2016, derniers feux et premier bilan

31 décembre 2016: Avant les douze coups de minuit annonçant une nouvelle année pleine de promesses, un petit retour sur les émotions partagées sur Espace Lyrique tout au long de l'année 2016.

Janvier
Werther Eternel
Le chef d’œuvre de Massenet signé par le cinéaste Benoît Jacquot connaît un nouveau triomphe. On est totalement sous le charme du couple romantique formé par Piotr Beczala et Elina Garanca.

Pêche miraculeuse au Met
Les Pêcheurs de perles de Bizet, ce joyaux enchanteur revient sur la scène du Met après cent ans d’absence dans une mise en scène qui ravit le public et un "gorgeous trio of voices", Diana Damrau, Mariusz Kwiecien et Matthew Polenzani.



Février
Il Trovatore, démesurément inoubliable !
Dans la vocalité verdienne aux nuances fortes et aux exigences de voix volumineuses et endurantes, cet opéra de Verdi tient une place majeure. Anna Netrebko, Ludovic Tézier, Marcelo Alvarez et Ekaterina Semenchuk l’ont honoré de manière exceptionnelle. On n’espérait plus à Paris un quator aussi rutilant de maturité et de beauté vocales !

Roméo et Juliette de Gounod à l'Opéra de Vienne
Juan Diego Flórez pour son premier Roméo européen et les débuts viennois de Marika Rebecca dans le rôle de Juliette. Le ténor chante Roméo avec sa signature toute en élégance sensible, la rondeur et la douce mélancolie ayant enrichi l’une des plus belles voix actuelles.

Mars
Les Maîtres Chanteurs de Nuremberg de Wagner enchante Bastille
Un vent de fraîcheur et de jubilation souffle à l’Opéra de Paris : des voix (toutes), un flot de couleurs orchestrales, du théâtre ludique, des décors somptueux, on est sous le charme jusqu’à la dernière mesure. Coup de cœur pour Gerald Finley dans le rôle de Hans Sachs, baryton accompli dont le magnétisme d’un timbre superbe donne le frisson.

Une soirée à La Scala avec Jonas Kaufmann
Le pari était risqué : filmer le premier concert Puccini du plus allemand des ténors dans le temple italien de l’art lyrique. Mais il faut rendre les armes, ce concert filmé est un pur joyau, sur tous les plans : le premier rôle bien sûr, mais aussi les images de La Scala en fête, l’orchestre en état de grâce et Puccini !

Des prises de rôles
Au Palais Garnier, Sonya Yoncheva incarne Iolanta. A Munich, on est à la fête d’Un bal masqué de Verdi. Prise de rôle d’Anja Harteros en Amelia, alternance de sons célestes et d’élans de passion sous la glace, et Piotr Beczala très à l’aise en Riccardo.
Au Royal Opera House, Bryn Terfel interprète le rôle-titre de Boris Godounov pour la première fois de sa carrière.
Au Met, Roberto Alagna remplace Jonas Kaufmann souffrant dans Manon Lescaut avec Kristine Opolais dans le rôle-titre. Une première pour le ténor français qui avait dû y renoncer pour raisons de santé en 2006 à Turin.

Avril
Un nouveau Werther
C’est au public parisien que Juan Diego Florez et Joyce DiDonato réservent leur premier Werther, un nouveau territoire avec leurs talents respectifs. Une version de concert, sans le masque d’une production ni l’apparat d’un costume, à nu et dans l’insolente beauté de leurs voix.

Sabine Devieilhe, virtuose Amina
Une voix qui monte dans tous les sens du terme. A 25 ans, elle faisait des premiers pas prometteurs dans le rôle-titre de La Somnambule, cinq ans plus tard, et auréolée d‘un parcours fulgurant, elle y revient en version concert au TCE. Un son pur qui se coule avec délectation dans nos oreilles.

Une Tosca de rêve
Le retour de trois étoile dans le ciel viennois : Angela Gheorghiu, Jonas Kaufmann et Bryn Terfel. Pour constater également que le ténor bavarois reprend "le cours normal de ses activités" après une pause de deux mois. Ovation sans fin après "E lucevan le stelle", stoppée net par un bis mémorable, et Jonas qui attend Angela sans trop d’inquiétude en chantonnant…

Au Met, Sondra Radvanovsky fait des étincelles en Elisabeth I dans Roberto Devereux. Sublime production de David Mc Vicar avec Matthew Polenzani dans le rôle-titre, Mariusz Kwiecien en Duc de Nottingham et Elina Garanca, sa Duchesse d’épouse.

