Exposition Verdi à Paris

La force d’un destin

Giuseppe Verdi, pastel de Giovanni Boldini (1886)
sur l’affiche de l’exposition
10 octobre 2013 : Jour de naissance de Giuseppe Verdi (1813-1901). 
A l’occasion de ce bicentenaire une exposition lui est consacrée à Paris dans le décor somptueux d’un hôtel particulier érigé sous Napoléon III (*).
L'exposition retrace la vie du musicien selon la chronologie de ses œuvres avec des documents historiques et des correspondances passionnantes jamais traduites jusqu'à maintenant. Mais aussi des livrets annotés de sa main, des costumes de scène et des reproductions d'affiches. 
Tout pour éclairer sur la personnalité du compositeur, le plus émouvant étant pour moi les murs de citations du maestro qui illustrent son rapport à la création, sa manière de vivre et ses liens avec sa terre natale. Entre les lignes émerge une forte personnalité avec un caractère fougueux et velléitaire mais aussi du cœur. Quelques objets personnels nous plongent dans la réalité de l’Histoire, comme son chapeau haut de forme et son écharpe blanche illustrés dans le célèbre portrait de Giovanni Boldini.

Le nom de Verdi restera fortement associé à l'histoire de l’opéra jusqu'à la nuit des temps. En cette année de célébration, on réalise à quel point son œuvre est universelle et vibre plus que jamais dans le cœur du public. Il a apporté une telle intensité à la musique qu’elle étourdit toujours autant plus de cent ans après sa mort. Nous emporter au cœur des passions humaines, tels étaient sa loi et son art.

La tragédie entre dans la vie du jeune Verdi de 27 ans. Alors qu’il se bat pour que son premier opéra soit monté à la Scala de Milan, ses deux enfants puis son épouse sont emportés par les maladies incurables de  l’époque. De ce deuil jailliront des créations d’une intensité poignante avec le chant ardent comme thérapie du désespoir et la vérité de la vie comme inspiration.

Caricature de Verdi
par Melchiorre De Filippis Delfico (1860)
Il connaît le véritable démarrage de sa carrière à 29 ans avec le triomphe de Nabucco à Milan. Durant les 17 années qui suivent, ils composent une vingtaine d’opéras. Lors de l’unification de l’Italie, l’acronyme de son nom devient le signe de ralliement de la jeunesse italienne qui entonne "Viva Verdi" qu’il faut interpréter comme "Vitorio Emanuel Re DItalia". Il devient le symbole de l’unité italienne et les intrigues de ses opéras sont alors le reflet des combats pour la liberté.

Vers la quarantaine, il compose en trois ans ce que l’on appellera sa "trilogie populaire" - Rigoletto, Le Trouvère et La Traviata -, qui n’a de populaire que le succès car ces œuvres sont d’un raffinement extrême.  
Verdi émeut avec ses héros qui souffrent, détruits par les humiliations qui appellent la vengeance jusqu'à y perdre la vie. Des héros qui ne sont pas responsables de leur cruel destin car manipulés par toutes les représentations du pouvoir.

Don Carlo au Staatsoper de Munich - ©Wilfried Hoesl 2012
Après ces années fertiles, Verdi a 50 ans. Il va alors espacer ses créations et nous offrir cinq derniers mélodrames où son génie touche au sublime. Plus intense, plus profond, il enrichit sa musique d’une expression dramatique insensée. C’est l’époque de La Force du destin, Don Carlo et Otello. A 80 ans, il compose son dernier opéra Falstaff, son premier opéra comique après l'échec du premier plus de cinquante ans auparavant. Il vit ses dernières années célébré comme un dieu vivant.

Alors que le XIXème siècle s’achève, Verdi s’éteint à 87 ans en janvier 1901. Le deuil national est prononcé et les murs de Milan sont revêtus de noir. Un mois après une sobre cérémonie privée  - en respect des vœux du défunt - ont lieu des funérailles nationales. Le char funèbre doit se frayer un chemin dans une marée de quatre cent mille admirateurs dans les rues étroites de Milan et aux abords de la Scala. Pour ces funérailles qui dureront douze heures, les rues sont recouvertes de paille pour amortir le bruit des sabots des chevaux. Devant le cimetière, Toscanini dirige huit cents choristes dans le "Va pensiero" de Nabucco, l’opéra qui lui valut une gloire instantanée et l’imposera en maître absolu de l’art lyrique.

(*) Exposition Verdi à Elephant Paname, jusqu'au 5 janvier 2014

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