La "Rossini Renaissance"
Teatro Rossini de Pesaro |
11 août 2013: Ce soir, Première de Guillaume Tell, l’opéra le
plus attendu du Festival Rossini. L'Orchestre du Théâtre communal de Bologne dirigé par Michele
Mariotti fera revivre cet ouvrage qui revient à Pesaro après 18 ans d’absence.
La nouvelle production est confiée à Graham Vick qui qualifie l’ouvrage de véritable "Everest lyrique".
Et dans le rôle himalayen d’Arnold, nul doute que le ténor péruvien Juan Diego Flórez saura négocier l'une des plus terribles partitions du répertoire du XIXe siècle et ses sept redoutables contre-ut concluant la cabalette "Asile héréditaire". L’opéra sera diffusé en direct sur rai radio3.
Et dans le rôle himalayen d’Arnold, nul doute que le ténor péruvien Juan Diego Flórez saura négocier l'une des plus terribles partitions du répertoire du XIXe siècle et ses sept redoutables contre-ut concluant la cabalette "Asile héréditaire". L’opéra sera diffusé en direct sur rai radio3.
Pesaro est à Rossini ce
que Bayreuth est à Wagner. Un temple consacré au génie d’un seul compositeur.
Avec toutefois une différence, Gioacchino Rossini est né dans cette ville, le 29
février 1792. Ce jour de naissance l’amusait beaucoup car il fêta ses "dix neuf ans !" en
1868, quelques mois avant sa mort. Il ne savait pas qu’il mourrait un vendredi
13 !
Rossini composera près de 40 œuvres lyriques entre 18 à
37 ans. Guillaume Tell est son
dernier opéra auquel succéderont 40 années de silence car le musicien n’écrira
plus un seul opéra jusqu'à sa mort. N’ayant pas de descendance, Rossini lègue sa
fortune considérable à la ville de Pesaro. Après sa mort en 1868, ses œuvres sont
peu à peu chassées de l’affiche des maisons d’opéras avec l’arrivée des romantiques,
de Wagner et des Français. Seuls Le
Barbier de Séville, L’Italienne à Alger, Semiramide et La Cenerentola sont régulièrement programmés. La création du Festival d'opéra de Rossini en 1980 sera l’événement fondateur de la "Rossini
Renaissance". Chaque année, musiciens et interprètes tentent de faire
revivre les opéras oubliés du Maestro et l’art du bel canto.
Juan Diego Flórez dans Guillaume Tell à Lima en mars 2013
Photo © Gran Teatro Nacional /Minsiterio de Cultura /Lima
|
Les opéras de Rossini seront représentés au Teatro Rossini de Pesaro à partir de 1818,
le compositeur a 26 ans et une carrière fulgurante et prolifique à son actif.
Il a notamment rencontré un immense succès à l’âge de 20 ans à la Scala de
Milan pour la création de La Pietra del paragone.
Après des débuts
non exempts de critiques, Guillaume Tell
connaîtra un succès souverain et durable, honorant même Rossini de la Légion d’honneur
remise par Charles X. L’ouvrage fera l’objet de cinq cents reprises mais dans des versions souvent excessivement réduites. "Quoi ?
Tout le deuxième acte ?" s’écria-t-il un jour où on lui annonçait
que l’Opéra donnerait l’acte II, tant il avait dû accepter de coupures.
Graham Vick en répétitions (DR Pesaro) |
Lors de la conférence de presse du 10 août, le metteur
en scène Graham Vick avoue "quand je suis allé voir Guillaume
Tell la première fois, je me suis enfui
à la fin du premier acte, tellement je m’ennuyais !". Quelques
années plus tard, il a trouvé un point de contact avec l’œuvre et prétend avoir
été touché - non pas par les protagonistes, Guillaume Tell et Arnold - mais par cette communauté d’hommes qui conserve son identité
à travers le chant et la danse. Le cinéma italien de la grande époque a
fortement marqué le jeune réalisateur qu’il était. Il garde en mémoire deux
films : 1900 de Bertolucci
et L’arbre aux sabots d’Olmi "l’un
des plus beaux films qui m’a fait sentir le sens de la terre, de la famille et
des valeurs humaines, mais aussi de la politique".
L'opéra se déroule au XXVIIIe siècle et raconte la
fameuse histoire de Guillaume Tell qui rassemble les Suisses contre les
Autrichiens. Comment traiter un tel sujet alors que la politique et la
citoyenneté ont bien changé depuis l'époque de Rossini ? Pour Graham Vick, l’histoire
des hommes se répète et l’on est toujours sous la domination d’un autre. "L'histoire d'hier est celle d'aujourd'hui,
nos vêtements et nos sacs de marque sont fabriqués par ceux qui tiennent en servitude
des enfants de l'Indonésie et du Bangladesh".
Michele Mariotti Photo Amati Bacciardi / Colombia Artists Music |
Le jeune Chef Michele Mariotti évoque Guillaume Tell comme "un père de famille qui est "forcé" d’organiser sa défense et que les
événements vont transformer en héros". Le Chef a choisi la version française écrite
par Rossini dans cette langue car il considère que la traduction en italien
modifie la musicalité originale. Cette version comporte également presque tous
les ballets de sa création.
Ce soir, aux côtés de Juan Diego Flórez, l’affiche
réunit Nicola Alaimo dans le rôle-titre, Marina Rebeka dans le rôle de Mathilde, Simon Orfila dans celui de Walter Furst, Celso Albelo dans le rôle
du pêcheur et Amanda Forsythe dans le rôle de Jemmy.
Guillaume Tell est un monument de musique dont les
morceaux de bravoure devraient emporter le public de Pesaro. Réponse ce soir…
"Amis, Amis", la suite de la cabalette d'Arnold à l'acte IV de Guillaume Tell
"Plus de crainte inutile, plus d'alarme stérile : Gessler, tu périras !
Pour toi, qui prives ma tendresse de mon père et de ma maîtresse, est-ce assez que le trépas ? Amis, amis, secondez ma vengeance. Si notre chef est dans les fers, c'est à nous qu'appartient sa défense.
D'Altdorf les chemins sont ouverts. Suivez-moi ! suivez-moi !
D'un monstre perfide, trompons l'espérance homicide.
Arrachons Guillaume à ses coups! Aux armes ! aux armes ! aux armes !"
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