Mai
Rigoletto à Bastille
Une soirée Verdi intense où s’illustrent de nouveaux talents qui mettent le public à leurs pieds pour leur première apparition sur cette scène. Le baryton hawaïen Quin Kelsey et la soprano russe Olga Peretyatko, divine Gilda, pour l’une des plus poignantes scènes finales.

Temps fort au Bayerische Staatsoper avec la Première des Maîtres Chanteurs de Nuremberg de Wagner. Une première scénique pour Jonas Kaufmann, de quoi faire battre les cœurs des Munichois et des 1% des voyageurs lyriques élus par le tirage au sort du théâtre. 

20 minutes de Wesendonck Lieder
Et la salle retint son souffle, absorbée par la ligne vocale, la douceur des mots et ce souffle subtilement filé de Jonas Kaufmann.

Juin
Le Chant de la Terre de Mahler
Jonas Kaufmann emmène le spectateur dans cette méditation : six poèmes pour se détacher de la superficialité de la vie et rejoindre l’éternité de la terre. La voix domine l’orchestre puis se fait velours jusqu’au murmure, dans une vérité proprement saisissante, la vibration de l’âme.

La Juive d’Halévy au Bayerische Staatsoper
Intensément dramatique, avec des personnages incarnés. Aleksandra Kurzak empoigne ce nouveau rôle avec passion et conviction. Roberto Alagna fend l’armure, son incarnation est riche et sensible.

L’émotion du retour triomphal de Plácido Domingo dans La Traviata à l’Opéra Bastille. Il chante Giorgio Germont aux côtés de Maria Agresta et Bryan Hymel. Sa dernière apparition sur cette scène remonte à plus de 15 ans, c’était dans le costume de Parsifal en février 2001. 

A Londres, un autre Werther
Vittorio Grigolo et Joyce DiDonato incarnent Werther et Charlotte pour la première fois à la scène. Du talent et de l’émotion. 

Juillet
Deux femmes en or à Bastille
L’Aida superlative de Sondra Radvanosky après ses trois reines Tudor magistrales au Met. Elle "affronte" sa rivale Amneris, incarnée par la mezzo géorgienne Anita Rachvelishvili, toute aussi impressionnante de puissance et de présence.

Août
La Traviata + Jaho + Domingo: soirée émotion à Orange
La température frôle les 35°, Ermonela Jaho s’abandonne et Plácido Domingo revient devant le mur, près de 40 ans après Samson et Dalila.

A Pesaro, l’édition 2016 du Rossini Opera Festival assure 
Un casting en or pour La Donna del lago avec Juan Diego Flórez, Michael Spyres et la découverte Jicia Salomé dans le rôle-titre. Le Turc en Italie enlevé par Olga Peretyatko et Erwin Schrott. Ciro in Babilonia avec Ewa Podles et Pretty Yende.

Citoyen d’honneur de Pesaro depuis juillet, Juan Diego Flórez célèbre le 20ème anniversaire de son partenariat musical et émotionnel avec le ROF. 

Septembre
Une Floria Tosca très attendue à Bastille
Anja Harteros et Bryn Terfel face à face dans un 2ème acte d’anthologie. La surprise tenait plus de la présence tant attendue d’Anja Harteros, immense soprano qui s’éloigne peu de son pays natale. Son sublime "Vissi d’arte" est à écouter les yeux fermés. Magistral Bryn Terfel. Qu’il murmure ses tractations vipérines ou qu’il vocifère, l’œil luciférien, ses fulgurances dramaturgiques sont impressionnantes.

Juan Diego Flórez invité des BBC Proms 2016
Le ténor péruvien entonne "Rule, Britannia!" en costume Inca avec beaucoup de ferveur.

Lancement en beauté de la saison du Royal Opera House avec Norma de Bellini.
Sonya Yoncheva est éblouissante dans le redoutable rôle-titre et le Pollione de Joseph Calleja achève d’offrir une magnifique soirée.

Jonas ne chantera pas Hoffmann
"C'est le cœur gros que je dois annuler mes représentations des Contes d'Hoffmann à Paris", Jonas Kaufmann doit renoncer à chanter jusqu'à ce que l’hématome sur ses cordes vocales soit complètement résorbé.

