En attendant Andrea Chénier

Le lyrisme dans tous ses états
19 janvier 2015 : Un poète mort sur l’échafaud à 32 ans au milieu de la tourmente révolutionnaire, voilà un sujet qui se prête aux embrasements lyriques. Lorsque la musique d’un lyrisme sublime fait s’enflammer cet hymne à la fraternité, à l’amour et à la mort libératrice, son effet est garanti sur les âmes sensibles. Et lorsque l’épreuve du feu incombe à Jonas Kaufmann, rare ténor capable de ferveur électrisante et d’incarnation saisissante, l’intensité devrait être à son comble.

Du 20 janvier au 6 février, le Royal Opera House de Londres présente Andrea Chénier de Umberto Giordano. La nouvelle production est confiée à David McVicar, Antonio Pappano est dans la fosse et l’aristocrate Madeleine de Coigny est interprétée par Eva-Maria Westbroek.

Meilleurs Voeux 2015


2014 fut un voyage riche en événements. Animés par la découverte de nouvelles émotions, nos chemins se rejoignent dans ces endroits merveilleux où le temps s’arrête parfois. Car, lors d’une soirée d’opéra riche en intensité, on a l’impression que la conscience du temps a disparu. Comme si le temps de l'harmonie et des émotions était un éternel présent.

Bonne année 2015 !

Petit retour sur le livre d’images 2014 dont la toute-puissance est intimement liée à la conscience d’une expérience unique.



Spécial Noël

Idées cadeaux 100% lyriques

Si certains d'entre vous sont toujours en panne d'inspiration pour les cadeaux à offrir à la famille et aux amis, un bon CD ou DVD reste encore une valeur sûre. 
Stop aux cadeaux inutiles, encombrants, pas vraiment réfléchis ni adaptés, pensez au destinataire du cadeau, à ses passions et à ses centres d’intérêt. Au moment de l’offrir, parlez de votre cadeau à celui qui le reçoit, cela l’aidera à apprécier encore plus ce présent sur mesure !
Voici quelques suggestions de CD et DVD d’opéra parus en 2014 qui ont séduit les mélomanes. Une sélection garantie sans prise de risque. 

Manon Lescaut de Puccini à Munich

Messagers des dieux de l’émotion


7 décembre 2014 : Dans un dernier frisson, le public respire à l’unisson de l’âme de Manon. Un dernier spasme et la détresse sans fond de Des Grieux nous laissent sous le choc d’un très grand moment d’opéra. 
Ce soir, l’art lyrique est servi par deux artistes en symbiose scénique et musicale. Jonas Kaufmann et Kristine Opolais sont les deux protagonistes principaux de la nouvelle production de Manon Lescaut de Giacomo Puccini au Bayerische Staatsoper de Munich. La fusion parfaite des timbres et des sensibilités, la générosité vocale du ténor et les vibrations pénétrantes de la soprano hissent l’intensité à un niveau rarement atteint. Ils sont les deux messagers des dieux de l’émotion auxquels la musique de Puccini a donné des ailes.


Hans Neuenfels installe sa Manon dans un univers elliptique gris-noir peuplé d’êtres stylisés avec leur chevelure fauve pour seule touche de couleur. Les humains, ce sont Manon et Des Grieux, évoluant dans cet univers signifiant de leur isolement émotionnel. Leurs costumes d’un classicisme romantique se distinguent du modernisme burlesque et coloré de l’ensemble.



Casanova Variations

Eparpillé façon puzzle…


24 novembre 2014 : John Malkovich se prépare à entrer sur la scène de l’Opéra de Lisbonne. Il interprète le rôle de…. John Malkovich qui joue à l’écran le rôle de Casanova durant ses dernières années, et en parallèle, le même rôle sur scène dans une dramaturgie de sa longue vie amoureuse qui associe ses Mémoires à des extraits d'opéras de Mozart. Pour le film dans le film, l’action se situe en Bohême, et pour l’autre partie, on est sur la scène de l'opéra São Carlos de Lisbonne, un écrin baroque du XVIIIe.

Ce subtil jeu d’histoires en miroir aurait pu devenir un film sublime mais pour moi, le charme n’a pas opéré: Michael Sturminger impose au spectateur une forme et un style qui installent progressivement la frustration d’une belle occasion manquée. Le travail d’acteurs et des chanteurs n’est pas en cause, c’est la réalisation. En jonglant entre différentes temporalités, celle du film et celle de la représentation théâtrale et lyrique, le réalisateur peine à assurer la fluidité des scènes. Plus gênant, pas une image sans tourbillons de caméra, pas de plan paisible où le regard pourrait s’attarder sur les visages (mis à part John qui est sur tous les plans) et les merveilleux décors…mal éclairés. Même Jonas Kaufmann est flou !

