d’ajouter de nouveaux rôles à son impressionnant palmarès. Toujours en éveil à de nouveaux projets et de l’énergie à revendre, le pétillant septuagénaire poursuit une seconde carrière toute aussi trépidante que la première. 

Il est plus que jamais présent sur les scènes d’opéra. Jeune Alfredo amoureux de Traviata, il incarne désormais Germont Père, briseur de couple. On pourrait multiplier les exemples de ces prises de rôle. Bien sûr le souffle n’est plus aussi infini mais son instinct théâtral, son intelligence musicale et sa prestance légendaire forcent l’admiration. 
Tout à la fois chanteur, Chef d’Orchestre et Directeur de l’Opéra de Los Angeles, il cumule à ce jour 3800 représentations et 147 rôles. Il a même intégré le Guinness Book pour l’ampleur de son répertoire et les 101 rappels un soir d’Otello viennois. Il est aussi la bonne étoile des jeunes chanteurs au travers du concours Operalia qu’il a créé il y a plus de 20 ans.

Canto, Stage International pour chanteurs lyriques

Auditorium Saint-Pierre-des-Cuisines à Toulouse,
cadre de Canto Toulouse 2016 
Du 18 au 30 avril 2016 à Toulouse
17 avril 2016 : En matière d’art lyrique, une jolie voix ne suffit pas, il faut apprendre le métier, la scène, le théâtre, les langues, l’endurance et la gestion du stress. Avant d’apparaître en costume de scène, la préparation des chanteurs est longue et fastidieuse. Il faut être correctement armés pour être à la hauteur des exigences de l’écriture lyrique des grands compositeurs. Leur choix de vie les mène sur un parcours de sportif pour se révéler en timbre, trouver son souffle d’athlète et sa palette sonore. Pour aider les chanteurs à se former au plus haut niveau, Canto organise des rencontres avec des professionnels venant de grandes institutions lyriques, chef d’orchestre, chanteur, metteur en scène, coach vocal et linguistique. 
Provenant de 11 pays différents - dont Brésil, Canada, USA, Hong Kong et Suède – ces jeunes artistes viennent en stage pour établir des contacts déterminants pour leur carrière. Professeurs et artistes de renom (*) se mobilisent pour transmettre leur expérience de la scène internationale.
Un programme de deux semaines d’apprentissage pour enrichir la technique : master class, coaching individuel ou en groupes pour approfondir la diction, le style - récitatif, bel canto et vérisme -, préparation aux auditions et jeu scénique. Le concert final de la brillante relève internationale se déroulera dans le cadre somptueux de l’Auditorium Saint-Pierre-des-Cuisines, le 30 avril prochain.

Saison 2016-17 au Royal Opera House

Exciting season with great casts

14 avril 2016 : Covent Garden mettra en scène les grands débuts d’Anna Netrebko en Norma et de Jonas Kaufmann en Otello
Le Royal Opera House vient de dévoiler sa saison 2016-17 comportant sept nouvelles productions: Norma de Bellini, Cosi fan tutte de Mozart, Le Nez de Chostakovitch, le Chevalier à la Rose de Richard Strauss, Les Maîtres Chanteurs de Nuremberg de Wagner, l’Ange exterminateur de Thomas Adès et Otello de Verdi.
Antonio Pappano ne veut aller dans aucun autre opéra et renouvelle son contrat jusqu’en 2020, un record de 18 années comme Directeur musical, alors que cette saison sera la dernière du Directeur artistique Kasper Holten.

Anna Netrebko fera ses débuts dans Norma avec Joseph Calleja à ses côtés. Pour son premier Otello, Jonas Kaufmann sera victime des machinations de Ludovic Tézier-Iago avant de serrer le cou de Desdémone-Maria Agresta. Bryn Terfel chantera Hans Sachs dans une nouvelle production des Maîtres Chanteurs. 
Le ROH poursuit ses efforts pour atteindre le public au-delà de Covent Garden, avec six opéras diffusés en direct en salles de cinéma dont 3 nouvelles productions et du lourd !
Et une nouvelle expérience 2.0 interactive pour vivre une répétition de Guillaume Tell au côté du Maestro Pappano dans la fosse.

