Simon Boccanegra à l’Opéra Bastille

Pater dolorosus

Ludovic Tézier (Simon Boccanegra) ©Agathe Poupeney /OnP
13 décembre 2018 : A lui seul, Ludovic Tézier justifie de découvrir cette obscure nouvelle production de l'Opéra de Paris. Son interprétation du doge génois est magistrale, habitée, toute en émotion retenue.
Tout au long de la dernière décennie, cet olympien verdien a développé de la façon la plus accomplie son identité vocale. Une carrière où il est allé lentement alors que la voix gagnait en étoffe et en résonnance. 
A 50 ans, le baryton français aligne désormais les grands rôles. L’important c’était d’arriver à l’heure pour le bonheur des scènes internationales, au sommet de sa technique dans Don Carlos, Rigoletto, Macbeth, Il Trovatore, La Traviata, Tosca ou Ernani
Aujourd’hui, il incarne pour la première fois sur scène le rôle-titre de Simon Boccanegra, gravant dans le mémorable la vérité du sentiment verdien. Majesté innée, alliage du timbre et de la musicalité, ampleur dans l’immensité de Bastille. Magnifique !


La malchance est qu’il ait croisé Calixto Bieito qui a développé de la façon la plus incompréhensible possible sa "vision" crépusculaire en manque de sens. L’allusion à la mer avec un immense vaisseau pour seul décor. Chœurs et chanteurs se déplacent sur le plateau sombre et nu ou évoluent dans la structure parée de néons aveuglants, les obligeant par moment à se mouvoir comme des automates. Et les facilités d’usage comme les costumes façon Deschiens, la femme aux seins nus en errance et un unique seau en métal émaillé pour accessoire. Le jeu imposé n’a aucun rapport avec le texte, les personnages sont banalisés, l’intrigue nous échappe, le livret étant déjà nativement assez confus. 

Ludovic Tézier (Simon Boccanegra) et Maria Agresta (Amelia) 
Heureusement, la musique, le chef Fabio Luisi et les interprètes font des merveilles.
Touchante et ardente Maria Agresta en Amelia. Noble Fiesco par le Finlandais Mika Kares, le duo baryton-basse final avec Simon/Tézier est remarquable. Aussi sonores que Nicola Alaimo en Paolo, Francesco Demuro en Gabriele et le jeune Mikhaïl Timochenko en Pietro.



A voir, mais surtout entendre le 13 décembre à 19h30 dans les cinémas UGC et sur CultureBox (puis en replay)


De g. à dte : Mikhaïl Timochenko (Pietro), Francesco Demuro (Gabriele), 
Maria Agresta (Amelia), Fabio Luisi (Direction), José Luis Basso (Chef des Chœurs), 
Ludovic Tézier (Simon Boccanegra), Mika Kares (Fiesco) et Nicola Alaimo (Paolo)
Opéra de Paris, 10 décembre 2018


Photos ©Agathe Poupeney /OnP

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