Chercheur d’art
Robert Carsen lors d'une répétition de Don
Giovanni
à La Scala de Milan en 2011 - AFP/Teatro alla Scala
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Rigoletto de Verdi, sa dernière production
présentée à Aix-en-Provence en 2013 ©Patrick Berger
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Son actualité au Festival d’art lyrique d’Aix-en-Provence où
il revient pour présenter son premier Rigoletto me permet d’évoquer son
art de la mise en scène.
Les réminiscences de l’efficacité et de la beauté plastique de ses productions sont inscrites dans ma mémoire émotionnelle.
Les créations de Robert Carsen sont à la fois magiques et délicieusement reposantes. C’est une libération hormonale de dopamine qui envahit le spectateur car le grand art rend intelligent et heureux.
Les réminiscences de l’efficacité et de la beauté plastique de ses productions sont inscrites dans ma mémoire émotionnelle.
Les créations de Robert Carsen sont à la fois magiques et délicieusement reposantes. C’est une libération hormonale de dopamine qui envahit le spectateur car le grand art rend intelligent et heureux.
Capriccio de Richard Strauss à l'Opéra de Paris (DR.)
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Chaque tableau de l'opéra est une véritable œuvre d’art conçue comme une toile de maître. Il déchiffre la partition et le livret pour en scanner la profondeur et les intentions de l'auteur. La psychologie des personnages est subtile, mettant en lumière un
élément du livret qui nous avait échappé jusque-là. Chaque fragment de décor renferme une valeur symbolique du drame qui va se jouer. Son imagination fertile, la force
poétique des images et la maîtrise de la lumière nous plongent dans un univers
fascinant.
Don Giovanni de Mozart à La Scala de Milan (DR.) |
Robert Carsen aime profondément la musique, les
chanteurs et bien sûr le théâtre. Chaque relecture de l’œuvre est intelligente, élégante et inventive. Il ne fait pas le choix de détourner l’attention par la dérision
grotesque ou la provocation. Il n'y a pas de thèse fumeuse, pas d’agitation inutile ni de regard halluciné, pas de jeu obscène, pas de décors insignifiants ni de costumes
disgracieux. Bien au contraire, son
travail fascine par la pertinence de son "concept" et par la beauté de l'ensemble. Et même si
on n’adhère pas à l'un de ses concepts, on ne reste pas insensible à la
qualité de la réalisation.
Tosca - Emily Magee - chante Vissi d'arte
Opéra de Zurich © Suzanne Schwiertz
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Une Tosca inoubliable
Magie du dépouillement, de la direction d’acteur et de l’incarnation inspirée des chanteurs : la Tosca imaginée par Robert Carsen en 1992 et
reprise à l’Opéra de Zurich en 2009 (captée en DVD). L’une de ses premières
mises en scène et l’une des plus puissantes.
Théâtre dans le théâtre, le rideau de scène s’ouvre sur un
autre rideau et un vaste plancher orné de quelques accessoires symboliques. Cet
espace dépouillé et harmonieux suffira à la cohérence et à l’intensité du drame
qui se chante devant nous : à l’acte I, la fresque Renaissance peinte par Cavadarossi et
quelques chaises pour les spectateurs qui assisteront au Te Deum dans l'église Sant'Andrea de Rome. Au II, une table et un fauteuil dorés au
milieu de la scène qui évoquent le Palais
Farnese et un halo de lumière sur Floria Tosca qui chante Vissi d’arte.
Tosca - Jonas Kaufmann et Emily Magee
Opéra de Zurich © Suzanne Schwiertz |
Au troisième acte, le paroxysme du dépouillement et la seule
expression corporelle d’un ténor-tragédien sur un vaste plancher incliné réservent pourtant un grand moment d'émotion. Cavadarossi a été torturé et quelques
heures plus tard, il attend son exécution à l'aube dans la prison du château Saint-Ange.
Habillé
d’un banal pantalon et d’une chemise blanche tachée du sang de la torture et de
la peinture de ses toiles, Cavadarossi - Jonas Kaufmann - se couche sur le sol
pour exprimer souffrance et désespoir. L’heure de sa mort approche et il pense
à Tosca. Pas de chant mais le lyrisme extrême de Puccini, effleurements
sensuels du corps imaginaire de Tosca, mouvements douloureux et respiration
étouffée par quelques sanglots à peine perceptibles. Puis il se lève pour
dessiner l’œil noir de la Diva sur le mur de pierre de la prison, moment doux
et rêveur pour capter son image une dernière fois.
Et toute cette simplicité
subtile prépare à l’un des plus poignants E
lucevan le stelle de l’histoire de l’opéra. Du très grand art !
L'intensité de Puccini, le génie de Carsen
et la puissance émotionnelle de Kaufmann
Puis E Lucevan le stelle (Et les étoiles brillaient),
submergé par le souvenir de Tosca.
"L'heure s'est envolée, et je meurs désespéré.
Et je n'ai jamais autant aimé la vie !"
Robert Carsen est né en 1954 à Toronto au Canada. Il connaît ses plus grands succès en Europe, notamment en France avec les plus beaux spectacles lyriques de ces vingt dernières années. L’Opéra de Paris l'a accueilli dès 1991 pour Manon Lescaut.
Quelques 25 années plus tard et plus de 70 créations, le
théâtre de Robert Carsen sert toujours l'opéra avec grandeur et imagination. Les images parlent d’elles-mêmes.
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