Tosca à l'Opéra de Paris

3 juin 2019 : L’Opéra de Paris annonçait une Tosca royale réunissant Jonas Kaufmann et Anja Harteros dans une reprise de la production de Pierre Audi. Des étincelles en perspective pour le premier Cavadarossi parisien du ténor en complicité parfaite avec la somptueuse soprano allemande. Mais déception, une fausse route et sa toux violente ont contraint le ténor bavarois à y renoncer. Marcelo Puente, ténor argentin que beaucoup découvre, assure les représentations de mai, Vittorio Grigolo ayant chanté la première. 
Ouvrage emblématique d’une dramaturgie enflammée avec ses émotions vocales et ses arias célèbres, Tosca est un opéra plein de fureur où le génie de Puccini scande la passion, mais aussi le pathétique et la violence des sentiments humains. Ce sont aussi des duos intenses où deux êtres accèdent par leur union ou leur affrontement à une dimension supérieure dans une inventivité mélodique et une fulgurance orchestrale d’où surgit l’émotion. 

Loin de l’ardeur et de la musicalité de Jonas Kaufmann, Marcelo Puente campe un Mario crédible au timbre séduisant mais un peu pâle en projection. Il faut attendre l’acte III et son "E lucevan le stelle" pour qu’il se révèle pleinement dans le douloureux adieu du peintre à la vie. 
Sa présence s’avère en demi-teinte dans un face à face inégale avec Anja Harteros. La ligne de chant de la soprano, ses aigus cinglants et envoûtants, sa noblesse d’incarnation font merveille. Sublime "Vissi d’arte", la prière de Tosca est à écouter les yeux fermés. Magistrale artiste qui recueille une ovation aux saluts. 
Fermant le triangle au destin tragique, Zeljko Lucic incarne un Scarpia faiblement habité de la cruauté sadique et autres penchants machiavéliques du personnage. Titulaire du rôle sur de nombreuses scènes, le baryton serbe assure plutôt tranquillement le rôle. 
Loin des emballements de décibels habituels, le chef Dan Ettinger ponctue les tempi d’une douceur enveloppante. Une grande richesse de nuances de l’orchestre tout entier nous faire vibrer aux éclats de cet ouvrage au succès renouvelé.


Sava Vernic (Angelotti), Marcelo Puente (Mario Cavadarossi), Anja Harteros (Floria Tosca), 
Zeljko Lucic (Scarpia), Nicolas Cavalier (Sacristain)
Opéra de paris, 22 mai 2019





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