Roberto Devereux de Donizetti à Zürich

Voix d’outre-monde et aigus immortels


© Opernhaus Zürich
20 juillet 2014 : Lorsque Edita Gruberova entre sur la scène de l’Opernhaus de Zürich, on se réjouit d’avance de cette soirée au contact de l’un des derniers monstres sacrés de l’opéra. 
La soprano slovaque foule les plateaux depuis plus de 45 ans, triomphant à Munich, Vienne et Barcelone avec ce rôle fétiche d’Elisabeth 1ère d'Angleterre. Dès son entrée, l’artiste domine parfaitement ses moyens vocaux, se jouant de sa technique, trillant, pianissimant, tonitruant…et enflammant le public subjugué par son art.

Roberto Devereux est l’une des pièces maîtresses de son répertoire. Ce soir, Edita Gruberova vient encore de démontrer qu’elle est une Elisabeth hors d’atteinte à près de 68 ans. L’attaque sidérante de ses aigus, sa projection phénoménale et sa présence scénique font de chacune de ses apparitions un moment d’intensité incomparable. A ses côtés, son compatriote, le jeune ténor Pavol Breslik campe un Roberto Devereux pénétré ; son timbre séduisant et sa voix claire et lumineuse font des merveilles face à la diva. La séduction vocale et l’implication scénique de Veronica Simeoni en Sara et d’Alexey Markov, le duc de Nottingham, parachèvent l’enchantement de cette représentation.

Jonas Kaufmann "Du bist die Welt für mich"

Pourquoi ce look de crooner des années 30 ?

10 juillet 2014 

Jonas Kaufmann rouvre une page de l’histoire musicale allemande dans un CD "Du bist die Welt für mich" qui rend hommage aux opérettes des années 30 à Berlin. 
En pleine crise économique de l’entre-deux-guerres, la République de Weimar (entre la défaite de l'Allemagne à la fin de la Première Guerre mondiale en 1918, et la montée d'Hitler au pouvoir en 1933) était le centre d’une création artistique considérable. On assiste alors à une explosion d’œuvres dite "légères" sous la plume de nombreux compositeurs comme Lehár, Stolz, Abraham, Tauber, May et Korngold. Ces musiciens seront victimes du fanatisme racial à l’arrivée du nazisme et subiront un destin tragique pour certains d'entre eux.

A la fois "classique" et "populaire", ces opérettes revêtent la mission sociale de divertir les populations confrontées à une grave crise politique. Jonas Kaufmann rend hommage à ce répertoire spécifiquement écrit pour les ténors.