Photo ©Michele Crosera |
Si vous allez à Venise, allez découvrir le Teatro La Fenice, salle d’opéra mythique et l’une des plus étonnantes au monde.
L’entrée dans la somptueuse salle ovale est une émotion artistique inoubliable. Il faut rester assis quelques instants pour contempler la stupéfiante beauté de sa reconstruction achevée en 2003.
Le phénix, les ors et les pastels, symboles de la Fenice |
Comme partout à Venise, on est dans le merveilleux. Et pour apprécier la puissance du lieu, il faut connaître l’histoire spectaculaire de sa beauté tragique. Comme le phénix dont il porte le nom, le Teatro La Fenice renaîtra deux fois de ses cendres. Il est détruit une première fois par un incendie en 1836. Comme bien des théâtres de l’époque, l’éclairage au gaz enflammant les décors est à l’origine du drame. Après l’incendie du 29 janvier 1996 - criminel celui-là - l’opéra se résume à une façade et trois murs. Des mélomanes en deuil viennent déposer des gerbes de fleurs sur les gravats calcinés. Une odeur âcre de brûlé envahit la ville entière. Personne n’ose y croire mais dès le lendemain, on promet sa construction "Dov'era, com'era", "comme il était, où il était".
Photo ©Michele Crosera |
Il renaîtra 8 ans plus tard, restauré tel qu’il était à l’origine, en conservant seulement la façade épargnée par l’incendie, avec ses 174 loges et 1100 places. Dans la salle ovale, le bleu, l'or et le rouge s'harmonisent avec somptuosité et élégance, comme au XVIIIe siècle et comme à Venise.
Sa construction en 1792 donne à Venise une place importante dans la vie lyrique internationale. Bellini, Rossini, Verdi, illustres compositeurs italiens du XIXème siècle ont créé leurs plus beaux chefs d’œuvre à la Fenice. Peu de temps après sa mort survenue au Palais Vendramin, les Vénitiens donneront pour la première fois en Italie Rienzi et le Ring de Wagner. Le XXe siècle accueillera Stravinsky et Britten.
Portrait de la Divina à la Fenice par Ulisse Sartini |
Des portraits de "la Divina" ornent les murs de l’opéra en mémoire des liens particuliers qui existaient entre Maria Callas et La Fenice. En effet, c’est le premier opéra d'Italie où les talents de la jeune diva explosent en 1947. Elle a 24 ans lors de Tristan et Isolde de Wagner et son interprétation lui ouvrira les portes des autres scènes lyriques italiennes.
Ensuite, elle alterne dans le même mois La Walkyrie, un des rôles les plus lourds, et Les Puritains, l'un des plus brillants du répertoire, soumettant sa voix à d'énormes tensions, apparemment sans efforts.
Elle reviendra à Venise de nombreuses fois jusqu’en 1954, avant de s’envoler vers sa carrière internationale à New York, Londres et Paris (et avant de perdre 30 kg). Elle y sera de mémorables Traviata, Lucia di Lammermoor et Medea. Et j’ai découvert qu’elle brillera dans une Norma d’anthologie le jour de ma naissance !
Les
archives se révélant insuffisantes pour la reconstruction, les architectes
firent appel au cinéma, notamment Senso de Luchino Visconti, tourné en 1954. La
première scène est filmée dans le décor réel de la Fenice lors d’une soirée
d’un opéra de Verdi, Le Trouvère. Ils furent également heureux de retrouver des
scènes coupées mais conservées du film Sissi.
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