Werther de Massenet au TCE

Le grand soir d'une nouveau Werther


10 avril 2016 : Magnifique Werther qui a ému et enflammé le public du Théâtre des Champs-Elysées.
C’est au public parisien que Juan Diego Flórez et Joyce DiDonato ont réservé leurs prises de rôle dans Werther, l’une des partitions les plus poignantes du répertoire.
Soirée merveilleuse de (re)découverte de deux illustres interprètes embrassant un nouveau territoire avec leurs talents respectifs. Une version de concert, sans le masque d’une production ni l’apparat d’un costume, à nu et dans l’insolente beauté de leurs voix.
Aussi prêts qu’on pouvait l’être, ils pouvaient se permettre de se livrer à une audience attentive, voire circonspecte, de s’oublier, ensemble.
Je l’avoue, ils n’ont pas eu à me convaincre. Inconditionnelle, j’étais impatiente d’entendre cette musique de l’âme de Massenet ainsi livrée à deux interprètes en parfaite communion d’intention. Celle de chanter les opéras de leur maturité vocale, de se confronter à un autre répertoire. Plaisir intense !

Théâtre des Champs-Elysées en 2016-17

Paris fait de la consistance

5 avril 2016 : Encore une année avec les plus belles voix du monde réunies avenue Montaigne. Une saison sous le signe de la diversité mêlant les genres, les répertoires et les générations d’artistes. Dans un paysage musical parisien en mouvement, "l’histoire du lieu perdure" précise Michel Franck, son Directeur musical reconduit dans ses fonctions jusqu’en 2020. 
La saison est d’une grande richesse sans que les prix s’envolent ! Mieux, ils restent inchangés, à l’exception de Norma dont les décors élimineront de nombreux fauteuils de la vente. Contrainte technique oblige.
Une saison 2015-16 tout en muscles pour le Théâtre des Champs-Elysées, avec 5 opéras en version scénique, 20 opéras en version de concert et de nombreux temps forts tout au long de la vingtaine de récitals de chant. Et des baguettes prestigieuses: Daniel Barenboim, Kirill Petrenko, Yannick Nézet-Séguin, Andris Nelsons, Christian Thielemann, Esa-Pekka Salonen, Daniel Hardig,...

La Forza del destino et Cav & Pag

Sorties DVD du mois

25 mars 2016: En découvrant ces deux spectacles en DVD, on imagine Verdi, Mascagni et Leoncavallo encore de ce monde et dans la salle…ils ne pourraient que jubiler ! Car Jonas Kaufmann, Anja Harteros et Ludovic Tézier permettent à n’en pas douter de retrouver la force première et la vérité intérieure de leurs créations. 
La Forza del destino de Verdi, la captation du Bayerische Staatsoper de décembre 2013 est parue le 11 mars dernier. En cette fin d’année consacrant le bicentenaire de Verdi, les mélomanes du monde entier avaient pu se réjouir de l’harmonie musicale de cette trinité soprano-ténor-baryton. Tous les interprètes sont pénétrés de ce feu verdien, signature de la vocalité généreuse de l’ouvrage.

Mon "Grand Prix de la Création" du mois va à Cavalleria Rusticana de Mascagni et Pagliacci de Leoncavallo, la captation du Festival de Pâques de Salzbourg 2015. 
Parée de louanges extatiques sur la double prise de rôle de Jonas Kaufmann et sur la mise en scène de Philipp Stölzl, cette magnifique production est disponible depuis le 18 mars. 

Saison 2016-17 au Bayerische Staatsoper


© Thibault Jouannic
14 mars 2016 : Place lyrique des plus vivantes, le Bayerische Staatsoper vient d’annoncer sa saison 2016-17, portée comme toujours, par son esprit aventureux en matière théâtrale et le lustre musical des grandes voix. C’est sur la scène du théâtre que Nikolaus Bachler, son surintendant, et Kirill Petrenko, son directeur musical l’ont présentée. A l’heure du brunch dominical sur Staatsoper.tv pour tous les mélomanes, pas seulement à la presse et aux abonnés.

De nombreux talents convoités sont à l’affiche des sept nouvelles productions. Jonas Kaufman et Anja Harteros réunis dans Andrea Chénier, l’opéra d’Umberto Giordano pour la première fois à Munich. L'ouvrage sera également donné en version concert au Théâtre des Champs-Elysées entre deux représentations. Joyce DiDonato incarnera sa première Semiramide et Elina Garanca sera Léonore, maitresse du Roi dans La Favorite
De multiples reprises, des rôles fétiches, les meilleurs chanteurs : Anna Netrebko, Diana Damrau, Nina Stemme, Kristine Opolais, Edita Gruberova, Sonya Yoncheva, Mariusz Kwiecien, Klaus Florian Vogt, Erwin Schrott, René Pape, Ildebrando D’Arcangelo, Gerad Finley, Ambrogio Maestri, Pavol Breslik, etc.
Et une bonne nouvelle audio : toutes les Premières seront retransmises en Live sur BR-Klassik. 

