Eugène Onéguine de Tchaïkovski au TCE

Jean-Sébastion Bou (Onéguine) Gelena Gaskarova (Tatiana)
"Le bonheur était si proche..."

10 novembre 2021: Réjouissante soirée russe toute en vibration et délicatesse.
Et un événement pour le Théâtre des Champs-Elysées puisque c’est la première vraie production scénique de l’ouvrage en ces lieux, celui-ci n’ayant été donné que deux fois, très brièvement en 1930 et 1990 avec des troupes russes invitées.

Exploration mélancolique d’un amour malheureux, Eugène Onéguine est une œuvre bouleversante sur le temps qui passe et ses rendez-vous manqués avec nous-mêmes. Mélange de doux lyrisme, de pathétique et de poésie, la musique Tchaïkovski serre le cœur, le génie du compositeur étant d’avoir réussi à exprimer le secret et la profondeur des sentiments.


Dans un décor dépouillée et irréel en 3 couleurs - chaises, costumes et cloisons en blanc, vaste gazon vert et noir habillé de lumières - la nostalgie et le tragique se jouent comme dans un rêve. La conception minimaliste de Stéphane Braunschweig focalise notre regard sur les interprètes. Le talent et la sincérité des chanteurs apportent une dimension éminemment touchante à l’histoire et cette intensité théâtrale parvient à insuffler une émotion grandissante.

Une séduisante distribution porte haut les couleurs de cette production. Dans le rôle d’Onéguine, le baryton Jean-Sébastien Bou incarne avec évidence ce personnage au cynisme hautain qui réalise trop tard qu’il est passé à côté de sa vie. Séduction du timbre, musicalité et profondeur. La soprano russe Gelena Gaskarova incarne Tatiana, la rêveuse et naïve jeune fille, dans une interprétation toute en nuances et sensibilité. Le poète Lenski est incarné par le ténor Jean-François Borras, magnifique de présence dans le désespoir. Alisa Kolosova apporte l’ampleur et la rondeur de sa voix au personnage d’Olga. Jean Teitgen est un impérial Prince Grémine et Marcel Beekman un facétieux Monsieur Triquet. Mireille Delunsch/Mme Larina et Delphine Haidan/Filippievna complètent cette distribution homogène.

Dans la fosse, la jeune Américaine Karina Canellakis dirige l’Orchestre Nationale de France en grande forme. L’affinité de la cheffe avec la musique russe (ses racines) est palpable, attentive aux chanteurs afin qu’ils se sentent inspirés par la puissance de la musique. 

Images © Vincent Pontet

De g. à dte : Mireille Delunsch (Mme Larina), Alisa Kolosova (Olga), Jean-François Borras (Lenski), Jean-Sébastien Bou (Onéguine), Gelena Gaskarova (Tatiana), Jean Teitgen (Prince Grémine), Delphine Haidan (Filippievna), Marcel Beekman (M. Triquet)


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