Octobre
Les amoureux du Baroque se réjouissent d’Eliogabalo de Cavalli au Palais Garnier 
Entouré de solistes pleinement convaincants, tous soudés dans leur implication théâtrale, le contre-ténor Franco Fagioli donne vie à ce cynique empereur débauché. Nouveau venu à l’opéra, Thomas Jolly créé une scénographie sombre, obscurité habitée d’un élégant ballet d’éclairages pour sculpter l’espace des différents tableaux. 

Samson et Dalila de Saint-Saëns à Bastille
Après 25 ans d’absence, Samson retrouve Dalila dans une forme éblouissante. La mezzo géorgienne Anita Rachvelishvili nous avait éblouis en Amnéris en juin dernier, elle revient en prêtresse venimeuse, stupéfiante et auréolée de superlatifs. Sa présence relègue tous les défauts de cette nouvelle production de Damiano Michieletto au second plan. On ne voit qu’elle !

Norma fait de la résistance
Encore une Norma, mais avec Cecilia Bartoli. Initiatrice de cette production – vision années 40 - au Festival de Salzbourg en 2013, la diva italienne propose un retour à l’édition originale. "Atypique", "sur mesure" ou "différente" sont les qualificatifs évoqués mais son interprétation virtuose est d’un grand raffinement.

Novembre
Au Théâtre des Champs-Elysées, Franco Fagioli déploie des trésors de virtuosité dans un vertigineux programme d’airs "sérieux" de Rossini pour mezzo-soprano.

Pretty Yende, Lucia vit un rêve
Il est rare qu’une salle se soulève pour applaudir une jeune artiste dès le milieu de l’opéra. La jeune soprano sud-africaine ne l’avait encore jamais vécu et elle en était émue aux larmes ! Sa Lucia di Lammermoor met Paris à ses pieds, son chant irradie comme une évidence jusqu’au dernier rang de Bastille.

Juan Diego Flórez, "Tout à coup, la voix change"
Le Deutsche Oper de Berlin fait revivre Les Huguenots de Meyerbeer. Aussi prêt qu’on peut l’être pour incarner ce nouveau Raoul de Nangis, techniques vocales à l’épreuve et sentiments à exprimer répondent désormais à une nécessité intérieure. Mais aussi Flórez éternel par le soin porté au légato et la pure lumière dans la voix, y ajoutant l’endurance, présent très souvent sur scène pendant quatre heures. Concentré, inspiré, définitivement à l’aise dans ce costume de héros romantique, il assure sans faillir jusqu’au rideau final.

Deux Hoffmann 
A Paris, on chante Les Contes d’Hoffmann, trois heures d’enchantement et de charme musical obsédant. Jonas Kaufmann et Sabine Devieilhe nous manquent…La production de Robert Carsen est toujours aussi irrésistible et magique, 15 ans après sa création.

Au même moment au Royal Opera House, Vittorio Grigolo est très à l’aise dans le costume d’Hoffmann. Voix rayonnante n’éprouvant aucune difficulté à chanter en français, personnalité flamboyante capable de douceur et de mélancolie. Il est entouré d’un casting enchanteur : Thomas Hampson, Kate Lindsey, Sonya Yoncheva, Christine Rice et Sofia Fomina. Le monde de fantaisie et d’évasion conçu par John Schlesinger vit ses dernières heures après 4 décennies de reprises.

Décembre
Sublime Elina Garanca
A Bastille, les éruptions explosives et sensuelles Cavalleria Rusticana laissent dans un état de vibration émotionnelle rémanent. Dans le rôle de Santuzza, Elina Garanca est éblouissante, une classe de chant qui fait d’elle l’une des plus fascinantes mezzo-sopranos actuelles. Etoffe vocale et somptuosité du timbre, osant tout et réussissant tout.

Premier Werther sur scène de Juan Diego Flórez, premiers ravissements du public, et premier bis de "Pourquoi me réveiller» après 3 minutes d’applaudissements nourris. Elégance, clarté du timbre et émotion saluées d’une ovation éclatante du public du Teatro Comunale de Bologne.

Et…Jonas de nouveau en forme sur sa page Facebook nous assure de son prochain retour. Dans Lohengrin à Bastille en janvier ?









Photos © Espace Lyrique


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire