Benvenuto Cellini de Berlioz à Bastille

Hauts les chœurs !

©Agathe Poupeney / OnP
5 avril 2018: Ce Benvenuto Cellini dans la version Terry Gilliam qui sillonne l’Europe depuis quelques années arrive enfin à l'Opéra de Paris. La mise en scène extravagante du très inventif cinéaste, ex-Monty Python iconoclaste, séduit et amuse. 

Une production pleine de fantaisie, de couleurs et de mouvements de scène sans que jamais on ne perde le fil de l’intrigue campée autour d’un Mardi Gras. Entre pluie de confettis déversés dès l’ouverture dans l’immensité de Bastille et paillettes multicolores qui se déposent sur nos vêtements en final, solistes, choristes, jongleurs et acrobates s’invitent dans cette folie théâtrale jubilatoire. 

Hector Berlioz s’inspire de la vie de cet orfèvre-sculpteur de la Renaissance pour composer son 1er opéra : le Florentin accéda à la renommée en dévoilant sa structure monumentale - Persée tenant la tête de Méduse – réalisée pour son Mécène de Médicis. Benvenuto Cellini fut un échec retentissant dès sa première représentation à l’Opéra de Paris en 1838, suivi d’une éclipse de cette scène jusqu’au début du XXème siècle.


©Agathe Poupeney / OnP


John Osborn et Pretty Yende
Cet épisode romancé du sculpteur est difficile à restituer mais c’est une source évidente d’inspiration pour Terry Gilliam. Le pape Clément VII (Marco Spotti) passe commande à Cellini (John Osborn) de la statue de Persée. Celui-ci a un concurrent-sculpteur Fieramosca (Audun Iversen) également rival pour les beaux yeux de Teresa (Pretty Yende), mais préféré de son père Balducci, trésorier du pape (Maurizio Muraro). D’où quelques séquences déjantées enchaînant tentative d’enlèvement de la belle, assassinat du spadassin du gêneur et pénurie de métal de dernière minute. Le clou du spectacle étant l’apparition papale, comble du burlesque.

Le spectacle est porté par les Chœurs de l’Opéra de Paris, absolument magistraux et aux déplacements réglés au cordeau. En tête de la distribution, John Osborn s’empare de ce rôle-titre périlleux avec conviction et technique redoutable. Pretty Yende campe une Teresa toute en charme et vaillance. L’Ascanio juvénile de la mezzo Michèle Losier séduit pas ses facilités et son ampleur vocale. Dans cette extravagance, la direction de Philippe Jordan suit le rythme effréné de la partition, toujours fidèle à son élégance, un brin sage. 

Une renaissance de l’œuvre pour nous en faire découvrir tous les attraits : moments symphoniques sublimes, chœurs remarquables, et bien sûr éclats héroïques des grands airs. Mais aussi démesure et excentricité de la partition que cette folle production galvanise.
Rarement autant de rires fusent à l’Opéra de Paris !


De g. à dte : Pretty Yende, Philippe Jordan, John Osborn et Michèle Losier
Opéra Bastille - Avril 2018

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