Les bienfaits de l'opéra sur le plexus solaire

Kaufmann, Florez et beaucoup d’autres…

Kristine Opolais et Jonas Kaufmann
Manon Lescaut au Bayerische Staatsoper
16 novembre 2014 : A peine la diffusion de Manon Lescaut achevée sur la Radio Bavaroise hier soir, j’en mesurais immédiatement les effets bénéfiques sur mon plexus solaire. Preuve qu’un flot d’harmonie quasi céleste peut réveiller l’être profond qui s’était endormi.
En premier, l’alchimie orchestrale de Giacomo Puccini a le pouvoir de nous inonder d’émotion pure. Et accompagnée par des voix d’une sonorité riche et vibrante, la musique se répand en nous à la manière de rayons solaires, évoquant joie et bien-être. Peut-être aussi qu’en laissant la musicalité de voix somptueuses nous envahir, sensations et souvenirs remontent à la surface. En ce sens, la musique nous invite à retrouver une forme d’émerveillement propre à l’enfance.
Cette nouvelle saison s’annonce riche et stimulante et donne envie de sillonner le monde. Certains soirs, il y a des lieux où le ciel de l’art lyrique est grand ouvert, où les dieux secouent la poussière dont il était couvert, où l’on peut assouvir sa gourmandise de lyrisme. A cet effet, j’ai préparé le petit agenda 2015 à l’usage des pigeons-voyageurs.

Tosca de Puccini à l'Opéra de Paris

Sous le signe de la croix

Tosca Acte 1 - Te Deum
25 octobre 2014 : L’Opéra de Paris n’avait pas produit de nouvelle Tosca depuis 20 ans. Après plus de cent représentations, l’antique production de Werner Schroeter disparaît de la scène. Curiosité légitime, la nouvelle production d’un des opéras les plus joués et aimés du répertoire était très attendue. Pierre Audi signe une mise en scène d’un classicisme chic, esthétique et lisse, qui s’inscrit dans l’époque décrite par le compositeur. A défaut d’être saisissante, cette production est soignée et convaincante. Elle remplit paisiblement son office, pas de transposition ni d’effets elliptiques ou clinquants, à deux dérogations près : une croix gigantesque omniprésente et la mort de Tosca.

Intrigue amoureuse et conflit politique s’imbriquent pour faire de Tosca un véritable thriller musical. Dès les premiers accords d’un éclat fracassant, Giacomo Puccini frappe fort. Coups de canon, de poignard et de foudre, les trois héros vont tous succomber à une mort violente. On s’incline devant le chant de Ludovic Tézier dont l’instrument se plie à toutes ses volontés. Martina Serafin incarne une Tosca frémissante et sage. Le timbre soigné et solaire de Marcelo Alvarez ne compense pas sa caricature du personnage de Mario Cavaradossi. 

Macbeth de Verdi au Met

Le sang dans les veines d'Anna Netrebko

Anna Netrebko et Zeljko Lucic
© Marty Sohl/Metropolitan Opera
13 octobre 2014 : Le Metropolitan Opera de New York vient d'ouvrir la septième saison de diffusion mondiale avec Macbeth de Verdi. L’occasion pour le public de découvrir cette production de 2007 d’Adrian Noble, le metteur en scène britannique qui fût longtemps Directeur artistique de la Royal Shakespeare Company. Fasciné par l’univers fantastique du grand Will, Verdi trouve la source de son inspiration dans la mystique écossaise du XIe siècle.  

Macbeth, c’est l’histoire de la frénésie meurtrière d’un couple avide de pouvoir, deux psychopathes dans leurs délires dirait aujourd’hui la psychiatrie. C’est aussi le seul opéra de Verdi dénué de toute histoire d’amour. Dans un clair-obscur oppressant, on assiste à la lente descente aux enfers du couple assassin. Un plateau prestigieux nous entraîne dans ce thriller gothique, amplement dominé par la stupéfiante Lady Macbeth d’Anna Netrebko, au côté de Zeljko Lucic dans le rôle-titre.

Les effets de la musique

D.R.
Musique et détente

11 octobre 2014 : La découverte scientifique de "L’effet Mozart" est devenue une légende. En 1993, des chercheurs ont pensé démontrer que le fait d’écouter du Mozart durant au moins 10 minutes par jour permettrait de développer certaines aptitudes telle que le raisonnement dans l’espace et une plus grande ouverture d’esprit. Les ventes de pianos explosèrent et les conclusions de cette "découverte" rejoignaient simplement celles de la musicothérapie en général.

S’allonger sur un divan et écouter des sons harmonieux peut changer notre état d’esprit. Des études sérieuses ont prouvé que le taux de l’hormone du stress chutait, provoquant une grande détente immédiate. On commence à comprendre pourquoi la musique influe sur nos émotions mais est-ce la même chose avec Mozart, Beethoven ou Wagner?