Concert d'adieu de Philippe Jordan

Soirée d’adieux émouvante à l’Opéra de Paris 

2 juillet 2021: Le concert était annoncé exceptionnel et ces adieux résonnent tout autant dans ce registre d’exception. Ce 2 juillet, l’Orchestre et les Chœurs de l’Opéra de Paris étaient réunis une dernière fois sous la baguette de Philippe Jordan, directeur musical depuis 2009. 

Un programme éminemment spirituel pour couronner douze années de don de soi pour parvenir à l’excellence et tourner une page de sa vie de chef: Faust-Symphonie de Liszt et le troisième acte de Parsifal, deux odes à la rédemption par l’amour.

Riche de sens que ce choix du dernier opéra de Wagner. Abîme mystique et testament, "l’heure sacrée" se trouve en écho à cette soirée d’adieu. "L’œuvre a en son temps marqué une rupture et ouvert de nouveaux horizons, à l’image de ma récente prise de fonction à l’Opéra de Vienne et des projets qui attendent les formations musicales de notre institution parisienne" confie-t-il. 

De mémoire de spectateurs de l’Opéra de Paris, on ne croit pas avoir jamais ressenti une telle sincérité dans la tendre gratitude du public et des musiciens : le couronnement d’un talent par une longe ovation debout de la salle entière accueillie avec beaucoup d’émotion par Philippe Jordan. Car il incarne une sorte de hauteur, celle de l’humain et de la culture. Dans sa direction, il est attentif et concentré, il émane quelque chose d’extrêmement doux, attaché à l’expression du meilleur des chanteurs et des musiciens. 

Déclaration d’amour réciproque, il a aimé travailler à Paris et il a obtenu l’approbation de l’Orchestre par un patient travail qui impose et persuade, la réussite et le bonheur de jouer s’affichent alors en commun. Le public salue ce travail accompli en profondeur, ce qu’il a fait de meilleur restera en nous. "La musique est une nourriture émotionnelle qui synchronise les gens entre eux." dit-il.

Tout aussi d’exception, les interprètes du programme: René Pape, magistral Gurnemanz des dernières décennies, Peter Mattei, le plus bouleversant Amfortas à chaque apparition depuis le Parsifal d’anthologie du Met en 2013, et Andreas Schager, puissant ténor wagnérien en Parsifal.

L’âge d’or de la maturité attend Philippe Jordan à Vienne. Comme à Paris, nul doute que ce chef cherchera ce qui est grand, beau et sublime. S’effacer derrière la musique, hors du temps, telle est sa vocation.

Opéra de Paris, 2 juillet 2021

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