Une soirée à La Scala avec Jonas Kaufmann


10 mars 2016 : Les caméras étaient en place, l’artillerie Sony avait déjà son retro-planning de communication, il ne manquait plus que lui. Le pari était risqué: filmer le premier concert Puccini du plus allemand des ténors dans le temple italien de l’art lyrique. Mais je dois rendre les armes, ce concert filmé est un pur joyau, sur tous les plans: le premier rôle bien sûr, mais aussi les images de La Scala en fête, l’orchestre en état de grâce et Puccini !

Modèle d’ardeur dramatique, Jonas Kaufmann est, dans la seconde, au plus juste de l’instant de vie de son personnage, de son émotion, oubliant le public, la technique et lui-même. Concentré, relié, humain et authentique, tout est immédiatement perceptible par le spectateur, et le bouleverse. Dans la voix et dans le regard, il a ce feu sombre et toute la douceur du monde. 

Ce concert est aussi emblématique de chaque apparition du ténor vécue par ceux qui le suivent: ce n’est pas seulement la pure beauté d’un timbre qui fascine, mais le génie de l’interprète. 

Après deux airs rares du Villi et d’Edgar, la température grimpe d’un cran avec le romanesque passionné de Des Grieux. Vient l’émouvante confession de la vie misérable de Dick Johnson, la tendresse nostalgique des derniers instants de Cavadarossi pour enfin se consumer en Calaf dans l’extase de son premier Nessun Dorma. Et les désormais célèbres 40 mn de rappels et d’ovations. C’est le seul ténor actuel à avoir accéder à ce graal à Milan…avec Juan Diego Flórez quelques jours plus tard.

Roméo et Juliette de Gounod à Vienne

Tendres duos


Marina Rebeka, Juan Diego Florez 
© Wiener Staatsoper/ Michael Pöhn
29 février 2016 : Roméo et Juliette de Charles Gounod revient à l'Opéra de Vienne pour trois représentations dont la dernière sera diffusée en live streaming le 1er mars. 
Cette reprise de la production de Jürgen Flimm créée en 2001 avait beaucoup à offrir : Juan Diego Flórez pour son premier Roméo européen et les débuts viennois de Marika Rebeka dans le rôle de Juliette. Ils ont tous deux la juvénilité scénique qui convient l’universalité du mythe. 
Le ténor l’a chanté une première fois à Lima en 2014 et la soprano lettone à Vérone en 2013. Le couple lyrique se retrouve après Guillaume Tell au Festival Rossini de Pesaro la même année.
Ténor et soprano trouvent dans cet opéra deux des plus beaux rôles pour s’élever et se consumer dans un lyrisme éperdu. Charles Gounod a composé probablement la meilleure adaptation de la pièce de Shakespeare. Aucun opéra n’est aussi fidèle à la tragédie éponyme et le génie romantique du compositeur s’accomplit dans les nombreuses scènes d’amour. Les quatre duos d’amour charpentent les étapes de leur amour : le coup de foudre, l’épanouissement de la passion, le réveil d’une nuit d’étreintes et l’ultime sacrifice dans la mort. 
Des aigus rayonnants et de beaux moments d’opéra romantique : Juliette rêvant de mariage sur une lune jonchée de pétales rouges sur fond de nuit bleue étoilée, le réveil à la première nuit d’amour et le dernier duo où Roméo vacille et délire avant de rejoindre Juliette dans la mort.

Saison 2016-17 au Metropolitan Opera


18 février 2016 : Peter Gelb vient d'annoncer la nouvelle saison du Metropolitan Opera de New-York.
26 opéras dont 6 nouvelles productions composent cette nouvelle saison. Tristan et Isolde ouvrira la saison, suivi de Guillaume Tell, Roméo et Juliette, Rusalka et Le Chevalier à la Rose. Et, pour la première fois au Met, L'Amour de loin de Kaija Saariaho, compositrice finlandaise.

