Juan Diego Flórez en récital au Théâtre des Champs Elysées

Virtuose et irrésistible

On reconnaît une soirée lyrique d’exception à la délectation de chaque seconde et à la jubilation provoquée par tant de beauté du chant. Une fois par an, Juan Diego Flórez nous offre un magnifique récital au Théâtre des Champs Elysées. Celui du 6 avril dernier était sans doute l’un de ses plus beaux. 

Pour être honnête, j’attendais ce nouveau récital avec une petite interrogation car le programme auquel ses prouesses vocales ne s’étaient pas encore risquées me laissait très légèrement désorientée. L’annonce de l’air de Guillaume Tell qu’il chantera à Pesaro cet été m’aurait comblé, mais son choix était tout autre. C’était sans compter sur le professionnel lucide et exigeant envers lui-même qu’il sait être. Car ce récital fût une nouvelle démonstration de son assurance technique et de ses moyens vocaux à mettre en pâmoison les plus impassibles.

Après une entrée toute en concentration (un peu tendu ?), le ténor chante deux airs d'Haendel en douceur comme pour préparer sa voix aux cimes vers lesquelles il va nous emporter plus tard. Viennent ensuite les arias de Meyerbeer où l’on découvre le ténor très à l’aise alors qu’il ne nous a pas habitué à ce répertoire. Et tout ce qu’on adore entendre de ce chanteur hyper doué est là: les nuances,  l’élégance, la pureté du chant, la douceur poétique et les aigus vertigineux. Un délice !

Juan Diego Flórez enchaîne avec trois mélodies espagnoles et poursuit son récital avec Verdi, dans une grande évidence. Il termine avec du pur bel canto dans un air extrait de Roberto Devereux. Aisance et festival pyrotechnique, le public est aux anges.

Il nous gratifiera de 4 bis dont l’incontournable et olympique «Ah! Mes amis, quel jour de fête» de la Fille du Régiment qui projettera hors de leur fauteuil les spectateurs éblouis devant tant de virtuosité. Rappelons qu’il a été le premier ténor de l'histoire de l'opéra à bisser cet «air aux 9 contre-ut» à Bastille en octobre dernier. Ce ténor réservé ne manque cependant pas d’humour et de décontraction en fin de récital: devant l’afflux de demandes des spectateurs fusant dans tout le théâtre, Juan Diego écrit sur sa main comme prenant une commande au restaurant !

Une ovation méritée conclut le récital parisien de Juan Diego Flórez, le ténor belcantiste le plus talentueux de notre époque. Cette soirée lyrique doit beaucoup à l'orchestre jeune et virtuose sous la baguette assurée et enthousiaste de Christopher Franklin. 

Juan Diego Flórez et Christopher Franklin qui a dirigé l'Orchestre Deutsche Kammerakademie

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