Le Trouvère, à première vue

Welcome to the darkness

La photo du Trouvère, objet de la fureur des internautes
©Wilfried Hösl/Bayerische Staatsoper
26 juin 2013: "Bienvenue dans l’obscurité" a titré le metteur en scène Olivier Py dans l'édito du journal du Bayerische Staatsoper de Munich pour présenter sa conception du Trouvère qui se jouera demain soir.
Noir présage car, à l’heure des dernières répétitions, la nouvelle production fait l’objet de sombres attaques véhémentes sur la page Facebook de l’Opéra.

©Wilfried Höst /Bayerische Staatsoper
En effet, dès la parution des premières images de la production, de vives contestations et insultes ont rempli progressivement la page. A côté des heureux impatients de découvrir la diffusion en streaming du 5 juillet prochain, de nombreux commentaires négatifs ont rapidement brouillé les échanges.
Cela a commencé par quelques remarques innocentes et habituelles du genre "les costumes sont laids" ou "la mise en scène est inappropriée". Mais peu à peu, plus de 200 discussions ont dérapé vers l’agressivité et la colère, l’administration de l’Opéra ayant été la première cible. Ensuite, l'attaque directe des artistes étiquetés "malades mentaux" s'est amplifiée jusqu'à des accusations de "méthodes nazies". Après une leçon d’éthique, l’Opéra Bavarois s’est vu contraint de clore les discussions sur Facebook, pour la première fois de son histoire !

Image scandaleuse du Trouvère !
©Wilfied Hösl/Bayerische Staatsoper
Je n’ai pas beaucoup de tendresse pour ces censeurs autoproclamés et encore moins pour la violence même griffonnée dans un message. Il m’est arrivé de ne pas applaudir un spectacle décevant ou vulgaire mais jamais de le huer, encore moins de me répandre en invectives avant d’apercevoir la moindre corde vocale du ténor. 
Certaines productions m’ont quasi énervée mais je pense avant tout à l’immense travail des chanteurs embarqués malgré eux dans un désastre auquel ils n’ont pas d’autres choix que d’adhérer. Ils sont même souvent les premiers à soutenir les choix d’un metteur en scène assommé par les critiques.

Quelle raison artistique enflamment ces censeurs devant une image bien anodine ? 
"A première vue", la mise en scène pourrait être la cible des protestations. Olivier Py, l’homme qui fait parfois scandale, aime bien bousculer le public par ses choix provocateurs. Il est vrai que l’apparition d’une cantatrice dénudée comme sortie du Crazy Horse interprétant Olympia dans les Contes d’Hoffmann d’Offenbach m'avait un peu déconcertée. Ses détracteurs lui reprochent souvent d’alimenter les phantasmes de son propre univers scénique et symbolique avant de servir l’œuvre. Mais attendons de voir.

Reste la musique de Verdi et le chant de Jonas Kaufmann et Anja Harteros. Et demain, Munich devrait être à la fête !


Trailer du Trouvère mis en scène par Olivier Py

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