La saison propose 20 ouvrages de répertoire, de Mozart à Janacek, embellis de distributions de stars : Netrebko, Stemme, Damrau, Fleming, Garanca, Opolais, Yoncheva, Peretyatko, Pieczonka, Koch et Finley, Domingo, Alagna, Beczala, Alvarez, Grigolo, Hymel, Vogt, Abdrazakov. Une absence remarquée, celle de Jonas Kaufmann. Et Juan Diego Florez concède seulement un gala.

Les stars internationales du Met se réuniront en mai pour célébrer les 50 ans de l’institution au Lincoln Center. 
Ce sera la 40ème année au Met de son directeur musical James Levine (72 ans), qui dirigera des pièces majeures malgré ses problèmes de santé.
Les prix des billets restent inchangé, voire se réduit sous forme de billets "Rush" délivrés en dernière minute ou de "Vendredi pour les moins de 40 ans" à $60 ou $100.
"Live in HD" mettra en vedette 10 retransmissions à partir du 8 Octobre, ce sera la 11e année de diffusion et la 100e de la série avec Tristan et Isolde

Saison 2016-17 à l'Opéra de Paris

"L’Opéra n’attend que vous !"

10 février 2016 : "Il n’y a pas d’autre mur et barrière pour l’homme que le Ciel !", c’est la conviction de Stéphane Lissner qui a dévoilé ce matin la saison 2016-2017. 
"L’Opéra n’attend que vous !" s’affiche en exergue au programme de l'Opéra de Paris. Cette année, il présente 20 ouvrages lyriques dont 11 nouvelles productions alternant découvertes et grands standards lyriques.

Du vent dans les cheveux avec les grandes voix qui reviennent de nouveau en force sur la scène parisienne : Kaufmann, Netrebko, Garanca, Harteros, Pape, Terfel, Alagna, Mattei, Fagioli, Serafin, Abdrazakov, Antonenko, Jaho, Alvarez, Antonacci, etc. Ils partagent l’affiche avec la jeune génération talentueuse dont beaucoup de voix françaises. "C’est notre rôle de favoriser leur venue" précise Stéphane Lissner.

Werther de Massenet à l'Opéra Bastille

Eternel
Piotr Beczala et Elīna Garanča © Émilie Brouchon / OnP
2 février 2016 : Depuis le 20 janvier, Werther de Jules Massenet signé par le cinéaste Benoît Jacquot connaît un nouveau triomphe. Les héros ont changé, le couple Werther-Charlotte est incarné par deux des plus grandes voix actuelles : Piotr Beczala et Elina Garanča, tous deux ovationnés par un public conquis. 
Dignes ambassadeurs de ce répertoire, ils déploient les couleurs vocales qui conviennent idéalement à ce duo-phare de l'opéra romantique français du XIXe siècle. 

Je voue depuis toujours une adoration à cette musique sublime qui se coule dans les méandres d’un romantisme tendre et tourmenté. Une musique de l’âme qui s’insinue dans un flux orchestral d’une bouleversante efficacité dramatique. Rarement, une musique aura aussi bien traduit le mal d’amour porté à son paroxysme. 
Rendre crédible et intense cette histoire romanesque à une époque où la modernité et la relecture sont de bon ton, tel est le talent du metteur en scène qui manie avec élégance le lyrisme en demi-teintes d’un romantisme assumée. Ancrée dans le XVIIIe siècle, le cadre dépouillé sied au charme poétique des tableaux éclairés comme des peintures flamandes. 

Meilleurs Voeux 2016


2015 s’étant surpassée pour qu’on ne la regrette pas, célébrons le passage à 2016 en espérant qu’elle distillera plus de satisfactions. En ces jours de vœux de bonheur et de renouveau, je vous souhaite encore plus de moments heureux et inoubliables. 


Pour les amoureux de l’art lyrique, pas de vœux extravagants, simplement le plaisir de vivre ces instants doux et magiques où des hommes et des femmes donnent le meilleur d’eux-mêmes, leurs plus belles voix dans tous leurs éclats.

"Comment se fait-il que des trois arts imitateurs de la nature - la musique, la peinture et la poésie -, celui dont l’expression est la plus arbitraire et la moins précise, parle le plus fortement à l’âme ? Serait-ce qu’ayant besoin de secousses pour être émus, la musique est plus propre que la peinture et la poésie à produire en nous cet effet tumultueux ?" écrivait un philosophe français au XVIIIe siècle…alors que Verdi, Puccini, Rossini et Wagner n’étaient pas encore nés.